Citation:
Quant à cette dernière, je vous rappelle qu'il y avait menace d'un triple véto: français, chinois, russe. Plus l'opposition bien réelle de l'Allemagne qui n'avait pas de droit de véto.
Oui, et c'est pourquoi j'avais trouvé la réaction uniquement antifrançaise des US parfaitement irrationnelle et injuste. Sauf par rapport à la notion de lâchage par un allié, ce que n'étaient ni la Chine, ni la Russie.
Mais cette notion de lâchage est pour moi superficielle; la raison profonde de cette réaction US est d'une part un préjugé anti-français préexistant, d'autre part le sentiment d'impunité résultant de la considération que la France est devenue une puissance de second plan, et qu'on peut donc s'attaquer à elle sans grandes conséquences économiques et politiques, ce qui n'est pas le cas pour la Russie et la Chine.
La recherche d'ennemis est particulièrement cruciale dans la politique américaine; quand l'URSS s'est effondrée, il a fallu en trouver d'autres, et "heureusement", le fondamentalisme islamique a pris le relais.
Néanmoins, le capitalisme américain a besoin spécifiquement et de façon permanente d'un épouvantail à agiter pour convaincre les masses que tout ce qui pourrait rapprocher tant soit peu la société US du socialisme (plus de protection sociale, un système de santé universel, plus de régulations économiques et financières, plus d'intervention de l'Etat, des syndicats plus puissants et plus contestataires, etc) est contre-productif et dangereux. En continuité avec un préjugé anti-français ancien, et du fait que la Russie ne peut plus remplir ce rôle, c'est à la France qu'il a été dévolu.