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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Dim 12 Jan 2020 13:47 
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AlexandreVIBorgia a écrit:
J'avais lu chez Graeber un adage qui résume bien la situation actuelle dans le monde entier :
"Si tu dois 100 000 Euros à ton banquier, il te tient. Si tu dois 100 millions d'Euros à ton banquier, tu le tiens !" :lol:

C'est une citation du milliardaire américain Paul Getty, un "happy few" qui avait fait fortune dans des activités minières :
Citation:
"Si vous devez cent dollars à la banque, c'est votre problème. Si vous devez cent millions de dollars à la banque, c'est le problème de la banque."


C'est lui aussi qui a repris, en la corrigeant, la phrase biblique :"Le débonnaire héritera de la terre" qu'il complétait :"mais pas de ses droits miniers". Sous-entendu : sur lesquels je mettrai la main !


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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Dim 12 Jan 2020 14:49 
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C'est aussi le sens du proverbe "Too big to fail", "Trop gros pour couler"... Adage que l'on a depuis fait mentir une ou deux fois. Les gouvernements aimeraient que les dirigeants des sociétés concernées prennent moins de risques. Mais, dans le même temps, ils se sont dessaisis de tous les leviers qui avaient été mis en place lors des accords de Bretton Wods après la SGM pour éviter qu'une crise comme celle de 1929 se répète.

Actuellement, la plupart des gouvernements ont annoncé qu'ils ne voleraient plus au secours des banques sans contrepartie. Bref, ils ne veulent pas refaire l'erreur de 2009, ce sera subventions contre nationalisation partielle. Cette peur sera-t-elle suffisante pour maintenir les dettes dans une plage raisonnable ?

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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Dim 12 Jan 2020 16:22 
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La solution adoptée en 2008/2009 n’est pas nécessairement la seule issue possible. Il s’est passé en 2009 quelque chose de tout à fait nouveau et éminemment critiquable. Les autorités des USA ont décidé que les lois et bases du commerce et de l’économie ne s’appliqueraient plus qu’aux quidams mais pas aux milliardaires. Ils ont non pas inventé mais considérablement étendu le champ d’application de la notion de « too big to fail » ou d’entreprise systémique. Pour la 1ère fois, dans une escroquerie d’une ampleur sans précédent, les personnes responsables n’ont pas été poursuivies ou s’en sont tirés au mieux avec une grosse amende, alors que précédemment, lors par exemple du scandale des junk bonds ou de la faillite des caisses d’épargne, les responsables avaient été condamnés à de la prison.

Résultat :
Alors que normalement quand une société surendettée ne peut plus faire face à ses dettes, on transforme ses créanciers en actionnaires et on dilue les anciens actionnaires qui ont planté la boîte par leur mauvaise gestion, ils ont fait racheter les dettes pourries par le contribuable.

Et pendant ce temps, les mêmes contribuer particuliers ou PME ont vu les lois classiques du commerce et de l’économie continuer à s’appliquer à eux. Et on les a liquidés en saisissant leurs actifs, leurs maisons, pour les obliger à faire face à leurs dettes.

En résumé, avec cette nouvelle acception étendue on est passé du too big to fail au « selon que vous serez puissant ou misérable ... ». Ce n’est plus vraiment du capitalisme mais du « crony capitalism ».

Privatisation des profits et socialisation des pertes : il est économiquement profondément déstabilisateur et moralement désastreux que certains joueurs ne perdent jamais quoi qu’ils fassent (même des grosses bêtises, même des escroqueries).

Les choses ont changé et en fait l’Etat est désormais plutôt le meilleur débiteur pour les entreprises. Il y a un rapport annuel de l’observatoire des délais de paiement, publié sous l’égide de la Banque de France, qui montre que l’Etat paie en moyenne en 20 jours, quand les collectivités locales paient en près de 30 jours, avec certes des écarts importants à la moyenne. C’est du côté des entreprises clientes qu’il faut chercher les délais de paiement les plus longs, et surtout des grandes entreprises qui profitent de leur position de force pour faire leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs, avec en moyenne un délai de paiement de 50 jours. Mais vous avez raison sur le fait que l’activité économique est désormais hyper-financiarisée : si le robinet du crédit se tarit, c’est la syncope.

