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 Sujet du message: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Dim 12 Mai 2019 21:33 
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Lu sur ce blog : https://www.monfinancier.com/il-y-a-un- ... 28928.html

"Taux de chômage. États-Unis 3.6% (au plus bas depuis 50 ans). Japon 2.5% Grande Bretagne (malgré le Brexit) : 3.9% Allemagne : 3.2% et France ... 8.8%! Il y a problème non ?

J’AI TOUT ENTENDU Pendant des années. Toutes les explications. Toutes les excuses. En Allemagne, il n’y a que des petits jobs, En Grande-Bretagne des emplois low-cost, Aux États-Unis ce n’est pas de l’emploi c’est de l’esclavage Et au Japon tout est de la faute des anti-immigration. Pour chaque pays, les économistes affiliés aux politiques nous ressortent la même salade. Mais là c’est plus difficile. Parce que de plus en plus de pays développés sont en situation de plein-emploi. Que la part des emplois à temps plein explose. Que les salaires augmentent. Difficile de critiquer systématiquement et de trouver des excuses. Notre taux de chômage est deux à trois fois plus élevé que celui des autres pays développés. On ne peut plus se contenter d’excuses bidons."


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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Lun 13 Mai 2019 08:02 
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Encore un petit coup de "France bashing", on a l'habitude !!
:twisted: :twisted: :twisted:
Il faut aussi savoir qu'en France l'indemnisation du chômage est l'une des + généreuse du monde, même si il est vrai que la croissance dans les années 2010 a été nettement plus faible qu'en Allemagne ou qu'aux États-Unis.

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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Lun 13 Mai 2019 13:23 
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Je n'ai pas lu l'article, mais les faits sont têtus : la France est coincée depuis 30 ans dans le chômage de masse.

Des causes multiples, certainement, mais je pense qu'on a un vrai souci avec nos entreprises : pas assez d'entrepreneurs, pas de capital-risque, pas de soutien des banques aux PME, etc... (Accessoirement je trouve que les patrons français ne sont pas très bons, il faut avoir le courage de le dire.)

900 usines perdues entre 2007 et 2015... (ça supposerait, soit pour les garder soit pour compenser, un dynamisme managérial que nous n'avons pas.)


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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Lun 13 Mai 2019 17:06 
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Citation:
pas assez d'entrepreneurs,

La France a un très bon taux de création d'entreprise, supérieur à celui des USA

Citation:
(Accessoirement je trouve que les patrons français ne sont pas très bons, il faut avoir le courage de le dire.)

Oui beaucoup se plaignent constamment, de l'excès des charges sociales, de la bureaucratie, des syndicats, du nombre excessif de fonctionnaires, des politiques, de la concurrence étrangère, etc...
Dans les années 1980, les communistes parlaient des "pleureuses du CNPF"
Beaucoup de patrons sont pessimistes, ont peur d'embaucher, d’ailleurs ont comme grande revendication qu'on facilite les licenciements.
On trouve rarement en France ce modèle de patron américain comme Jeffrey Bezos ou Steve Jobs qui développe son entreprise à toute vitesse.
Maintenant qui veut-être patron ?
;)

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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Lun 13 Mai 2019 19:50 
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Pouzet a écrit:
Citation:
pas assez d'entrepreneurs,

La France a un très bon taux de création d'entreprise, supérieur à celui des USA


ça c'est à regarder de près. Quand on voit le taux de rotation de certains emplacements commerciaux...
J'ai en mémoire le chiffre de 2007, année faste pour l'immobilier, où un copain me disait : "Oui, il y a eu 20 000 créations d'entreprises cette année, mais le premier poste ce sont les agences immobilières."

Une entreprise qui démarre c'est fragile, 1 sur 2 ne passe pas le cap des 3 ans, l'environnement - le terreau - compte énormément, et là dessus nous ne sommes pas très bons.
Tous les entrepreneurs, les vrais, se plaignent de perdre 30% de leur temps en conneries. (administratives, essentiellement.) Le second souci est le financement, suivi du recrutement.

