Narduccio a écrit:
Pour être franc, environ 99% des climatologues constatent un réchauffement global. Pour 90% d'entre eux, il serait d'origine anthropomorphique (causé par l'homme). Donc, tous les climatologues soit se trompent, soit nous trompent ?
Je crois que le fond de notre affaire est là. La négation du réchauffement climatique s'inscrit dans une longue tradition de lobbying, notamment aux USA par le secteur des pétroliers où il a été - et est toujours - le plus virulent, lié à des positions certainement idéologiques nullement scientifiques, et à de forts conflits d'intérêts.
Il devient clair à présent que plus aucun scientifique sérieux ne dénie le réchauffement du climat à l'échelle globale. Mais parmi ceux que l'on nomme les climatosceptiques, beaucoup tempèrent déjà ce réchauffement sur une base scientifique en arguant du fait que les données dont on dispose, en particulier les plus anciennes (disons celles qui ont plus d'un siècle), sont peu fiables et les modèles théoriques qui se fondent sur ces dernières ont une marge d'incertitude très importante. C'est le premier point.
Le second point est évidemment ce que vous avez à juste raison soulevé, à savoir qu'il convient de déterminé si ce réchauffement effectif est d'origine anthropique ou non. C'est le point sur lequel il peut y avoir un vrai débat scientifique. Tout à fait souhaitable par ailleurs puisque, faut-il le rappeler, le débat scientifique, sa publicité, et la confrontation des points de vue et des hypothèses est l'objet même de la science et le propre de toute démarche scientifique.
Mais précisément, c'est sur ce fait précis que les climatosceptiques ont quelques reproches, àmha légitimes, à faire aux soutiens, certes majoritaires au sein de la communauté scientifique, des modélisations et projections du Giec. Car on ne peut pas ne pas ignorer que ces derniers ont aussi cherché à disqualifier, pour ne pas dire ostraciser de façon grossière, certains tenants de théories alternatives et/ou non-conformistes. En usant ainsi des armes de leurs supposés adversaires, qu'ils ne manquent pas de dénoncer dans le même temps...
Ce dont s'est plains par exemple Vincent Courtillot, dont je ne crois pas qu'il soit "facile à acheter", pour qui le géomagnétisme et l'irradiance solaire semblent être la cause principale des variations à la hausse des températures actuelles. A cette occasion ce dernier dénonça avec vigueur la fermeture du monde scientifique, revues comme instituts, à toute interprétation du changement climatique différente de celle - dominante, du Giec: "La science ne fonctionne jamais par consensus. Affirmer à propos d'une science aussi nouvelle que l'on est sûr à 90% du réchauffement d'origine anthropique, ça n'est pas sérieux".
On opposera à cet argument que le débat est déjà ouvert et que le rapport du Giec, en effet synthétique, ne retient donc pas les incertitudes sur l'ampleur du réchauffement à venir, le rôle du soleil et d'autres phénomènes météorologiques, puisqu'ils ne reflètent pas la position de la majeure partie de la communauté scientifique.
Pour y répondre Vincent Courtillot estime justement que cette méthode de validation par consensus est porteuse de danger, aux fins de servir essentiellement des vues politiques et totalement inopérante pour faire émerger des vérités scientifiques. Il aime à rappeler pour étayer son point de vue l'exemple de la tectonique des plaques, formulée par Wegener au début du XXe siècle mais admise par l'ensemble de la communauté scientifique dans les années 1970 seulement, et qu'ainsi "jamais la dérive des continents n'aurait pu être approuvée par consensus".
Une de ses remarquables interventions: instructif, pédagogique et lumineux.
http://www.dailymotion.com/video/xdklsb ... -du-g_news