Méandre a écrit:
Citation:
Une théorie du complot
A mon sens, il s'agit uniquement d'une évolution des comportements avec les répercussions qu'elle occasionne.
C'est à propos de tout autre chose que j'ai parlé, en souriant, de théorie du complot.
Méandre a écrit:
C'est une théorie comportementale vous dis-je
Votre théorie postule que le harcèlement rend malade. Je vous confirme qu'elle est exacte.
(Surtout s'il est prôné comme une méthode de management acceptable.)
Je lis plusieurs messages concernant France Télécom qui mettent en cause l'incapacité de ses salariés à s'adapter. Je trouve ces considérations pénibles, faute d'être motivées. C'est du discours habituel sur les fonctionnaires qui seraient incapables de travailler comme les autres. Or la réalité est bien différente.
Pour avoir participé à des missions d'organisation bien avant et un peu après la privatisation, je peux apporter quelques éléments :
- le personnel ancien de France Télécom est habitué au changement. Depuis 1945 ils ont réussi au moins une révolution technique tous les 10 ans, et depuis 1990 ça n'arrête pas. Or c'est dans leur culture et pour eux ça fait partie du métier. Techniquement, ils tiennent la route. (le simple passage à la numérotation à 10 chiffres, qui peut paraître anodin, a constitué une opération de basculement technique, comparable à une migration informatique, où le sang-froid des techniciens ne m'a pas paru inférieur à celui d'une société privée.)
- Ce personnel avait le statut de fonctionnaire et était fortement syndicalisé. Même si les blocages syndicaux y prenaient parfois un tour pénible, la nécessité de suivre les évolutions techniques limitait largement les excès du phénomène. De plus, avant même la privatisation, j'ai pu constater que l'encadrement ne se laissait pas impressionner et que les évolutions nécessaires se faisaient. (FT a toujours eu une certaine culture d'autorité)
- Après la privatisation, les fonctionnaires sont restés fonctionnaires. Mais toutes les nouvelles activités (essentiellement Wanadoo et Orange) ont été créées, avant la privatisation, comme des filiales n'embauchant que sous contrats privés, à moins qu'on ne prenne la candidature interne de personnel fonctionnaire volontaire et motivé. - surtout pour l'encadrement.
- Ces filiales ont porté tout le poids de la concurrence très vive sur les nouveaux marchés. Encore aujourd'hui, France Télécom traîne les sureffectifs de la situation antérieure, de sorte que ce sont les nouveaux embauchés qui doivent faire de la productivité pour 2.
- Comme il ne peut pas y avoir deux sociétés dans une, FT commercialise désormais sous une seule marque (Orange) et il y a gros à parier que "l'ancien FT" et les filiales sont en cours de fusion et de rationalisation.
France Télécom perd peu à peu tous les avantages que lui valait sa situation d'opérateur historique, et ne pourra pas justifier éternellement, par exemple, que son offre ADSL soit 50% plus chère que celle de Neuf ou de Free.
Il reste le réseau téléphonique classique (le RTC, qui d'ailleurs est passé à la fibre optique) où FT est un service public facturant ses prestations aux autres opérateurs. Le reste doit se mettre au standard de productivité de Neuf, SFR, Free, Bouighes, etc... qui n'ont pas, eux, d'historique à gérer et aucun salarié disposant de la grille salariale des fonctionnaires.
- Dans un tel contexte, il est probable que la pression est générale et porte sur l'ensemble du personnel, même si les salariés sous contrat privé ou précaire sont forcément plus sensibles ou plus exposés.
Tout ça pour dire que je n'aimerais être ni le PDG de France Télécom ni un de ses salariés et que l'explication zoologique par "les fonctionnaires qui ne savent pas s'adapter" me paraît un peu courte.