Citation:
Citation:
(Accessoirement je trouve que les patrons français ne sont pas très bons, il faut avoir le courage de le dire.)

Oui beaucoup se plaignent constamment, de l'excès des charges sociales, de la bureaucratie, des syndicats, du nombre excessif de fonctionnaires, des politiques, de la concurrence étrangère, etc...
Dans les années 1980, les communistes parlaient des "pleureuses du CNPF"
Beaucoup de patrons sont pessimistes, ont peur d'embaucher, d’ailleurs ont comme grande revendication qu'on facilite les licenciements.

Vous mélangez tout. Je ne suis pas le PCF, une partie de ces "plaintes" est à considérer, l'autre fait partie d'une défense corporatiste bien rodée, mais ce n'est pas mon propos.

Je mets en cause le niveau de compétences des patrons. J'en ai fréquenté beaucoup en faisant du conseil, patrons fondateurs comme patrons managers, et franchement je compte sur les doigts de la main ceux qui m'ont impressionné. Quelques fondateurs, essentiellement, qui vraiment avaient les épaules. En revanche, qu'est-ce que j'ai pu voir comme PDG sortis d'une grande école et qui manquaient d'épaisseur humaine...

Toutes choses égales par ailleurs, je pense qu'il y a un souci sur ce point précis. Ajoutez-y l'absence de culture du consensus, en France, et vous avez des gestionnaires, mais pas des leaders.

Citation:
On trouve rarement en France ce modèle de patron américain comme Jeffrey Bezos ou Steve Jobs qui développe son entreprise à toute vitesse.

On n'a pas en France l'équivalent de ce mélange pétillant où des étudiants sont appuyés par leur université pour valider une idée, se lancent là-dessus, et trouvent du financement en capital-risque sans difficulté, les investisseurs faisant un pari sur une tentative qui échoue 2 fois sur 3. On ne sait pas faire, on n'a pas les investisseurs, (la vitesse de développement vient de là : ils grandissent vite mais le financement suit sans rechigner) alors qu'on a autant d'idées qu'ailleurs.

Parce que franchement, Jeff Bezos, excusez-moi mais il n'a jamais cassé trois pattes à un canard ! L'idée de monter une librairie en ligne, franchement, ce n'est pas le scoop du siècle. (en 98 Amazon était cotée à 1000 fois son CA... et perdait de l'argent !)

En réalité, il a mis dix ans - avec l'aide de consultants - pour se rendre compte que son véritable métier n'était pas la librairie mais la logistique. (Ce que les "génies" de la "netéconomie" appelaient de façon méprisante le "back-office" : l'arrière boutique.)

Mettre des livres en ligne, tout le monde sait faire. Le point décisif c'est de les livrer partout à un prix concurrentiel et dans des délais raisonnables. Et là on parle de performance logistique, donc d'entrepôts et de préparation de commandes.

Amazon a désormais les meilleurs qui soient. (Où vous n'aimeriez pas travailler, mais c'est un autre débat.) Le miracle est que ses financeurs ne l'aient pas lâché pendant les 20 ans où il a péniblement réussi à atteindre le seuil de rentabilité. ça en France ça n'existe pas, mais il faut prendre en compte la taille du marché US et les perspectives que ça ouvrait.

Et maintenant qu'il dispose de cet outil... hé bien il vend de tout ! Et il commence en prime à tailler des croupières à la grande distribution avec ses supermarchés sans caisses. En gros il n'a plus qu'à se baisser. Position dominante. (mais aucun doute, il est bien conseillé.)

La part de la créativité de Jeff Bezos, là-dedans ? Ne me faites pas rire ! Il a été le premier sur l'idée "Amazon=librairie virtuelle" et il a su la vendre aux investisseurs mieux que les autres. Rien de plus, rien de moins.
Citation:
Maintenant qui veut-être patron ?
;)

Là vous marquez un point ! :mrgreen:


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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Mar 14 Mai 2019 08:17 
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Citation:
On ne sait pas faire, on n'a pas les investisseurs

Oui les français sont très réticents à investir dans les start-up cotées en bourse et on peut les comprendre !
Il est très difficile de gagner de l'argent en bourse !