Quant à la détention de créances en dollars par la Chine ou par d’autres pays, les dettes privées sont bien plus importantes que les dettes publiques. La Chine ne détient que 1.200 milliards sur les 23.000 milliards de dette publique fédérale américaine. Comme je l’indiquais précédemment c’est la balance extérieure courante qui est fondamentale : elle est fortement déficitaire pour les USA et les USA ont désormais un endettement extérieur net de 11.000 milliards de dollars, soit 50% de leur PIB. C’est vraiment beaucoup, mais ce n’est pas encore le niveau atteint par la Grèce ou l’Espagne. C’est encore tenable mais cela devient très fragile. Des fournisseurs ne peuvent pas éternellement accroître le crédit qu’ils accordent à un client, surtout si la situation interne du client et sa capacité de remboursement ne cesse de se dégrader. Surtout si le poids de ce client dans l’activité des fournisseurs se réduit.

Un bon exemple pour se faire une idée du déroulement du déclin économique d’une superpuissance économique surpassée par un ou des nouveaux concurrents, c’est le cas britannique sur le demi-siècle qui court du début du 20ème siècle aux années 1960. La configuration était certes différente, et le processus s’est fait plus lentement que ce ne sera le cas à l’ère de la globalisation et du turbo-capitalisme de ce début de 21ème siècle.

On a un déclin industriel relatif, des coûts élevés, la montée de nouveaux concurrents qui d’abord imitent et rattrapent puis prennent la tête dans la course à l’innovation. L’ancienne puissance dominante domine encore la finance et le système international mais souffre des coûts et charges d’une expansion politico-stratégique excessive et insoutenable. Elle continue à supporter ces charges trop longtemps en s’endettant. Et arrivée à un certain stade, elle est trop affaiblie pour pouvoir capter les activités les plus lucratives qui rendent la dette soutenable. Et elle est obligée de passer par une très longue phase de désendettement et de stagnation, en liquidant de nombreux actifs pour boucler ses fins de mois, pendant que d’autres pays plus agiles se déploient et se développent parce que ne traînant pas le boulet de telles dettes.

La banqueroute (autrement appelé « défaut ») est fortement déconseillée. Un pays à fort déficit de sa balance courante se voit alors littéralement couper les crédits par les partenaires commerciaux et financiers étrangers ou ne les accordent plus que contre une prime de risque asphyxiante : cf. l’exemple argentin.


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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Mer 15 Jan 2020 03:27 
L'étude de l'IIF évalue le montant de la dette à 320 % du PIB mondial. La taille du marché obligataire atteint désormais 115.000 milliards de dollars. La faiblesse des taux a poussé les Etats et les entreprises à beaucoup emprunter au premier semestre 2019.

https://www.capital.fr/economie-politiq ... le-1355437
Citation:
Annick Berger | Publié le 15/11/2019
L’ensemble de la dette mondiale devrait dépasser les 230.000 milliards d’euros cette année. Ce sont les estimations de l’Institute of International Finance (IFF), publiées ce vendredi 15 novembre et reprises par Reuters. Sur les six premiers mois de l’année, la dette mondiale a ainsi augmenté de 6,8 milliards d’euros. Une tendance à la hausse qui n’a montré aucun signe de ralentissement ces derniers mois. Désormais, chacun des 7,7 milliards d’êtres humains vivant sur la planète est endetté à hauteur de 29.400 euros.
Cette hausse impressionnante est principalement due aux États-Unis et à la Chine, responsables à eux seuls d’environ 60% de l’augmentation de la dette. Washington devrait ainsi voir sa dette dépasser les 70.000 milliards de dollars (environ 63.000 milliards d’euros) cette année, selon l’IFF. Une autre étude, réalisée par Bank of America Merrill Lynch, estime de son côté que depuis 2008, et la faillite de Lehman Brothers, l'ensemble des États ont emprunté 27.000 milliards d’euros.
Une situation qui vaut également pour les autres acteurs de l’économie mondiale. Depuis la chute de la banque d’affaires, les entreprises ont ainsi emprunté plus de 22.000 milliards d’euros, les ménages plus de 8 milliards et les banques 1,8 milliard. Des montants records qui représentent un véritable risque pour l’économie. Selon l’IFF, la dette mondiale croît ainsi plus vite que l’économie globale. La Libre.be rappelle également que dans les pays industrialisés ce sont les gouvernements qui sont les principaux responsables de l’augmentation de la dette alors qu’il s’agit plutôt des entreprises dans le tiers-monde.
L’étude s’appuie entre autres sur les données de la Banque des règlements internationaux et du Fonds monétaire international (FMI). Elle précise que la dette mondiale, hors secteur financier, à 172.000 milliards d’euros, représente désormais plus de 240% du PIB mondial. Par ailleurs, l’IFF souligne que certains pays sont particulièrement vulnérables face à l’inflation constante de la dette. C’est notamment le cas pour la Turquie, le Mexique ou le Chili, qui ont accumulé beaucoup de dettes en devises.



