RegardsDetudiants a écrit:
Mais pour quelles raisons l'opinion penserait que cette action détruirait l'économie côtière ?
Ce sont les villages de pêcheurs qui nourrissent la côte somalienne en anarchie, et sont les bateaux de pêcheurs qui servent occasionnellement de navires pirates. Détruire les flottilles de pêche de cette côte somalienne anarchique condamnerait à mort les populations de la côte.
RegardsDetudiants a écrit:
Justement, en stoppant les actes de pirateries, on pourrait mettre en place en gouvernement (car les deux sont liés) et ainsi faire démarrer l'économie et lutter contre la famine. Non ?
Non, c'est le contraire : la piraterie apparaît là où il n'y a plus d'Etat somalien. Dans les deux régions de l'ex-Somalie qui se sont constituées en Etats (le Puntland et le Somaliland), la piraterie est maîtrisée.
Alors, me répondrez-vous, il faut installer un gouvernement dans le reste de la Somalie. On peut aborder la question sous deux angles.
Je crois que l'angle historique montre que les deux régions de l'ex-Somalie qui se sont constituées en Etats (Puntland et Somaliland) étaient déjà organisés en Etats avant les tutelles ottomanes, égyptiennes, britanniques ou italiennes alors que la région anarchique, autour de Mogadiscio, était déjà dirigée ou codirigée par des sultanats étrangers. Y aurait-il un atavisme empêchant la région de Mogadiscio de se gouverner ?
L'angle géopolitique semble montrer que la région de Mogadiscio n'est organisée que de l'extérieur (par des émirats étrangers qui se sont empressés de la remettre aux Italiens) et par la violence armée. La dernière ingérence armée fut celle de l'Ethiopie qui en chassa les djihadistes, mais ces derniers s'y résintallèrent sitôt les troupes éthiopiennes parties. Auparavant, l'intervention onusienne de 1992-1995 n'eut pas la volonté de restaurer l'ordre par la force, laissant toujours les chefs de guerres prendre l'initiative des attaques armées (les contingents pakistanais et américains en firent notamment les frais).
Aujourd'hui, la région de Mogadiscio est soumise aux conflits armés et à la prédations des chefs de guerre qui se reposent sur leurs milices et leurs tribus d'origine. On ne peut supprimer les chefs de guerre, qui nourrissent leurs tribus aux dépens des autres tribus, qu'en supprimant tout ou partie de leurs tribus, qui les soutiennent pour survivre elles-mêmes.
Il est impossible de compter sur la coopération spontanée d'une majorité d'individus (car ils sont toujours soumis à leurs propres tribus d'origine) ni d'une majorité de tribus car ces dernières ont montré une foncière xénophobie contre tous les intervenants étrangers venus leur proposer aides alimentaires et matérielles comme politiques. Chaque tribu semble préférer vivre mal et seule sur le dos des tribus voisines qu'assistée par une aide étrangère. La xénophobie semble insurmontable car basée sur un racisme stricto sensu (ethnique contre les non Somalis), doublé d'un racisme religieux à l'encontre des non musulmans.
En revanche, il est possible de corrompre des chefs de tribu, des chefs de guerre, par l'octroi de versements d'argent ou de matériels qui leur assurera une suprématie sur les tribus voisines, ou de les calmer par la terreur armée.
Au regard de ce charmant tableau, que proposez-vous pour la région de Mogadiscio, RegardsDetudiants ?