Citation:
Parce que franchement, Jeff Bezos, excusez-moi mais il n'a jamais cassé trois pattes à un canard ! L'idée de monter une librairie en ligne, franchement, ce n'est pas le scoop du siècle. (en 98 Amazon était cotée à 1000 fois son CA... et perdait de l'argent !)


Bezos est tout de même devenu l'homme le + riche du monde avec une fortune de 160 milliards de $ (dont il perdra une bonne partie quand il va divorcer bientôt )
Il faut le faire !
C'est sûr que l'idée de vendre sur internet est simple, mais le problème c'est l’exécution !
Depuis 25 ans des centaines de milliers d'entrepreneurs ont monté des sites de commerce en ligne, aucun n'a réussit comme Bezos !

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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Mar 14 Mai 2019 14:03 
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Pouzet a écrit:
Bezos est tout de même devenu l'homme le + riche du monde avec une fortune de 160 milliards de $ (dont il perdra une bonne partie quand il va divorcer bientôt )
Il faut le faire !
C'est sûr que l'idée de vendre sur internet est simple, mais le problème c'est l’exécution !
Depuis 25 ans des centaines de milliers d'entrepreneurs ont monté des sites de commerce en ligne, aucun n'a réussit comme Bezos !

Pour la fortune, quand vous atteignez ce que les Américains appellent une "corner position", donc une position hégémonique, l'argent coule à flots.

On a le même cas avec Bill Gates, qui a réussi à imposer un quasi-monopole de Windows. Mais Bill Gates est d'une autre stature. Au début des années 80, je me souviens qu'on se ruait sur les - rares - interviews de Bill Gates sur 01Informatique : il avait une vision unique de l'évolution des marchés de l'informatique, des gros systèmes jusqu'aux PC, toujours passionnante. (Par exemple, il disait à cette époque, à l'envers de la mode, que l'informatique familiale n'était pas pour demain. "Personne n'achètera un PC juste pour faire ses comptes sur Excel. Ce marché ne démarrera que quand la puissance des PC sera suffisante pour faire tourner des jeux réellement intéressants et interactifs.")

le duo Apple (Steve jobs et Steve Wozniak) était nettement plus créatif techniquement - ils ont sorti un interface graphique avec une souris plus de 10 ans avant Microsoft, dont le DOS était une plaie - mais moins visionnaire.

Jeff Bezos je maintiens. La fortune n'est pas un critère de créativité (la preuve par Trump, ça vous va ? :mrgreen: ) Son vrai talent est d'avoir su vendre ses perspectives à terme à ses financeurs, et de les conserver.

J'ai été un peu injuste en disant (mais c'est exact) qu'il avait mis 20 ans à atteindre un début de rentabilité : cela s'explique. En réalité, une fois compris le rôle critique de la logistique - et je maintiens qu'il y a mis le temps - il était équipé pour prendre le marché, et là il a préféré continuer d'investir et de se développer : l'idée c'est que dans un marché qui s'ouvre il faut prendre le maximum de parts de marché pour devenir LE fournisseur de référence.

Il avait un modèle évident : Google, qui a réussi à se sortir d'un paquet d'une dizaine de moteurs de recherche, pas plus mauvais à la base, en investissant pour être LE moteur de référence, présent sur toutes les pages d'accueil des portails, par exemple. (il y a un effet "mouton", sur Internet.)

Donc il a continué à installer des centres logistiques partout (désormais son arme absolue) à se battre sur les prix, et à mettre le paquet sur la pub. La condition sine qua non était d'avoir et de garder la confiance de ses investisseurs, et ça il a su le faire. (Et il est évidemment son propre actionnaire, à un bon niveau, ce qui explique sa fortune personnelle. j'ignore comment il s'y est pris, pour ça.)