https://www.ieif.fr/revue_de_presse/la- ... de-flamber
Citation:
18 novembre 2019 : Isabelle Couet
Les chiffres donnent le vertige. Le montant total de dette dans le monde a atteint un nouveau record, à 250.000 milliards de dollars, selon les données préliminaires de l’Institute of International Finance (IIF) pour 2019. Cette montagne de dette, qui comprend celle des ménages, celle des entreprises et celle des Etats, représente pas moins de 320 % du PIB mondial. Le phénomène est essentiellement entretenu par les conditions de crédit très favorables, selon l’IIF.
« Alors que plus de 60 % des pays vont sans doute enregistrer une croissance sous son potentiel en 2020, les politiques accommodantes des banques centrales aident les entreprises et les Etats à emprunter et se refinancer à taux bas », rappellent les auteurs du rapport. Ils lancent toutefois un avertissement à deux groupes de pays en particulier : les Etats très endettés (Italie, Liban) et ceux dont la dette publique grimpe fortement (Argentine, Brésil, Afrique du Sud et Grèce). Ils auront du mal à recourir à des stimuli budgétaires dans un environnement où « les perspectives d’un nouvel assouplissement monétaire s’amenuisent ». De fait, la Réserve fédérale américaine, qui a le plus d’influence sur le reste du monde, ne semble pas prête à baisser davantage ses taux. C’est ce que son président Jerome Powell a laissé entendre lors d’une audition mercredi dernier.
L’augmentation globale du premier semestre s’explique à plus de 60 % par la progression de la dette aux Etats-Unis et en Chine. Le passif du géant d’Asie représente 306 % du PIB. Il y a dix ans, il s’élevait à environ 200 %. Sur la décennie, la part de la dette des entreprises non financières chinoises a un peu baissé mais reste largement prépondérante. Les ménages, eux, ont vu leur poids nettement augmenter dans la dette chinoise totale sur la période.
Autre fait marquant, la forte croissance de la dette de marchés. L’encours obligataire mondial s’élève à 115.000 milliards de dollars, contre 87.000 milliards en 2009. Hors ménages, la part de cette dette reste cependant assez stable sur dix ans : elle compte pour 56 % de la dette générale (qui intègre aussi des prêts syndiqués, etc.). « La croissance de marché est particulièrement notable sur le segment des emprunts d’Etat, qui représente 47 % de l’encours obligataire », souligne le rapport de l’IIF. Inversement, la pression qui s’exerce sur le secteur bancaire depuis la crise a ramené la part des obligations financières à moins de 40 %, contre plus de 50 % en 2009. Sans surprise, c’est dans les pays émergents que la croissance de l’obligataire a été la plus soutenue.
Au chapitre des risques, l’IIF mentionne les remboursements importants auxquels feront face les pays émergents d’ici à la fin 2021. Un mur de 9.400 milliards de dollars de dette obligataire et bancaire devra être refinancé.


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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Mer 15 Jan 2020 09:59 
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Caesar Scipio a écrit:
La solution adoptée en 2008/2009 n’est pas nécessairement la seule issue possible. Il s’est passé en 2009 quelque chose de tout à fait nouveau et éminemment critiquable. Les autorités des USA ont décidé que les lois et bases du commerce et de l’économie ne s’appliqueraient plus qu’aux quidams mais pas aux milliardaires. Ils ont non pas inventé mais considérablement étendu le champ d’application de la notion de « too big to fail » ou d’entreprise systémique. Pour la 1ère fois, dans une escroquerie d’une ampleur sans précédent, les personnes responsables n’ont pas été poursuivies ou s’en sont tirés au mieux avec une grosse amende, alors que précédemment, lors par exemple du scandale des junk bonds ou de la faillite des caisses d’épargne, les responsables avaient été condamnés à de la prison.

