Arkoline a écrit:
Une fois la crise passée, les polémiques sur l’état du système de santé resurgiront avec plus de force. Mais il ne faudrait pas que l’émotion collective suscitée par la crise et l’attitude exemplaire des personnels soignants fasse perdre toute raison. Notre système de santé va-t-il si mal? Quelles sont ses forces, ses faiblesses? Une récente étude comparative de l’OCDE permet d’y voir un peu plus clair.
L'article de Elie Cohen et Olivier Galland :
https://www.telos-eu.com/fr/societe/le- ... uteur.htmlLe système de santé français est-il à la hauteur?07 avril, une éternité quand on est "au front". Surtout qu'on oublie, dans cet article, de souligner tout ce qui a super-bien fonctionné. Durant ces 6 semaines, on a environ triplé le nombre de lits de réanimation. Si j'ai bien compris, le plus dur à trouver furent les "pousse-seringues". Dans la plupart des hôpitaux, mais aussi dans les cliniques, on a improvisé une section covid hermétiquement séparée du reste de l’hôpital. Certains hôpitaux "sur la ligne du front", on basculé en unités covids. Dans certains cas, comme l’hôpital de Mulhouse, alors qu'ils n'étaient pas sensé le devenir, car l'unité covid désignée dans le coin devait être le CHU de Strasbourg, et que Mulhouse n'est même pas un CHU. Pourtant, Mulhouse était un des hôpitaux gravement touché par ce qu'on a appelé la crise des urgences.
Un autre point, en Italie, il y a eu au moins 127 médecins morts du fait du Covid. Si j'ai bien suivi, en France ils sont 8, dont une majorité de médecins de ville. Ce qui veut dire que les soignants des hôpitaux ont su gérer la contamination. Oh, tout n'est pas rose, et il y a un certain nombre de malades... Même si certains d'entre eux furent infectés au-dehors du boulot.
Le problème de cet article, c'est que s'il ne tient compte que de ce qu'il veut voir pour réformer dans un certain sens, la réforme a venir ne sera pas légitime. On est parti avec du retard. On pensait avoir nettement moins de lits de réa que les allemands, avant de se rendre compte que nos chiffres prenaient en compte les lits de réa "lourde", alors qu'eux comptaient TOUS les lits présents dans leurs services de Réa. Pour l'instant, il semble qu'on soit à peu près à l'équilibre, si on tient compte des lits effectivement servis avec le personnel nécessaire ... Car il apparait qu'ils ont des lits, mais qu'ils manquent de personnel. Or, sans le matériel et sans le personnel, un lit est inutile.
Mais, le plus grave, c'est qu'il manque l'essentiel, car la crise liée au déclenchement a montré que les informations circulaient très mal. Le système actuel a une maille hebdomadaire, pour suivre la varicelle ou la grippe saisonnière, c'est suffisant. Avec le système actuel, des volontaires répondent à un questionnaire une fois par an. Pour les habitants de Colmar, nous sommes 11 ... Il y a aussi un réseau de médecin "de ville" volontaires qui après avoir fini leur service remplissent des questionnaires où ils indiquent combien de patients ils ont vu pour telle ou telle maladie. Puis, il y a une remontée des services des urgences. Et on teste à la grippe toutes les personnes admises aux urgences. Cela est regroupé sur un bulletin hebdomadaire.
Or, au début de l'épidémie, on n'a pas vu la vague des Ehpads qui aurait pu alerter. On a réagit en retard, l'ARS Grand Est a reconnu qu'elle a compris le 03 mars d'où était né le cluster de l'Est. Il se trouve que le même jour l'hopital de Mulhouse a accueilli son premier malade covid en réanimation. En fait, depuis le 29 février l'ARS Grand Est s'était saisi du cas d'une infirmière du CHU de Strasbourg qui avait les symptômes du Covid19, puis qui a été testée positive. Cette infirmière a contribué à la contamination de plusieurs dizaines de soignants à Strasbourg. Ils n'ont compris que le 03 mars que c'étaient ses enfants qui l'avaient contaminée et pas elle qui avait contaminée ses enfants. Là, on aurait pu gagner 3 jours, et cela fait pas mal de malades en moins.
Mais, ce n'est pas le plus grave. Le plus grave c'est qu'alors que le nombre de malades en réa a dépassé en une semaine le nombre de malades des 2 semaines précédentes, on n'a pas réagit tout de suite en déclarant l'entrée en phase 3. Pire, il semblerait que le virus circulait peut-être depuis fin décembre 2019 ... et personne ne s'en est rendu compte. Là, c'est le gros échec du système de la santé français. Avant de réformer l’hôpital, il faudra réformer le système de pilotage de la santé en France ! Ensuite, il faudra voir pourquoi certains pays ont réussi l'intégration de la médecine de ville avec les hôpitaux publics et les urgences, sans oublir d'y intégrer aussi les cliniques privées.
Il faudra ensuite associer à tout cela, les systèmes annexes : les Ehpad, les Ehpa, les centres de soins, les centres de convalescence, les centres de repos, puis les infirmiers et les laboratoires. Pour l'instant, on a un mix entre un système libéral qui se charge de la partie "rentable", parfois en se servant des failles du système, et le système hospitalier. Tout cela est très cloisonné et on a échoué à faire en sorte qu'ils travaillent ensemble. Même durant la crise on a vu des loupés, des cliniques qui se plaignaient de ne pas recevoir de patients, alors qu'on avait indiqué qu'elles devait soit servir de réserve en attente du débordement de l’hôpital public, ou alors qu'elles devaient accueillir les patients non-covid, tandis que les CHU s'occupaient des Covids.
C'est dommage, de tout cela, cet article oublie de parler, et il fait comme si rien n'avait changé, ou pas grand chose. Pratiquement, il aurait pu être écrit en janvier de cette année, il ne me semble pas apporter grand chose de neuf.