Aigle a écrit:
Revenons aux fondamentaux
Chaque année le Trésor français emprunte 220 milliards d euros.
90 servent à couvrir le déficit budgétaire (320 milliards de dépenses et 230 de recettes).
130 servent à rembourser les emprunts précédents arrivés à échéance. La dette totale approche 1900 milliards. Le pib annuel est de 2000 milliards.
Le taux est maintenant légèrement négatif pour les émissions à court terme. Il est de 0,2 pour les titres émis à 5/10 ans. Bref cette nouvelle dette ne coûte rien ...à peine 400 millions par an ! L ancienne est plus chère (près de 40 milliards par an).
Vous avez raison, revenons aux fondamentaux.
(j'avais en tête des chiffres catastrophiques, je vous remercie de les actualiser.)
Désolé de doucher votre enthousiasme, mais je relève une possible contradiction : cette nouvelle dette ne coûte rien, dites-vous ? quand on dérape de 90 milliards chaque année (soit en gros 30% du budget de l'état) ça coute 90 milliards. On ne peut espérer continuer éternellement à s'endetter à ce rythme sans devoir un jour ou l'autre avoir à rembourser cette dette, ou au moins à la réduire. Or pour la réduire, il faudra commencer par supprimer le déficit, avant de rembourser le moindre centime. La facture dépassera donc 90 milliards annuels. On parle ici d'augmenter les recettes de 40%, avant tout rattrapage sur la dette.
Sachant que le budget de l'état représente un peu plus de 30% du PIB, on est en train de parler de le monter à 42% du PIB, toujours avant tout rattrapage. (
Source.)
Si vous savez comment comment on pourrait augmenter les recettes fiscales de 40% (davantage, si on souhaite réduire la dette) vous avez une capacité dont je suis dépourvu. (Au passage, cela induirait de monter les dépenses publiques à 68% du PIB - elles sont à 56% actuellement - ce qui est simplement fou.)
Pour mémoire, l'Italie a dû se mettre en devoir de réduire son déficit, il y a deux ou trois ans, alors que sa dette avait atteint 110% du PIB. J'ignore quel était son déficit, mais pour la France je n'arrive pas à me satisfaire de voir l'Etat emprunter 10 milliards chaque fois qu'il en dépense 30. Je sais trop que nous sommes déjà à l'os, et je ne vois pas comment on pourrait encore augmenter la pression fiscale sans tout casser.
Mais vous avez raison, en revanche, les nouveaux emprunts ne coûtent rien
en intérêts. C'est ce qui explique qu'on se félicite chaleureusement de pouvoir "s'endetter pour rien". Hors je trouve que les chiffres que j'ai cités plus haut ne prêtent en rien à l'euphorie, et qu'on devrait au contraire se demander jusqu'à quand on pourra continuer à jouer ce jeu là.
Quousque tandem ? Avec un PIB à 2000 Md€, et un déficit de 90 Md€, en comptant 400 M€ d'intérêts supplémentaires, la dette progresse annuellement de 5% de PIB, à la louche, et nous sommes à 95% du PIB.
Je ne prédis pas l'apocalypse, je néglige la progression du PIB, je compte également que nous bénéficions d'un capital de confiance supérieur à l'Italie, mais enfin, sans sortir la boule de cristal, je dirais que notre déficit s'approche d'une ligne de crête difficile, d'autant que nos fondamentaux ne sont pas fracassants.
Mais vous allez me trouver un tempérament inquiet ? C'est possible, mais enfin je ne vois pas que la France fasse preuve d'un dynamisme économique sans faille. D'ici 4 à 5 ans, nous saurons exactement quelle est notre trajectoire, je pense.
Au passage, il est heureux qu'il y ait des nations sages en Europe, parce que vu l'endettement de nombreux pays, c'est l'Euro qui finirait par causer des soucis. (l'Euro est sous parapluie allemand et scandinave, en quelque sorte. Donc nous aussi.)