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 Sujet du message: Les politiques anti-natalistes dans le monde
MessagePosté: Jeu 8 Oct 2009 18:22 
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La Chine ne semble pas le seul pays du monde a mettre en œuvre une politique nataliste très stricte. Le Vietnam d'après wikipedia aurait copié la Chine et applique aussi la politique de l'enfant unique.

Partout (ou presque) dans le monde la natalité est en chute libre.
Est ce que les organisations internationales font pression sur les pays émergents pour appliquer des politiques anti-natalistes ?

Quels sont les pays qui comme la Chine appliquent des politiques anti-natalistes très strictes ?

Qu'en est-il de l'Inde ?

_________________
"Les gosses n'apprennent plus rien à l'école; en histoire-géo par exemple, ils doivent se débrouiller comme ils peuvent. Bientôt, un gamin nous dira par déduction que l'an 1111 correspond à l'invasion des Huns....."


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 Sujet du message: Re: Les politiques anti-natalistes dans le monde
MessagePosté: Jeu 8 Oct 2009 21:08 
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Vitalis a écrit:
Est ce que les organisations internationales font pression sur les pays émergents pour appliquer des politiques anti-natalistes ?

Il semble que la totalité de ces pays agissent sur des motivations politiques et économiques internes. Les autorités vietnamiennes et chinoises n'agissent ainsi que dans l'espoir d'en tirer la gloire et la prospérité de leurs Etats respectifs.

En tout cas, je ne connais pas d'exception à ces motivations internes.
Vitalis a écrit:
Quels sont les pays qui comme la Chine appliquent des politiques anti-natalistes très strictes ?

Très strictes, je n'en sais rien.

Efficace, je n'en connais qu'une seule : celle de Singapour.
Vitalis a écrit:
Qu'en est-il de l'Inde ?