Résultat :
Alors que normalement quand une société surendettée ne peut plus faire face à ses dettes, on transforme ses créanciers en actionnaires et on dilue les anciens actionnaires qui ont planté la boîte par leur mauvaise gestion, ils ont fait racheter les dettes pourries par le contribuable.

Et pendant ce temps, les mêmes contribuer particuliers ou PME ont vu les lois classiques du commerce et de l’économie continuer à s’appliquer à eux. Et on les a liquidés en saisissant leurs actifs, leurs maisons, pour les obliger à faire face à leurs dettes.

En résumé, avec cette nouvelle acception étendue on est passé du too big to fail au « selon que vous serez puissant ou misérable ... ». Ce n’est plus vraiment du capitalisme mais du « crony capitalism ».

Privatisation des profits et socialisation des pertes : il est économiquement profondément déstabilisateur et moralement désastreux que certains joueurs ne perdent jamais quoi qu’ils fassent (même des grosses bêtises, même des escroqueries).

Les choses ont changé et en fait l’Etat est désormais plutôt le meilleur débiteur pour les entreprises. Il y a un rapport annuel de l’observatoire des délais de paiement, publié sous l’égide de la Banque de France, qui montre que l’Etat paie en moyenne en 20 jours, quand les collectivités locales paient en près de 30 jours, avec certes des écarts importants à la moyenne. C’est du côté des entreprises clientes qu’il faut chercher les délais de paiement les plus longs, et surtout des grandes entreprises qui profitent de leur position de force pour faire leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs, avec en moyenne un délai de paiement de 50 jours. Mais vous avez raison sur le fait que l’activité économique est désormais hyper-financiarisée : si le robinet du crédit se tarit, c’est la syncope.

Quant à la détention de créances en dollars par la Chine ou par d’autres pays, les dettes privées sont bien plus importantes que les dettes publiques. La Chine ne détient que 1.200 milliards sur les 23.000 milliards de dette publique fédérale américaine. Comme je l’indiquais précédemment c’est la balance extérieure courante qui est fondamentale : elle est fortement déficitaire pour les USA et les USA ont désormais un endettement extérieur net de 11.000 milliards de dollars, soit 50% de leur PIB. C’est vraiment beaucoup, mais ce n’est pas encore le niveau atteint par la Grèce ou l’Espagne. C’est encore tenable mais cela devient très fragile. Des fournisseurs ne peuvent pas éternellement accroître le crédit qu’ils accordent à un client, surtout si la situation interne du client et sa capacité de remboursement ne cesse de se dégrader. Surtout si le poids de ce client dans l’activité des fournisseurs se réduit.

Un bon exemple pour se faire une idée du déroulement du déclin économique d’une superpuissance économique surpassée par un ou des nouveaux concurrents, c’est le cas britannique sur le demi-siècle qui court du début du 20ème siècle aux années 1960. La configuration était certes différente, et le processus s’est fait plus lentement que ce ne sera le cas à l’ère de la globalisation et du turbo-capitalisme de ce début de 21ème siècle.

On a un déclin industriel relatif, des coûts élevés, la montée de nouveaux concurrents qui d’abord imitent et rattrapent puis prennent la tête dans la course à l’innovation. L’ancienne puissance dominante domine encore la finance et le système international mais souffre des coûts et charges d’une expansion politico-stratégique excessive et insoutenable. Elle continue à supporter ces charges trop longtemps en s’endettant. Et arrivée à un certain stade, elle est trop affaiblie pour pouvoir capter les activités les plus lucratives qui rendent la dette soutenable. Et elle est obligée de passer par une très longue phase de désendettement et de stagnation, en liquidant de nombreux actifs pour boucler ses fins de mois, pendant que d’autres pays plus agiles se déploient et se développent parce que ne traînant pas le boulet de telles dettes.

La banqueroute (autrement appelé « défaut ») est fortement déconseillée. Un pays à fort déficit de sa balance courante se voit alors littéralement couper les crédits par les partenaires commerciaux et financiers étrangers ou ne les accordent plus que contre une prime de risque asphyxiante : cf. l’exemple argentin.


Excellente analyse cher Caesar - et très heureux de vous liure à nouveau .

