Moujik Looping a écrit:
Le premier point qui m’a laissé dubitatif concerne le lien qu’il établit entre le respect des règles et le rejet de la contrainte.
De ce que je comprends, c'est que le libéralisme s'appuie sur les droits de l'homme, conçus comme une liste de permissions qui, à la fois, permettent pour les humanistes qui les ont recensés et listés de rendre l'ensemble des hommes heureux (ou une majorité d'humains heureux, à l'exception de ceux qui souhaitent les violer par intérêts personnels et collectifs) et en même temps garantissent empiriquement (en suivant l'Histoire et la géographie de l'époque) le meilleur développement socio-politique pour tous (ou toujours, un effectif optimum d'humains, le libéralisme se fonde en cela sur l'utilitarisme).
Ces droits/permissions/autorisations constituent un contrat social et, dès lors qu'il est ainsi accepté, sont imprescriptibles entre ceux qui les respectent. En revanche, ils ne concernent nullement ceux qui sont condamnés pour les avoir violés ou qui les violent de manière flagrante (allez, je prends un exemple, un délinquant, une invasion étrangère), puisque ceux-ci dénoncent ce faisant le contrat social sus-mentionné.
Il s'agit donc d'une tyrannie de ces droits, d'une imposition extrémiste de ces droits, tels que conçue durant les indépendances hollandaise ou américaine, ou la révolution française (un délinquant, un ci-devant ou un soldat étranger n'y ont aucun droit-de-l'homme et sont d'ailleurs traités comme tels).
Donc les libertés, ce sont ces droits-là.
Mais refus des contraintes : dans le cadre de ces libertés, toute dérogation à ces libertés est théoriquement perçue comme anti-libérale. A titre personnel, j'ajoute ceci :
1. les droits ne sont pas des capacités ; c'est hyper important car des progressistes ont avancé au XIXe siècle qu'un droit sans capacité ne valait rien, par exemple le droit de se loger n'est rien si je n'en ai pas les moyens ;
2. à partir des capacités, les droits ne sont pas des dus ("droits-opposables") ; c'est encore plus important car la liberté, par exemple, de se loger ou de travailler n'induit pas que les autres me doivent un logement ou un travail, ils me doivent uniquement la permission de me loger ou de travailler ;
3. il s'ensuit que pour un véritable libéral, la transformation dans nos langages courants et nos acceptions de "droits" en "capacités" ou en "dus" est une imposture intellectuelle, morale et politique.
Il s'ensuit que, théoriquement, tout "dû" et tout respect de droits de personne dénonçant ces droits sont antilibéraux.
Moujik Looping a écrit:
Le deuxième point problématique concerne le rapport à la morale. Il en appelle à répétition à l’éthique du libéralisme, condamne les politiciens qui n’ont pas de principe moraux (en soutenant François Fillon, excusez du peu) affirme que le libéralisme est le seul véritable humanisme. Pourtant il affirme aussi que «Friedrich Hayek définit le libéral comme celui qui « laisse le changement poursuivre son cours même si l'on ne peut pas prévoir où cela conduira »….
Je suis d'accord avec vous, c'est du blabla politicien et moraliste, peut-être une manière pour l'auteur d'éviter un des travers du libéralisme : il est amoral ; pas immoral, juste amoral.