Il ne faut pas exagérer le danger présenté par l’hydrogène.
Après un incident (Penly, 07/06/2018), le communiqué officiel d’EDF a même été :
C’est un gaz certes inflammable, mais le stockage étant en extérieur, il n’y avait pas de risque.Dans les centrales électriques, l’hydrogène est employé pour refroidir les rotors des alternateurs. Ce n’est pas la seule solution possible. On pourrait très bien envisager des refroidissements au moyen d’autres fluides liquides ou gazeux. L’hydrogène a été adopté parce que sa capacité thermique massique est supérieure à celle de tous les corps chimiques existants. Elle est de dix fois supérieure à celle de l’air. Les alternateurs des centrales tournent donc en permanence sous une enveloppe d’hydrogène. Mais si l’hydrogène était vraiment aussi terrifiant qu’il est parfois présenté, on emploierait d’autres méthodes de refroidissement.
A concentration égale, l’hydrogène s’enflamme plus facilement dans l’atmosphère que le gaz naturel mais, comme il se disperse beaucoup plus vite, finalement, la probabilité d’inflammation ou d’explosion en atmosphère non confinée est moindre pour l’hydrogène que pour le gaz naturel. La flamme de la combustion de l’hydrogène est presqu’invisible, ce qui est un inconvénient, mais avec tout de même un bon côté : comme la flamme ne rayonne pas, elle ne provoque pas de propagation de l’incendie par rayonnement. Pour minimiser les risques, les bonbonnes d’hydrogène sont stockées à l’air libre.
Les fuites d’hydrogène sur les lieux de stockage dans les centrales nucléaires sont des incidents connus qui n’ont pas eu de conséquences graves :
- 12/05/2005 à Fessenheim,
- 12/11/2014 à Dampierre,
- 07/06/2018 à Penly.
- 08 décembre 2019 à Fessenheim.
12 mai 2005 à Fessenheim.
Fuite survenue dans un local du bâtiment des auxiliaires nucléaires due au desserrage par erreur d'un tronçon de tuyauterie véhiculant de l'hydrogène. La fuite a été arrêtée dans les 15 minutes qui ont suivi et n'a eu aucune conséquence.
Il s’agit d’une rupture de canalisation provoquant un dégagement important d’hydrogène. Donc,
ni explosion ni inflammation malgré un dégagement important d’hydrogène pendant 15 mn.
12 septembre 2014 à DampierreA 23 h 30, un bloc de purge situé dans le bloc de stockage des bouteilles, donc à l’air libre, est expulsé. Il était desserré et son filetage était usé. Le frottement lors de l’expulsion a provoqué un échauffement local suffisant pour enflammer le jet de gaz : flamme alimentée d’une longueur de 40 cm. La vanne d’alimentation est fermée par les pompiers à 1 h 30.
Un blessé léger. Blessure occasionnée par une chute.
La flamme pendant deux heures n’a provoqué aucun dommage.
7 juin 2018 à Penly
A 8 h 30, une alarme signale un échappement d’hydrogène dans zone de stockage, à l’air libre. La cause en est un détendeur défectueux. La fuite a été très rapidement maîtrisée par l’équipe interne d’intervention. Le SDIS s’est déplacé sans intervenir : arrivée à 9 h 14, départ à 9 h 31. L’incident n’a provoqué aucun dégât. Le service de communication de la centrale a précisé dans un communiqué : «
C’est un gaz certes inflammable, mais le stockage étant en extérieur, il n’y avait pas de risque ».
8 décembre 2019 à Fessenheim
Selon le communiqué d’EDF (
https://www.edf.fr/sites/default/files/ ... eg1037.pdf), une fuite a été détectée vers 10 h 30 sur le lieu de stockage, à l’air libre. La cause de la fuite n’est pas précisée. Elle a été arrêtée avec le concours du SDIS vers 11 h 30. Aucun blessé ni dégât.
Il s’agit de toute évidence de l’incident que vous avez relaté.
Les conclusions qu’on peut tirer de ces quatre incidents est qu’une fuite, même abondante et même après inflammation, n’est pas une catastrophe tant qu’il n’y a pas accumulation de gaz. Si le jet de gaz s'enflamme cela ne présente de risque que si la flamme est dirigée vers un objet susceptible de s'enflammer ou d'exploser.
La cause du dernier incident à Fessenheim est la panique, vraisemblablement favorisée au cours des formations et entraînements à la sécurité. Nous avions eu l’occasion de discuter des dangers de l’hydrogène dans une autre discussion où vous disiez :
Je manipule de l'hydrogène au boulot, la règlementation est très stricte pour le stockage de ce gaz qui est hyper-dangereux. Dans ma formation Chef de Secours, j'ai aussi eu droit à une approche du feu d'hydrogène.... En fait, on nous apprend comment le détecter pour qu'on envoie pas nos gars dans la zone dangereuse, pour le reste, on attend les pompiers. Alors qu'on nous a appris comment intervenir sur un feu de gaz (autre que l'hydrogène) ou un feu de fuel.Si on bourre le crâne du personnel d'exécution en lui disant que c’est hyper-dangereux, qu’il ne faut surtout pas y aller mais se contenter d’attendre les pompiers, on comprend qu’en cas d’incident tel celui du raccord qui saute, l’opérateur panique et parte en courant sans même fermer la vanne. Ce n’est pas l’hydrogène qui est dangereux, c’est l’attitude irrationnelle du personnel. Par personnel, j’entends toute la chaîne hiérarchique. Qu’a le SDIS que n’aurait pas le personnel de la centrale ? Je ne vois pas, si ce n’est peut-être que le pompier du SDIS est payé pour risquer sa vie et pas le salarié EDF.
En ce qui concerne les véhicules, il n’y a pas de raison de s’alarmer particulièrement. Il faut simplement éviter de les garer dans des endroits fermés non ventilés.
A part cela, EDF a créé une filiale, Hynamics, qui se propose de mailler le territoire en stations hydrogène à destination des véhicules lourds terrestres, ferroviaires ou fluviaux.
Je ne pense pas qu’il n’y ait que des gros nazes chez Bosch qui, après avoir raté le départ des batteries Li-ion, fonceraient dans l’impasse que représenterait l’hydrogène juste histoire de grapiller des subventions. Ils investissent parce qu’ils ont des éléments sérieux de croire que l’hydrogène a un bel avenir.