J'apporterais cependant quelques bémols à votre analyse historico-économique : la Grande Bretagne a supporté la charge d'un empire colonial pas si rentable que cela - ou au moins qui ne lui apportait pas tellement d'avantages comparatifs puisque les matières premières extraites outre-mer (pétrole par exemple) étaient vendues au prix du marché (qui aurait été le même si ces matières premières auraient été achetées aux Etats Unis). Bref par la colonisation Londres empêchait la création de l'OPEP et la prise en otage des économies europeennes par les émirs. A ses frais et au profit de tous les pays développés. Elle a enrichi BP mais pas l'Angleterre.

Ensuite les deux guerres mondiales ont terriblement fragilisé le Sterling et la City de Londres et favorisé l'économie américaine (et le dollar et Wall Street).

Enfin la démographie britannique rendait à terme peu crédible la capacité anglaise à résister aux Etats Unis - à l'Allemagne peut-être.

J'ajoute un autre détail : l'arme nucléaire rend peu probable au XXIè siècle une guerre à outrance comme celles de 14/18 ou 39/45.


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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Mar 11 Fév 2020 23:04 
Le ratio de la dette privée en France a augmenté de 4, 6 points à 133, 2 % du PIB. Outre-Rhin, le taux augmente plus modérément. Il baisse en Espagne.
Les stratégies commerciales des banques contribuent à l'emballement du crédit.
Dans Les Echos, Étienne Goetz fait le point sur la situation.

Citation:
L'endettement des entreprises et des ménages s'accélère en France
Par Étienne Goetz
Publié le 21 août 2019

Les vannes du crédit sont toujours grandes ouvertes dans les deux principales économies de la zone euro. Les taux d'endettement du secteur privé en France et en Allemagne progressent à toute allure alors qu'ils reculent ailleurs en Europe.
Selon les données de la Banque de France, la dette des sociétés privées non financières et des ménages à l'intérieur de l'Hexagone représente 133,2 % du PIB au premier trimestre de l'année, contre 128,6 % un an auparavant. Même tendance outre-Rhin : 92,4 % pour les trois premiers mois de l'année, contre 89,6 % au premier trimestre 2018. Le rythme est cependant plus modéré.
A l'inverse, le ratio de la dette privée en Espagne, qui avait explosé avant la crise, fléchit de 3,9 points sur un an, à 127,8 %. Au Royaume-Uni, le taux d'endettement est passé de 153,5 % du PIB à 151,7 % à fin mars. En dehors du Vieux Continent, le Japon voit son ratio augmenter, à 151,8 % contre 147,6 % un an plus tôt.
En France, cette dynamique est tirée par les entreprises qui sont endettées à hauteur de 73,3 % de la richesse nationale, contre 60 % pour les ménages. La frénésie de la dette s'explique avant tout par le plongeon des taux partout sur la planète finance en raison de craintes de récession et d'interventions des banques centrales. A titre d'exemple, les ménages empruntent pour acheter un logement à 1,2 % en moyenne (hors assurance), un niveau jamais vu depuis plus de 70 ans.
Pour les Etats, les rendements se sont enfoncés en territoire négatif , leur permettant de gagner de l'argent en s'endettant. Ce renversement concerne aussi les entreprises, même celles qui traversent une mauvaise passe.
L'équipementier Valeo , bien qu'il soit touché par le ralentissement chinois et par de nouvelles réglementations européennes sur les émissions, a vu le taux de son obligation arrivant à maturité en 2022 passer sous la barre des 0 %. « Les taux bas sont comme une drogue douce, met toutefois en garde le patron de Valeo, Jacques Aschenbroich, cité par Bloomberg , il existe un effet addictif que nous voulons éviter. Nous ne nous disons pas : la dette est bon marché donc on va en accumuler ».
Les stratégies commerciales des banques participent également de cet emballement. Les établissements bancaires cherchent à augmenter les volumes pour compenser la compression de leur marge nette d'intérêts. Du côté des particuliers, les banques utilisent le crédit immobilier comme produit d'appel pour capter des clients et conserver leurs parts de marché.
Le phénomène est tel que les autorités de supervision sont en alerte. Elles veulent éviter une fermeture trop brutale du robinet à crédit en cas de retournement économique. En France, elles ont contraint les banques à constituer un coussin contracyclique , une sorte de matelas de fonds propres supplémentaires pour encaisser un choc. Le taux de surcharge a été porté à 0,5 % (effectif en avril 2020), provoquant la colère des établissements.
En Allemagne, la BaFin a emboîté le pas au gendarme bancaire français. Elle a introduit le 1er juillet un coussin contracyclique de 0,25 % des actifs pondérés des risques pour éviter un coup de frein trop fort. Le sujet est d'autant plus inquiétant que l'Allemagne est menacée de récession.