Mais bon, vous voyez pourquoi, de tous les milliardaires du Net - il n'y a pas que les GAFAM - il est à la fois le plus riche (et c'est pas fini)... et celui qui m'impressionne le moins.


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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Mar 14 Mai 2019 17:03 
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Citation:
La condition sine qua non était d'avoir et de garder la confiance de ses investisseur


Oui il a pu survivre à l'effondrement de la bulle internet qui s'était formée à la fin des années 1990.
J'ai personnellement investit de l'argent dans les actions AMAZON en 1998 et en 1999.
Bien m'en a pris j'ai gagné plusieurs milliers de $, mais hélas j'ai ne pas gardé assez longtemps ces actions, j'ai trop vite revendu.
Bezos a versé très peu - voire aucun - dividendes à ses actionnaires, il a tout réinvestit en prenant de très gros risque et en acceptant de perdre de l'argent au début.
Amazon a échappé de peu à la faillite.
Mais depuis l'entré en bourse d'Amazon en 1997, le cours en bourse a été multiplié par plus de 360.
En France les patrons du CAC 40 préfèrent verser de copieux dividende plutôt que de réinvestir les profits et d'avoir une forte croissance.
C'est dommage.

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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Mar 14 Mai 2019 22:52 
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Pouzet a écrit:
Citation:
(Accessoirement je trouve que les patrons français ne sont pas très bons, il faut avoir le courage de le dire.)

Oui beaucoup se plaignent constamment, de l'excès des charges sociales, de la bureaucratie, des syndicats, du nombre excessif de fonctionnaires, des politiques, de la concurrence étrangère, etc...


L'avantage de vivre près de la Suisse, c'est d'être en contact avec un certain nombre de travailleurs frontaliers. D'après les patrons français, le coût horaire du travail en France serait trop élevé. Mais, je connais des frontaliers qui travaillent en Suisse, et leur salaire net est supérieur au salaire brut en France, charges sociales comprises... Bien sûr, je sais qu'ils sont à 42 heures par semaine. Mais, sortez les calculettes, leur taux horaire est supérieur au notre ... Quant à la productivité... j'ai cru comprendre que pluseirus études placent les français aux premières places européennes.

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 Sujet du message: Re: Retour au plein emploi ?
MessagePosté: Mer 15 Mai 2019 00:02 
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Pouzet a écrit:
En France les patrons du CAC 40 préfèrent verser de copieux dividende plutôt que de réinvestir les profits et d'avoir une forte croissance.
C'est dommage.

Ceux du CAC40 et les autres. Le sous-investissement français me semble dramatique.

On en arrive à cette aberration que les 20 milliards € du CICE, une aide colossale - mais distribuée à toutes les entreprises, y compris celles qui n'en ont pas besoin, ce qui n'est pas très pertinent - partent pour partie en dividendes. (mais je n'ai aucun chiffre là-dessus, soit parce que les politiques publiques ne sont jamais évaluées - une longue tradition bureaucratique - soit parce qu'on préfère ne pas l'afficher.)

Je me demande d'ailleurs si le CICE n'est pas passé cette année à 30 Md€, si quelqu'un peut confirmer ou infirmer ?

Mais tiens, parlons-en du CICE... D'abord il a été mis en place sous Hollande, en tant que décote à l'impôt sur les bénéfices. Oui, vous avez bien lu : il permettait uniquement de majorer les bénéfices... pour les entreprises qui en faisaient.
Je pourrais souligner l'ineptie qui consiste à aider... uniquement celles qui n'en ont pas besoin, mais examinez bien l'effet d'aubaine ouvert par ce dispositif, pour une entreprise qui arbitre ses choix d'investissement au 3ème trimestre.

