pierma a écrit:
on va tout droit vers un scénario italien.
Oui. Le scénario italien est courru depuis début mars, après découverte des foyers en France, et en connaissance de cause puisque l'Italie était déjà confinée. Notre capacité en lits est toujours de 5000. Donc nous y sommes.
Il est trop tard pour imiter Singapour. Mais
nous sommes toujours dans une réponse sous-calibrée par rapport à ce qui peut -ce qui doit- être fait, et a été fait en Chine et en Corée, pays les plus touchés qui ont su inverser la courbe: une seule personne par foyer autorisée à quitter le domicile, une fois tous les trois jours, avec masque obligatoire. Toute politique en-deçà prolonge d'autant l'épidémie. Autres mesures: construction d'hôpitaux dédiés par l'armée, enquête systématique des contacts pour chaque contaminé, politique agressive de tests de dépistage en commençant par ces contacts, quarantaines strictes pour les positifs.
Pour la France, le gouvernement dit et répète qu'il a pris toutes ses décisions - tardives - sous le conseil "des scientifiques". Ces "scientifiques" ont bon dos , et sont certainement "nos" scientifiques: pas les scientifiques Chinois (les meilleurs du monde selon le Pr. Didier Raoult), ni même les scientifiques italiens. Ce groupe impersonnel de "scientifiques" , sont-ce des médecins, des épidémiologistes, microbiologistes, des immunologistes, des chercheurs, lesquels? Ils ne doivent pas lire l'anglais, langue internationale des publications, et encore moins le Chinois (Google traduction fonctionne pourtant). En clair:
1. la communauté scientifique avait largement de quoi être documentée fin février, a fortiori début mars
2. la communauté tout court, au sens large, à commencer par les responsables politiques, de tous bords, savait aussi lire et regarder par elle-même, et en déduire les décisions possibles. Sandra Zampa, vice-ministre italienne de la santé, a déclaré que la classe politique italienne avait regardé se développer la situation chinoise comme un mauvais "film de science-fiction qui n'avait rien à voir avec nous", y compris raillant les décisions de confinement. Quand les cas de virus ont explosé, cette vision a mis des semaines à changer. Semaines cruciales. Le 21 février, Codogno et la région de Lodi étaient déjà en isolation totale, mais à Rome les chefs politiques continuaient à prendre cela à la légère. Quand l'Italie a changé son fusil d'épaule, le reste de l'Europe a regardé l'Italie comme l'Italie regardait la Chine. Ce retard, nous le payons en centaines de contaminations.
L'OMS , souvent citée, devra dorénavant être regardée avec distance: ce ne sont pas des spécialistes qui y siègent, et elle a eu plusieurs opportunités de déclarer la pandémie. La pandémie était patente dès la mi-février avec plusieurs foyers en Asie et le nombre de contaminations croissant en Italie. Le 21 février: premier mort en Italie, on connaissait des dizaines d'autres cas critiques et le taux de progression. L'OMS a attendu le 12 mars pour déclarer la pandémie. Nul besoin pour les gouvernements européens d'attendre cette déclaration de l'OMS pour agir, certains l'ont fait, mais disons que cela n'a pas aidé.
Petite anecdote: alors que le message officiel en France était depuis février: "lavez-vous les mains", il se trouvait encore des écoles sans savon dans les toilettes, donc pas de lavage réel avant la cantine, les récrés, etc... . Petit détail d'économat? Certes. Mais dont on voit qu'il a toute son importance dans la propagation du virus, et dans les épidémies de gastro chaque année. Le diable est dans les détails.
Comme conséquence collatérale, nous allons certainement assister à un chamboulement du paysage politique dans plusieurs pays. Aux Etats-Unis, Trump qui devait être réélu dans un fauteuil en Novembre, va se retrouver face à un pays différent. Il devra s'expliquer, sur les victimes, et sur une économie à l'arrêt pendant des mois, pour une large part imputable à ses décisions.