Barbetorte a écrit:
Or, dans ces deux conférences, on ne se pose à aucun moment la question d'une inflexion de politique économique. On se contente d'insister sur le caractère inéluctable d'une catastrophe à venir et l'on se garde bien de laisser penser que la situation pourrait évoluer de façon moins dramatique. C'est tout simplement parce que les deux conférenciers vendent la catastrophe. La première, Simone Wapler, représente les éditions Agora qui publient une vingtaine de périodiques sur différents types de placements financiers, Simone Wapler étant spécialisée sur les métaux précieux et les matières premières. Le second représente une société vendant lingots et pièces d'or et d'argent et louant des coffres. Ces deux personnes ne sont pas des économistes faisant un exposé scientifique, ce sont des commerciaux faisant de la propagande commerciale pour leurs produits. Simone Wapler annonce l'apocalypse depuis des années. Celle-ci ne venant pas, elle admet maintenant que "cela peut durer longtemps" mais que cela finira par s'écrouler. Car il faut maintenir le prospect dans l'inquiétude afin qu'il n'ait plus confiance en son banquier, qu'il achète les conseils de la société Agora et qu'il achète de l'or physique à la société Aucoffre.com et lui en confie la garde. Simone Wapler annonce que l'euro ne passera pas l'année 2015. Prédiction à la Pacco Rabanne : l'euro n'est pas réellement menacé.
Oui, je partage vos réserves.
Barbetorte a écrit:
Ce que je trouve agaçant est le dénigrement systématique de John Maynard Keynes. Non seulement il a été un théoricien reconnu mais encore, et surtout, il a été aux affaires et il s'en est plutôt bien sorti. On lui doit notamment une conception immatérielle de la monnaie : la monnaie est une confiance en l'avenir, ce n'est pas une quantité d'or.
Plus je m'intéresse aux mécanismes économiques, plus je le trouve à la fois auto-prophétique (il fait ce qu'il annonce et les gens le suivent) et plus je trouve les gens qui pensent l'imiter contre-productifs. Je ne sais même pas si Keynes croyait à ce qu'il disait. Une espèce de manipulation intellectuelle bienveillante et pas trop dupe d'elle-même. "Faites ce que je dis, ça ira mieux ; vous fîtes ce que je dis, j'avais bien raison."
Néanmoins, de la sorte, il contrôle une partie pourtant immatérielle de l'économie, la confiance. Cela a-t-il un prix ?