Aigle a écrit:
Pour ma part je ne dis par merci à Mitterrand ni à Chirac ni à tous ceux qui depuis 1981 ont cru qu'on pouvait durablement vivre avec un déficit annuel de 3% du pib
Je me souviens d'un documentaire qui faisait l'historique de la naissance de cette ânerie.
Mitterrand avait demandé à ses conseillers, et aux finances, de trouver une représentation, un ordre de grandeur facilement compréhensible, pour illustrer le déficit budgétaire. (En 84, j'imagine, je ne crois pas qu'il s'en soit soucié avant...)
Evidemment, j'imagine que le pourcentage de déficit était loin d'être sexy. C'est donc un de ses conseillers qui a proposé : "on pourrait parler de 3% du PIB ?" (C'était le montant effectif cette année-là.) L'idée du siècle : on allait pouvoir évoquer un déficit catastrophique à l'aide d'un chiffre plein de modération, et dont les 3/4 des électeurs ne saisiraient pas la portée. La connerie a connu le succès que l'on sait, elle a ensuite été utilisée - parce que les Français ne parlaient plus autrement - comme critère de convergence pour Maastricht, et reste un seuil de référence pour l'UE.
Ainsi le grand public français s'estime aujourd'hui très heureux de ce chiffre ridiculement bas, 3%, sans trop réaliser que c'est du PIB que l'on parle (et en rien de 3% de déficit du budget, confusion courante) et comme en France on pense que l'argent public pousse sur les arbres, nombreux sont ceux qui reprennent les réclamations démagogiques qui exigent qu'on dépasse sans complexe ce chiffre arbitraire. Arbitrairement bas, selon certains.
Plus de la moitié des Français tomberaient de l'armoire si on leur expliquait que le déficit de l'état est de 30%. Ou pour reprendre l'image que j'ai employée :"L'état emprunte dix milliards chaque fois qu'il en dépense trente." (je pense que les politiques ne lèveront le voile que lorsque ce sera devenu un vrai problème. Qui aujourd'hui voudrait être le messager des mauvaises nouvelles ?)
Ainsi depuis 35 ans, nous vivons avec ce chiffre ridicule, 3% du PIB, inventé pour ne pas choquer en dévoilant les finances de Louis XVI.
Citation:
Mon propos n'était pas de démontrer que ce n'était pas grave mais d'expliquer qu'un grand Etat moderne ne peut quasiment pas se trouver en défaut de paiement.
Là je suis tout à fait d'accord.