Pour la France, nous avons perdu pied suite à l'explosion de cas suite au rassemblement à la congrégation évangélique de la Porte Ouverte à Bourtzwiller, dans la banlieue de Mulhouse.
Coronavirus : rassemblement évangélique à Mulhouse, le nombre de cas très sous-estiméDeux mille pèlerins, cinq jours de prière et un virus : à Mulhouse, le scénario d’une contagionPremier point à tenir à l'esprit, les évangélistes en question sont aussi des victimes. Plusieurs des participants à ce rassemblement sont morts, d'autres ont survécus après avoir passé des semaines en réanimation. Il faut aussi se souvenir de ce que disaient les scientifiques à ce moment-là, et qu'à part quelques voix discordantes, tout le monde prétendait qu'on ne courrait aucun risque... Donc, on se pensait dans la première phase du plan épidémique, mais on est passé très vite à la phase 2, puis 3. En fait, actuellement, on sait que lorsque les autorités sanitaires nous percevaient en début de phase 2, on aurait déjà dû être en phase 3, car le nombre de cas allait exploser, mais on ne le savait pas encore :
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Un avis partagé par le docteur Patrick Vogt, le médecin généraliste de Mulhouse. Il est de garde au SAMU, le 3 mars au soir. Dans la journée, la préfecture et l’ARS Grand-Est ont publié un communiqué évoquant "plusieurs cas" contaminés lors du rassemblement et appelant les participants à se manifester auprès des autorités sanitaires. "On est passés de 500 appels habituellement à 1.000 appels, c’était du jamais vu. Les gens disaient tous la même chose : on est évangéliques, on était à la cérémonie, on est tombés malades, on espère qu’on n’a pas attrapé le Corona !". À minuit, il dit à la directrice de l’hôpital : "c’est incroyable, l’épidémie se déroule sous nos yeux", en lui montrant l’écran rouge d’appels. Les jours suivant, le SAMU de Mulhouse reçoit "1.500 appels par jour, trois fois plus qu’en temps normal". Le médecin explique que les autorités ne prennent pas alors la mesure de la gravité de la situation : "La communication n’a pas bougé le lendemain. Le préfet, droit dans ses bottes, déclarait qu’on était en phase 2, que la situation était maîtrisée et qu’on avait 18 cas". Le docteur lance alors l’alerte dans une interview au quotidien l’Alsace où il déclare que Mulhouse est le plus grand foyer de Coronavirus de France : "On est passé en phase 3. Ce ne sont pas une vingtaine de cas avérés mais sans doute des centaines qui ne sont pas testés". Le jour-même, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon reconnaît que le virus circule activement dans plusieurs territoires, dont le Haut-Rhin et le Bas-Rhin.
L'ARS Grand-Est reconnait quelle a raté le coche de la détection, elle aurait pu/du s'en rendre compte quelques jours plus tôt : le 29 février 2020 :
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“On loupe un point majeur le 29 février” reconnaît Christophe Lannelongue. Il évoque le cas d’une femme testée positive avec ses deux enfants à Strasbourg. Elle ne revient pas d’une zone à risque telle que la Chine ou l’Italie du nord. La patiente alsacienne a en fait bien été contaminée suite au rassemblement de Mulhouse. Elle n’y a pas participé elle-même. Mais ses deux enfants y étaient en compagnie de leurs grands-parents. Cette information ne fait pas l’objet d’un approfondissement lors de l’enquête, qui est avant tout centré sur la mère. Personne ne se doute qu’elle a pu être contaminée par ses enfants.
“Eurêka”
Les autorités du Grand-Est comprennent ce qui se passe deux jours plus tard, le 2 mars, quand elles sont alertées par leurs collègues d’Occitanie. Un habitant de Nîmes, testé positif au Covid-19, explique qu’il revenait en voiture de la semaine de prière de Mulhouse. Depuis le rassemblement, il n’a fréquenté quasiment personne. “Il ne s’est arrêté qu’une seule fois sur l’autoroute pour acheter un sandwich, détaille le directeur de l’ARS Grand-Est. Il vit par ailleurs seul”.
C’est à ce moment-là que le lien se fait et que les enquêteurs du Grand-Est comprennent. “Eurêka, c’est le rassemblement de la Porte Ouverte chrétienne de Mulhouse, s’exclame Christophe Lannelongue. Dans la journée, on prend contact avec la Porte Ouverte qui a organisé la semaine de prière, poursuit-il. Ils nous disent qu’ils ne tiennent pas de listings. Donc on décide de communiquer largement auprès des personnes qui ont fréquenté l’église.”
On ne saura jamais si ces 4 jours auraient permis de sauver plus de monde. Mais, certains des participants ont propagé le virus à beaucoup de monde sans le savoir :
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À la fin de l’événement de Mulhouse, de nombreux fidèles contaminés par le Covid-19 rentrent chez eux. Il se passe plusieurs jours avant l’apparition des premiers symptômes. Pendant cette période d’incubation, ces personnes vont, sans le savoir, transmettre le virus à leur entourage. “Des femmes de ménage, de personnel d’EHPAD, d’écoles, d’ouvriers de chez Peugeot”, se souvient le docteur Vogt.
C’est ainsi qu’une infirmière des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, présente au rassemblement, aurait été à l’origine de la contamination de 250 collègues soignants, selon le directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Grand-Est.
Il y a aussi le cas de ces trois retraités corses présentent au rassemblement qui ont introduit le virus dans la région d’Ajaccio. Elles sont de retour le 24 février et ne vont être testées positives que le 5 mars. Trop tard. Le 7 mars, on compte 11 cas à Ajaccio, puis 12 nouveaux cas le lendemain, et 10 encore le jours suivant. Au dernier comptage, le 27 mars, l’ARS totalisait 263 personnes testées positives au Coronavirus et 21 décès en milieu hospitalier, dans un contexte où les tests ne sont plus effectués systématiquement. Selon un cadre de l’ARS Grand Est, les retraités de retour de Mulhouse sont à l’origine de l’essentiel des contaminations relevées en Corse.
Bref, si j'ai bien compris, tous les cas diagnostiqués en Corse viennent de Bourtzwiller et pas de l'Italie voisine.