L'Inde est un Etat fédéral où chaque Etat fait ce qu'il veut. D'après l'article qui suit (et date déjà), certains Etats ultra-libéraux laissent faire et souffrent d'une natalité importante (et d'un sex ratio déséquilibré en faveur des garçons) tandis que d'autres Etats interventionnistes pratiques des politiques natalistes incitatives qui limitent la surnatalité (et l'élimination des filles) :
Citation:
« Chaque fois que l’on dit quelque chose sur l’Inde, il faut savoir que son contraire est tout aussi vrai », avertit Dileep Padgaonkar, un journaliste de New Delhi qui prépare le lancement d’une chaîne de télévision internationale.
L’observateur le lus novice s’en rend vite compte. En Inde, la misère la plus abjecte côtoie la richesse la plus obscène. En Inde, des universitaires et des centres scientifiques d’excellence sont des oasis brillantes dans un immense désert d’illettrisme. En Inde, où a été conçu le second bébé-éprouvette du monde, on pratique l’infanticide des filles pour éviter d’être ruiné par la dot indispensable à leur mariage. En Inde, où la malnutrition touche d’énormes pans de la population, une marque de produit amaigrissant, vantée chez nous à la télévision par Clémentine Célarié, a érigé de grands panneaux publicitaires à Delhi. En Inde, on lance des fusées, on possède la bombe atomique et, en plein Bombay, cinquième ville la plus peuplée du monde, avec 10 millions d’habitants, des éléphants servent d’engins de chantier. À Delhi, les enfants des riches rentrent chez eux après l’école dans des triporteurs à traction humaine. En Inde, on converse avec le monde entier via des satellites, mais c’est un homme qui, en pleine circulation, à Trivandrum, dans le Sud, plonge en apnée dans l’eau putride chargée de déjections pour déboucher à la main un égout que la dernière averse de mousson a engorgé. En Inde, toute l’histoire de l’humanité se retrouve en même temps, en un même lieu. C’est simultanément la préhistoire qui continue dans les tribus du Nord-Est ; le Moyen Âge dans nombre de campagnes ; le capitalisme industriel sauvage du XIXe siècle dans les fabriques où les enfants sont exploités ; le XXIe siècle dans l’informatique de pointe et les biotechnologies. […]
D’un côté, en plein cow belt (la ceinture des vaches… sacrées), le cœur éternel de l’Inde, formé par les États hindouistes du Nord (Bihar, Madhya Pradesh, Rajasthan) : l’Uttar Pradesh. Là, sur 9 % du territoire national, s’entassent quelque 140 millions d’âmes (138 760 417 précisément, au recensement de 1991), soit 15 % environ de la population totale de l’Inde.
De l’autre, à 2 000 kilomètres au Sud d’Agra et de son fabuleux Taj Mahal de marbre blanc, sur la côte ouest, face à la mer d’Oman : le Kerala. Avec ses 29 011 237 habitants, il ferait figure de nain si la densité n’y atteignait le chiffre record de 747 habitants au kilomètre carré.
D’un côté, selon les estimations du docteur Balaji, de Delhi, 35,6 naissances annuelles pour 1 000 habitants et une mortalité infantile, entre 0 et 4 ans, de plus de 99 pour 1 000.
De l’autre, 19,6 naissances et une mortalité infantile de 17 pour 1 000.
En quelques chiffres se dessine le paradoxe du Kerala, qui fait rêver les démographes du monde entier. Un paradoxe que l’on peut ainsi résumer : éducation, plus de vaccinations, moins de mortalité infantile et maternelle, égale… moins de naissances ! Ce petit État surpeuplé, longtemps administré par les communistes, est tout simplement en passe de réaliser sa transition démographique, caractérisée par le passage d’un régime de forte natalité-forte mortalité à celui de faible natalité-faible mortalité. Aujourd’hui, la population du Kerala croît encore au rythme de 1,1 % par an, mais la croissance zéro par simple renouvellement des générations est en point de mire. Dans le même temps, l’Uttar Pradesh galope encore à un taux moyen supérieur à celui de l’Inde dans son ensemble, c’est-à-dire plus de 2 %.
Contrairement aux idées reçues, se félicitent les responsables de l’Unicef, c’est bien en empêchant les enfants de mourir, en les gardant à l’école le plus longtemps possible et en permettant aux femmes d’accoucher à l’hôpital que le Kerala est en passe de réussir l’exploit. Avec retard, l’Uttar Pradesh relève le défi, car la cynique formule « Pour limiter la croissance démographique du tiers-monde, il n’y a qu’à laisser les enfants mourir » se révèle non seulement criminelle, mais, de plus, totalement inefficace. Car « tant que la mortalité infantile ne descend pas au-dessous de 100 pour 1 000, les êtres humains continuent à faire le plus d’enfants possible afin d’assurer leurs vieux jours », professe depuis des années la sociologue française Thérèse Loco. Le contre-exemple du cow belt lui donne raison.
Alors, de la notion stricte de contrôle des naissances on est passé à celle d’espacement des naissances par le welfare, le bien-être. Et ça marche. Aussi, à Trivandrum, Alleppey, Cochin, et dans tout le Kerala, on vaccine à tour de bras contre les six fléaux majeurs de l’enfance : polio, tétanos, diphtérie, rougeole, coqueluche et tuberculose. […]
La situation s’améliore lentement, mais le travail est immense si l’on en juge par la détresse des quelques femmes rencontrées dans un centre de protection maternelle et infantile du slum Bunda Katla, où s’entassent 50 000 personnes de basses castes et d’intouchables, dans le banlieue d’Agra. Celle-ci, qui a déjà quatre enfants, vient faire vacciner sa dernière fille. À 6 mois, le bébé paraît en avoir 2. Ses grands yeux, perdus dans des orbites immenses, ne laissent rien présager de bon. Maladie ? Sous-alimentation ? Le soupçon plane. Car, dans cette partie de l’Inde, avoir une fille est une calamité économique. Plus tard, il faudra la doter richement pour qu’elle puisse accomplir le rite sacré du mariage (arrangé !). Les filles sont si malvenues qu’à des parents on ne demande pas combien ils ont de garçons, combien ils ont de filles, mais « combien de plus, combien de moins ? »
Alors, à la naissance, un grain de paddy, riz non décortiqué, placé dans la trachée, quelques herbes empoisonnées ou un chiffon bourré dans la bouche font l’affaire. ceux qui reculent devant l’infanticide, souvent voulu par la belle-mère, se contentent de sous-alimenter de façon chronique les filles, qui finissent par être emportées « naturellement » à la première infection. Dans les classes aisées, on recourt à la détermination du sexe in utero par échographie ou amniocentèse, comme le proposent d’immenses panneaux publicitaires de cliniques privées […]. L’avortement se chargera des « moins »… Plusieurs États ont récemment adopté des législations interdisant ce recours aux techniques « modernes », car si, vu leur coût, elles restent marginales, elles consolident le « modèle culturel » qui fait des filles des indésirables.
Si l’on ajoute à ces éliminations des petites filles – quelques 80 000 cas chaque année – la mortalité en couches et les « feux de sari » - qui permettent aux belles-mères et à leurs fils chéris de se débarrasser d’une femme dont la famille est incapable d’honorer la dot – on en arrive à un déséquilibre unique au monde entre les deux sexes. Ainsi fait-on mentir en Inde les statistiques mondiales, qui enregistrent, pratiquement à la naissance, l’égalité entre les sexes. Pour l’ensemble de l’Inde, le « sex ratio » est de 929 filles pour 1 000 garçons. Il tombe à 882 en Uttar Pradesh, pour remonter à 972 au Tamil Nadu, État mitoyen du Kerala que dirige, d’une poigne de fer, Mme Jayalalitah. Là, un appel a été lancé : « Ne tuez pas vos filles, abandonnez-les, l’État les élèvera. » En six mois, 65 abandons ont été enregistrés.
En ce domaine encore, le Kerala fait exception. On y compte, grâce essentiellement à la qualité des soins aux accouchées, qui fait chuter la mortalité maternelle, 1 040 femmes pour 1 000 hommes.
Cependant, empêcher les enfants de mourir n’est pas suffisant pour inciter les couples à se contenter de deux enfants. Tout le monde s’accorde sur la nécessité de réduire, autant que faire se peut, le période de fécondité des femmes. Or, jusqu’ici, force est de reconnaître que, à part la stérilisation, les techniques contraceptives n’ont eu qu’une influence marginale sur la démographie. En revanche, l’éducation des filles apparaît déterminante. Plus longtemps une petite Indienne ira à l’école, plus elle se mariera tard, moins sa période de fécondité sera longue. Ces 6 089 gamines en jupe verte et corsage blanc de l’école de Cotton Hill à Trivandrum qui obtiennent 93 % de succès aux examens et restent scolarisées au moins jusqu’à 15 ans, « c’est autant de trop jeunes mères de famille en moins », explique avec force gestes M. Gopinathan, l’enthousiaste coordinateur pour le Kerala du « programme des pauvres ». En scolarisant ainsi 87 % des filles, contre 26 % en Uttar Pradesh, non seulement le Kerala recule l’âge du mariage, raccourcit la période de fécondité, mais il arme également les futures mères de famille contre un avenir qui, par bien des aspects, fait penser à de l’esclavage sexiste.
Cependant, dans cette Inde encore profondément illettrée, un phénomène inédit se fait jour. « Nous découvrons que, grâce à la télévision par satellite, des gens pourtant totalement illettrés sont informés sur le planning familial et les problèmes de croissance démographique », note Dileep Padgaonkar, journaliste à Delhi.
Mais l’impact de la télévision ne saurait seul expliquer l’écart considérable entre les tendances démographiques de l’Uttar Pradesh et celles du Kerala. […] Depuis toujours, cet État côtier a été tourné vers le grand large et les idées nouvelles qui surgissent de l’horizon avec les grands navigateurs. […] En cette fin de siècle, les Kéralais ont toujours l’âme voyageuse. Un millions d’entre eux au moins travaillent à l’étranger, dont 800 000 dans les pays du golfe Persique. Par comparaison, le reste de l’Inde ne compte guère que 600 000 expatriés temporaires. L’argent et les idées neuves que rapportent au pays ces migrants sont autant de facteurs favorables au changement. Mais il en allait déjà de même au temps de la domination britannique. Les trois royaumes de Tavancore, Cochin et Malabar étaient dirigés par des rajas éclairés à qui la puissance coloniale déléguait une part du pouvoir. Ils réalisèrent une réforme agraire et favorisèrent, déjà, l’enseignement. Sans le savoir, ils ont armé leur pays contre ce fléau du XXe siècle : la démographie galopante. Un cocktail explosif, fruit de la pauvreté et de l’illettrisme. En combattant les deux premiers tout en favorisant la santé, l’Inde chemine, lentement, vers la croissance zéro, qu’elle espère atteindre d’ici à la fin du prochain siècle. Force est de constater que la contraception ne joue dans ce processus qu’un rôle secondaire, comme le montre l’exemple du Kerala.

