Jean-Marc Labat a écrit:
D'après ce que je lis dans la presse allemande, les débats sont très vifs.
A l'extrême limite, les Allemands seraient d'accord pour que des prêts soient accordés dans le projet défini par Macron-Merkel, mais Von der Leyen a parlé de 500 milliards de subventions et 250 de prêts, et le mot subvention en hérisse beaucoup car ce n'est pas remboursable. La pierre d'achoppement du côté allemand est là.
Le problème est complexe. Certains pays, USA en tête ne se posent pas tellement de questions : leur industrie est dans la tourmente, il faut la réinventer ? L’État va participer de diverses manières et subventionner la recherche, quelle soit publique ou privée. En Europe, on sait qu'on doit intervenir, on s'est mis un tas de règles pour avoir un marché commun transparent, mais on voit que les "étrangers" ne fonctionnent pas avec les mêmes règles.
On a failli avoir le numéro 1 mondial des chemins de fers : véto de la commission qui applique les règles de la concurrence pour éviter qu'une seule entreprise devienne prépondérante sur le marché européen. Pas de chance, on risque de perdre nos entreprises du secteur au profit des américains ou des chinois. Sur le marché de l'automobile, plusieurs des entreprises sont fragiles, alors que les enjeux sont colossaux. On a perdu le marché de l'informatique, on perd celui des logiciels. On a quelques entreprises qui se maintiennent sur le marché des jeux vidéos. Bientôt nos producteurs de films ou d'émission de télévision appartiendront tous à des grands groupes américains. On peut multiplier la liste, a force de vouloir un marché libre, l'Europe offre ses fleurons à l'étranger. Dans le meilleur des cas, on arrive à maintenir les usines en place, mais sous capitaux étrangers. Dans d'autres, tous est parti en Chine : la fabrication, mais aussi l'ingénierie.
Bref, pour inverser cela, il faut investir, et il faut faire comme les autres : faire des subventions aux secteurs industriels stratégiques. A un moment, la solution française a été la nationalisation. Dans de nombreux cas, on a nationalisé des secteurs fragmentés en de multiples sociétés, et rien que le changement d'échelle a permis de développer le secteur. Mais, le problème est bien là : il faut sauver l'économie européenne. Soit on le fait en ordre dispersé, soit on essaye de faire comme les autres grands ensembles (USA, Chine) et on le fait de manière concertée.