pierma a écrit:
Narduccio a écrit:
Je ne répondrais même pas sur cette émission à charge sur le barrage... Où il semblerait que le seul risque soit de mettre un peu d'eau dans une centrale nucléaire et qui fait bien peu de cas des populations et des industriels qui sont situés entre le barrage et les centrales .... Il y a des cuves remplies de produits qui causeront des ravages bien plus importants que ceux qui pourraient arriver aux centrales....
Non c'est plus grave que ça.
Je n'ai pas retrouvé le scénario de crise élaboré par EDF, mais il prévoyait que ça passait de justesse (à 6 ou 7 cm près) pour les 2 centrales en amont de Lyon (Le Bugey et une autre, que je ne connaissais pas...) mais il prévoyait paradoxalement la submersion de la première centrale en aval de Lyon. (L'article ne décrivait pas les dégâts envisagés sur cette centrale, mais je doute que ça puisse noyer le bâtiment réacteur et le circuit primaire, et je n'imagine guère qu'elle perde son alimentation externe.)
J'ai quelques doutes sur ces quelques cm qui éviteraient tout souci au Bugey, sachant que le scénario de crise prévoit la rupture successive de 4 barrages en aval de celui de Vouglans. (le profil de l'onde de submersion me paraît difficile à prévoir à 6 cm près.)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_de_Vouglans#Risque_de_rupture_du_barrageJ'ai vu les mêmes études pour Fessenheim ... Je ne peux pas juger celles que je n'ai pas vu, mais je sais qu'elles contiennent au moins 3 scénarios et qu'on privilégie chaque fois les scénarios qui maximalisent les risques. Le but de ces études est justement de faire en sorte que même dans le cas le plus grave, on sache maîtriser la sûreté de la centrale. Et EDF a investi "un pognon de dingue" dans le durcissement vis-à-vis des risques d'inondations qu'ils soient internes ou externes. Je vois les travaux réalisés à Fessenheim .... Si certaines communes faisaient les mêmes investissements techniques, elles pourraient sourire quand on annoncerait un risque orange ou rouge d'inondations .... Et les travaux continuent, malgré l'annonce de la future fermeture.
Ensuite, j'ai aussi compris qu'il y a des choses qui peuvent s'avérer très contre-intuitives. Par exemple, pour Fessenheim, dans le cas où le Rhin verrait son débit maximal passer au-dessus de 11 000 m3/s (sachant que le maximal historique serait de 8 à 9000 m3/s), le danger ne viendrait pas de l'eau du fleuve qui continuerait de s'écouler d'amont vers l'aval (et Fessenheim se trouve sur une espèce de petite butte presque invisible à l’œil nu, on ne l'a perçoit que si on sait qu'elle existe ...). Donc le site de la centrale apparaitrait comme un espèce d'ile entouré par les flots, et avec une remontée d'eau venant ... de l'aval. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, c'est ce que montrent les simulations. Mais, en fait, dès qu'on aurait l'avis que le débit monterait pour dépasser un certain niveau, on installerait des puissantes pompes sur le site, car le vrai risque c'est une inondation complète des sous-sols, voire même des sols de la centrale par l'eau de nappe qui serait expulsée suite à la pression hydrostatique de l'eau du fleuve ... Et cela, même si on vient d'une situation de sécheresse avec un niveau relativement bas de la nappe. Une histoire de vase communicants.
On a donc creusé des puits tout autour de la centrale où on pomperait de l'eau pour la rejeter au-delà des digues. Le but de ces puits, dont le prix est plutôt élevé pour une utilité dont la probabilité est extrêmement faible, est de faire baisser la pression hydrostatique en créant des zones de dépression qui devraient attirer les flux d'eau et empêcher l'eau de remonter sur l'emprise de la centrale. Quand on nous a présenté cela, nous avons été très sceptiques. Mais voilà, EDF a accepté de payer les travaux sans rechigner, alors que quasiment rien n'a filtré dans la presse. Comment dire, le dossier a bien été présenté en son temps à la CLIS, et donc aux associations antinucléaires qui y siègent, mais ils avaient d'autres os à ronger...
Au fait, maintenant qu'ils ont obtenus la quasi-certitude de la fermeture de Fessenheim, les attaques contre Bugey vont augmenter, elle est devenue la cible à abattre ... et tant pis si ce n'est pas la centrale la moins sûre, c'est sur elle que vont se concentrer les attaques des antinucléaires. Et ils s'en foutent totalement que leurs arguments soient entachés d'erreurs. Ils pensent que la "légitimité " de leur combat excuse l'utilisation de n'importe quelle méthode...
Je tiens à préciser, ces études ne sont pas faites sur un coin de table. Les méthodes a appliquer pour réaliser l'étude ont été analysées en préalable par l'INRS, ce sont les experts technologiques et scientifiques sur lesquels se repose l'ASN. Et il est assez courant que les experts d'EDF ou d'Areva et ceux de l'IRSN ne sont pas d'accord. Une fois que les conditions, que les codes des simulations et les données à prendre en compte aient été validées par l'ASN, sur avis de l'IRSN, les simulations ont eut lieu. Ensuite, les résultats sont examinés par des experts (ceux d'EDF, et ceux de l'IRSN). Parfois, on relance des études. C'est arrivé, et à ma connaissance, ce fut toujours en cherchant à maximiser les résultats. Il arrive souvent qu'on apprenne que telle étude à montré que tel risque était faible, voire nulle .... mais qu'on allait refaire l'étude en changeant les paramètres. Puis parfois, on apprend que la modif se fera quand même, l'IRSN pendant que le risque est plus élevé que celui démontré pour l'étude. Il arrive aussi que les études montrent qu'en fait on avait mal pris en compte ce qui se passerait en cas de survenue du risque. De nombreux experts pensaient une remontée 'eau de nappe dans le cas de Fessenheim comme étant impossible...
Une fois les résultats de l'étude acceptée par l'IRSN, et donc par l'ASN. EDF discute avec l'ASN pour voir les parades à mettre en place. Comme pour le "post-Fukushima", elles sont souvent de plusieurs ordres : matérielles, organisationnelles, préventives et si cela ne suffit pas curatives. Elles se divisent souvent dans un calendrier à 3 phases. Avec des mesures mises en places dès que possible pour pallier à la survenue du problème. Puis un train de mesures à mettre en place rapidement. Et un second train de mesures "définitives" palliant au risque et permettant parfois de relaxer les mesures mises en places lors des 2 premières phases ... Parfois, mais assez rarement en fait. Puisqu'elles sont en place, pourquoi les supprimer, même si leur utilité d'être se justifiait moins depuis la mise en place des dernières mesures .... Mais, il faut que les personnels restent mobilisés, n'est-ce pas ....