1994, Le Point 1146, 53-57


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 Sujet du message: Re: Les politiques anti-natalistes dans le monde
MessagePosté: Jeu 8 Oct 2009 21:12 
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De manière plus générale, la méthode la plus naturelle pour amoindrir la natalité semble d'amoindrir la mortalité infantile et maternelle (vaccination, protection maternelle et infantile, instruction et gestion des jeunes filles, paix des armes, etc.).

Plus les enfants survivent, moins les femmes en font.

Une autre solution pour informer les femmes : les sitcoms ! ;)

viewtopic.php?f=13&t=260


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 Sujet du message: Re: Les politiques anti-natalistes dans le monde
MessagePosté: Ven 9 Oct 2009 18:29 
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Vitalis a écrit:
Partout (ou presque) dans le monde la natalité est en chute libre


Pas d'accord. Certains pays font leur transition démographique mais même dans ce cas la natalité va rester forte pendant quelques décennies. Le fait qu'on soit à 2 enfants par femme au Maghreb ne veut pas être pas dire que la population va se stabiliser tout de suite car la plupart des Maghrébins sont jeunes.

La population de l'Afrique devrait passer de 900 millions à 2 milliards dans une quarantaine d'années. Des pays d'Asie continuent de voir leur population croître, à commencer par le Pakistan.

La démographie indienne est en hausse et devrait bientôt dépasser celle de la Chine (cent-cinquante millions d'habitants ça fait peu si on se fie à ces deux pays, mais à l'échelle mondiale c'est une autre affaire...).


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