(On va rester sur un bouclage des comptes annuel, mais en réalité les entreprises peuvent désormais boucler leur comptes, à leur choix, soit fin décembre soit fin mars : cela permet de ne pas filer un travail de fou aux comptables lorsqu'il y a une saisonnalité de l'activité, spécialement quand elle est centrée autour de Noël. Il faut savoir que les entreprises d'informatique gros et mini systèmes, lorsqu'on bouclait fin décembre uniquement, faisaient 90% de leur chiffre d'affaire en décembre ! - J'ai débuté, comme ingénieur, chez Bull dans les années 80, donc gros systèmes. La raison ? Beaucoup d'entreprises, plutôt que faire des bénéfices et donc de payer 30% d'impôts dessus, à l'époque, investissaient avant bouclage des comptes, et forcément un gros ordinateur - augmenter sa puissance de calcul - ça pouvait être commandé avec une date de livraison raisonnable, le paiement se faisant avant la fin décembre. Je mets de côté la question comptable de l'amortissement. On retrouvait le même phénomène dans les machines-outils, par exemple. Tout ce qui s'achète vite et sur étagère.)

Donc début octobre, mettons, notre entreprise 2016 arbitrait ses investissements. Calcul : si on fait des bénéfices, ils vont bénéficier d'une décote d'impôts... Tiens, si on en profitait pour une fois, ou à fortiori, pour faire des bénéfices plutôt que d'investir ? On avait donc 20 milliards € d'aides... dont l'effet pervers (ou l'effet d'aubaine, vu de l'entreprise) décourageait l'investissement !
Ces choses là sont rudes,
il faut pour les comprendre
avoir fait des études !


On continue : depuis 2017, le CICE est désormais une exonération de "charges", donc versé en fonction de l'effectif de l'entreprise.
Premiers bénéficiaires en France : les premiers employeurs. En tête, la grande distribution. (Carrefour, Auchan...)

Mais il y a beau temps que Carrefour et Cie ont convoqué leurs fournisseurs :"Dites, d'après nos calculs vous allez toucher x € de CICE. Vous pourriez peut-être faire l'effort de baisser vos prix en conséquence ?"
Le CICE les PME fournisseurs de la grande distribution n'en voient pas la couleur, (sauf pour les marques dites incontournables, qui ont un fort pouvoir de négociation : aucun hypermarché ne va déréférencer Coca Cola, par exemple) il leur passe sous le nez, au profit des entreprises qui en sont déjà les premières bénéficiaires, du fait de leurs effectifs.
Elle est pas belle la vie ?

Pour donner un ordre de grandeur, le 2ème budget de l'état est l'armée, avec 32 Md€. Le CICE est donc un très gros effort, mais curieusement il n'est pas versé pour aider au financement de l'investissement, ou à des entreprises en difficulté mais qui ont des projets, ou sur n'importe quel critère de développement. (investissement en R&D, formation, recrutement,...) Ces 20 Md€ arrosent tout le monde, et forcément servent pour une part à grossir les dividendes existants.

Notre président bien aimé ayant été banquier d'affaires, donc connaissant à priori le monde des entreprises, ce gâchis imbécile m'a longtemps posé question.

J'ai fini par conclure que l'objectif est de faire de la France un pays ou on peut investir (qu'on soit Français ou étranger) pour faire du fric, avec la flat-tax qui permet de verser davantage de bénéfices, et la fin de l'ISF qui permet de cumuler ces bénéfices sans inconvénients. Je ne vois que ça comme explication : prendre une place dans une économie mondiale où l'argent va à l'argent. (Si la stratégie est celle-là, pourquoi ne pas le dire ?)

Quitte à laisser sans investisseurs les startup qui en auraient besoin, ou les PME que toutes les banques rechignent à financer : cette aide sélective n'existe pas.

Perso je trouve que ce dumping financier coûte un "pognon de dingue", sans certitude de résultats (à la marge, le CICE peut aider des entreprises sur le fil, mais c'est pur hasard, et la question de fond reste sans réponse : les investisseurs viendront-ils ?)

Sachant que c'est le délire fiscal pour financer tout ça qui a déclenché les Gilets Jaunes : la taxe de trop. :roll:

Tout ça pour confirmer ce que dit Pouzet : en France on n'investit pas, on distribue des dividendes, et la politique fiscale appuie dans ce sens.


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