Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Il n'est pas nécessaire qu'une récession soit déclarée « officiellement ». Il est évident que tous les pays de l'UE sont en récession en 2020. La contraction du PIB a été forte au 1er trimestre, et sera encore plus forte au 2ème trimestre.




La Commission européenne a publié des prévisions économiques dix jours avant l'annonce du plan Macron-Merkel. La Commission considère que la crise économique en 2020 sera sévère en Allemagne, en Suède, et aux Pays-Bas. Si le gouvernement néerlandais considère que l'économie des Pays-Bas est plus résiliente que l'économie allemande, c'est sans doute une erreur de sa part. Je n'ose pas croire que le gouvernement puisse faire ce genre d'erreur.
Pour l'année 2021, les prévisions de la Commission font apparaitre une reprise économique plus ou moins forte selon les pays. La Suède et les Pays-Bas ne semblent pas plus « performants » que l'Allemagne.
Le 4 juin, la BCE va publier ses nouvelles prévisions. La perspective d'un plan de relance européen sera-t-il inclus dans ces prévisions ? Je ne sais pas. Il suffit de patienter jusqu'au 4 juin.




La différence ne me semble pas évidente. La crise économique en 2020 sera sévère non seulement en Allemagne, mais aussi dans d'autres pays.




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Pour l'instant, le meneur de la fronde est l'autrichien Wurtz.

D'après ce que je lis dans la presse allemande, les débats sont très vifs.

A l'extrême limite, les Allemands seraient d'accord pour que des prêts soient accordés dans le projet défini par Macron-Merkel, mais Von der Leyen a parlé de 500 milliards de subventions et 250 de prêts, et le mot subvention en hérisse beaucoup car ce n'est pas remboursable. La pierre d'achoppement du côté allemand est là.

Le problème est complexe. Certains pays, USA en tête ne se posent pas tellement de questions : leur industrie est dans la tourmente, il faut la réinventer ? L’État va participer de diverses manières et subventionner la recherche, quelle soit publique ou privée. En Europe, on sait qu'on doit intervenir, on s'est mis un tas de règles pour avoir un marché commun transparent, mais on voit que les "étrangers" ne fonctionnent pas avec les mêmes règles.

On a failli avoir le numéro 1 mondial des chemins de fers : véto de la commission qui applique les règles de la concurrence pour éviter qu'une seule entreprise devienne prépondérante sur le marché européen. Pas de chance, on risque de perdre nos entreprises du secteur au profit des américains ou des chinois. Sur le marché de l'automobile, plusieurs des entreprises sont fragiles, alors que les enjeux sont colossaux. On a perdu le marché de l'informatique, on perd celui des logiciels. On a quelques entreprises qui se maintiennent sur le marché des jeux vidéos. Bientôt nos producteurs de films ou d'émission de télévision appartiendront tous à des grands groupes américains. On peut multiplier la liste, a force de vouloir un marché libre, l'Europe offre ses fleurons à l'étranger. Dans le meilleur des cas, on arrive à maintenir les usines en place, mais sous capitaux étrangers. Dans d'autres, tous est parti en Chine : la fabrication, mais aussi l'ingénierie.

Bref, pour inverser cela, il faut investir, et il faut faire comme les autres : faire des subventions aux secteurs industriels stratégiques. A un moment, la solution française a été la nationalisation. Dans de nombreux cas, on a nationalisé des secteurs fragmentés en de multiples sociétés, et rien que le changement d'échelle a permis de développer le secteur. Mais, le problème est bien là : il faut sauver l'économie européenne. Soit on le fait en ordre dispersé, soit on essaye de faire comme les autres grands ensembles (USA, Chine) et on le fait de manière concertée.

Oui cher Jean Marc. Votre approche me semble lucide.


Sommes nous dans une crise conjoncturelle liée au virus ou dans une crise structurelle qui appèlerait des énormes de fond ?

Vu d'Allemagne, la crise est conjoncturelle chez elle et structurelle chez nous . En résume , le gros problème de la France serait son droit du travail (35 heures, licenciements très difficiles, arbitraire des prud'hommes) et ses charges sociales (dues aux allocations familiales).


Sur le plan politique, Merkel et UvdL arriveront elles à surmonter le blocage des pays "frugaux"?

Une hypothèse serait qu'elles arrivent à convaincre l'establishment politico économique allemand ....par exemple en expliquant que la France va s'engager sur la voie de réformes structurelles (réforme du droit du travail, de la sécurité sociale, retour à l'équilibre budgétaire)... à se moment là les frugaux céderont en se disant satisfait des concessions françaises (et espagnoles et italiennes...).

Je ne compte plus les promesses françaises de réformes structurelles qui n'ont jamais été tenues, et chat échaudé...

Mais, il y a aussi des récriminations contre les frugaux ... par exemple le statut de quasi-paradis fiscal des Pays-Bas. En fait, pas mal de personnes signalent que si les Pays-Bas n'étaient pas membre de l'UE, ils figureraient sûrement sur la liste des paradis fiscaux car ils ont presque toutes les caractéristiques nécessaires pour y figurer.

Pour qu'il y ait des paradis fiscaux, il faut des enfers fiscaux. Le paradis est inconcevable sans l'enfer.

Pour certains, simplement payer un impôt est un enfer, alors que c'est la base de la vie en société. Si on veut développer une civilisation, il faut un système fiscal.

Attention à ne pas sombrer dans la culture de l'excuse.

C'est incroyable comme certains peuvent fustiger "la moraline" dès qu'il s'agit de critiquer certains comportements des élites tout en passant leur temps à faire la morale à la plèbe, d'autant plus si elle est d'ascendance métèquo-musulmane.