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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Mer 11 Mar 2020 02:41 
On observe une hausse inquiétante des encours de crédit immobilier dans certains pays de la zone euro, par exemple la France. Depuis plusieurs années, le crédit immobilier connaît une croissance considérable en France. Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) s’inquiète de voir les banques assouplir leurs conditions d’octroi de crédit immobilier. Il cherche à limiter tout éventuelle surchauffe du crédit immobilier.
Le 12 décembre 2019, le HCSF a publié ses recommandations aux banques pour éviter un emballement du marché qui tourne à plein régime.


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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Jeu 19 Mar 2020 22:07 
Le HCSF s'est réuni le 12 décembre 2019. Conscientes des risques de surchauffe du crédit immobilier, les autorités ont recommandé aux banques de revenir à des pratiques plus saines. Notamment : respecter le taux d'effort de 33 % et plafonner la durée des prêts à 25 ans.


Citation:
Crédit immobilier : les autorités veulent mettre fin aux dérives des banques
Par Raphaël Bloch
Publié le 12 déc. 2019

Les autorités ont décidé de passer à l'action sur le crédit immobilier. Jeudi soir [12 décembre], le Haut Conseil de Stabilité Financière, présidé par le ministre des Finances et qui réunit notamment la Banque de France et le Trésor, a publié ses recommandations pour éviter un emballement du marché qui tourne à plein régime.
Dans un communiqué, le Haut Conseil, qui confirme son diagnostic établi en octobre, estime que « les risques pour la stabilité financière tendent plutôt à s'accentuer à partir d'un niveau déjà élevé ». Autrement dit, les banques doivent ralentir la cadence avec une série de mesures, toutefois non contraignantes.
Le Haut Conseil recommande d'abord aux banques de respecter « un taux d'effort à l'octroi maximal de 33 % du revenu net de l'emprunteur ». Les banques conditionnent traditionnellement l'octroi d'un prêt au fait que le poids du remboursement ne dépasse pas un tiers des revenus de l'emprunteur. Mais, dans 28 % des prêts accordés, cette règle tacite n'est pas respectée, selon les autorités.
Le Haut Conseil recommande également aux banques de respecter une durée de crédit qui n'excède pas 25 ans. Depuis des mois, et à la faveur de la baisse des taux, les durées des prêts n'ont cessé de s'allonger. En cinq ans, la durée des prêts s'est allongée en moyenne de 31 mois, soit près de trois ans.
Jusqu'à 15 % de la production pourrait s'écarter du strict respect de ces critères dont les trois-quarts réservés exclusivement aux primo-accédants et aux acquéreurs de leur résidence principale, dans la limite d'un endettement inférieur à sept années de revenus, tolère cependant le Haut Conseil.
« On agit à un moment où on sent que la dynamique ne peut pas se poursuivre longtemps, selon une source officielle. Il ne fallait pas attendre beaucoup plus longtemps ». Le but de Bercy et de la Banque de France est d'abord de préserver le modèle français du crédit à l'habitat - avec ses taux fixes, notamment.
« Ces mesures vont protéger les ménages français des risques d'un endettement excessif dû à leur emprunt immobilier, tout en préservant leurs capacités d'accession à la propriété », souligne le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. « La progression des encours devrait se poursuivre, mais avec des crédits plus sains et selon un rythme plus soutenable. »
Si ces mesures ne seront pas contraignantes dans un premier temps pour les banques, les autorités veulent croire qu'elles seront néanmoins suivies d'effet. Dans le cas contraire, elles se réservent le droit d'imposer des mesures contraignantes qui prendraient par exemple la forme d'une surcharge en capital pour les nouveaux crédits non conformes aux bonnes pratiques établies.
Le Haut Conseil souhaite également attirer l'attention des établissements de crédit sur l'importance d'une tarification du crédit immobilier qui ne fragilise pas le modèle français de financement de l'habitat, ce qui implique une couverture appropriée des coûts et risques. La décision a été prise d'imposer aux banques un « reporting détaillé dans les plus brefs délais » sur leur tarification. Objectif : éviter une surenchère commerciale et des conditions d'octroi de crédit qui nuiraient à la santé des banques elles-mêmes.


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 Sujet du message: Re: La dette mondiale atteint des sommets
MessagePosté: Jeu 19 Mar 2020 22:12 
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Arkoline a écrit:
Le HCSF s'est réuni le 12 décembre 2019. Conscientes des risques de surchauffe du crédit immobilier, les autorités ont recommandé aux banques de revenir à des pratiques plus saines. Notamment : respecter le taux d'effort de 33 % et plafonner la durée des prêts à 25 ans.


C'est bon, il n'y a plus de surchauffe ...

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 Sujet du message: La dette US
MessagePosté: Mar 31 Mar 2020 21:53 
Caesar Scipio a écrit:
Sam 11 Jan 2020
J’invite ceux qui connaissent les fondamentaux de la macroéconomie à se pencher sur ce qu’on appelle timidement la crise des REPO aux USA. La FED franchit une nouvelle étape dans sa fuite en avant en monétisant de la dette que plus personne ne veut racheter pour maintenir la liquidité dans les échanges interbancaires.

Ce n'est pas "REPO", c'est "repo". Ce n'est pas la "FED", c'est la "Fed".
Si vous écrivez repo en lettres majuscules, le lecteur pourrait croire que ce sont des initiales.
Vous évoquez la crise du marché interbancaire (a.k.a. marché monétaire) en Amérique
Vous dites que la Fed "a franchi une nouvelle étape dans sa fuite en avant". En vérité la Fed a fait un bon travail en septembre-octobre 2019 pour traiter les grandes difficultés sur le marché interbancaire. Mission accomplie.



Caesar Scipio a écrit:
Sam 11 Jan 2020
L’enjeu est la soutenabilité de la dette : la dette est-elle utilisée pour financer des dépenses rentables qui permettront au moins de la rembourser, autrement dit qui généreront des flux de revenus/croissance supérieurs au coût total d’emprunt ?
A un moment il est indispensable que le taux dette/PIB cesse de croître. Sinon on s’enfonce dans une pure bulle de dette inflationniste. C’est ce qui s’est produit après 1815 (dettes de guerres) tout au long du 19ème siècle, puis après 1945 (dettes issues des deux guerres mondiales).
Soit la bulle éclatera, et ça fera très mal car beaucoup de gens vont se retrouver beaucoup moins riches ou beaucoup plus pauvres qu’ils ne se croient.

[...] Le facteur déterminant, pour en sortir sans de trop graves dommages, c’est d’avoir une balance des paiements au minimum à l’équilibre. Si la balance est fortement déficitaire, comme aux USA (ou en Grèce ou en Espagne en leur temps), les dommages seront nettement plus profonds.

Je ne vois pas comment vous pouvez écrire ça en janvier 2020. Si on fait abstraction de la récession qui découle de la crise sanitaire, qui n'était pas prévisible, les inquiétudes sur la dette ne sont pas tellement justifiées.
Vous parlez d'une "pure bulle de dette inflationniste". En vérité l'inflation est modérée depuis très longtemps.
La dette (publique et privée) est excessive aux USA et dans plusieurs pays. Mais il n'est pas nécessaire d'imaginer des scénarios d'une catastrophe. Pas besoin d'eschatologie.


Caesar Scipio a écrit:
Sam 11 Jan 2020
Le facteur déterminant, pour en sortir sans de trop graves dommages, c’est d’avoir une balance des paiements au minimum à l’équilibre. Si la balance est fortement déficitaire, comme aux USA (ou en Grèce ou en Espagne en leur temps), les dommages seront nettement plus profonds.

En Amérique (USA), la balance commerciale (et l'ensemble de la balance des "comptes courrants") est largement déficitaire depuis très longtemps. Faut-il s'inquietter ? Cela fait déjà 20 ans que l'on nous annonce un effondrement de l'économie américaine. C'est fatiguant tous les éditorialistes et commentateurs qui jouent les Cassandre depuis des lustres. Ils ne se fatiguent jamais.


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