On ne peut parler d'intégration sans parler de l'intégration républicaine par ce qui faisait objectivement l'une des forces de notre pays, et qui était (je dis bien
était, malheureusement), son système éducatif. Sans équivalent de part le monde. Or l'échec de cette institution qu'incarne l'Education nationale, échec qui est à présent de notoriété publique, est aussi celui des syndicats du monde éducatif de gauche qui l'ont cogérés avec les différents ministère, et qui ont toujours réussis a imposer leur vision. Dans les années 90 on a augmenté par exemple de 100 000 le nombre d'enseignants à effectifs constants, parallèlement que se poursuivait la lente et (semble-t-il) inexorable dégradation de la qualité de l'enseignement en France. De quels résultats ces syndicats peuvent-ils se prévaloir ? A qui doit-on imputer les 170 000 élèves qui sortent chaque année de leur scolarité sans le moindre diplômes ? Les profs n'ont jamais été aussi nombreux en france et les "gauchistes attardés" n'ont qu'à constater l'impasse de leur idéologie lénifiante. Cf
La fabrique du crétin, l'une des très rares industries florissantes en France.
http://www.sauv.net/brighelli.phpD'autre part il vaut remettre cela dans une perspective historique: la dimension laïque de l’enseignement en France a contribué, dans la mesure du possible, à
sanctuariser ce lieu de savoir de toute ingérence d’ordre religieux. Depuis notamment les glorieux hussards noirs de la IIIè République. C’est son particularisme, et quelque part l’identité nationale que l’on se fait de l’enseignement dans ce pays. C’est donc aussi un projet républicain qui refuse par principe l’éclatement de la nation en communautés séparées (dans ce cadre l’octroi d’un privilège à une communauté particulière serait d’ailleurs paradoxalement ni plus ni moins que de la discrimination). Ce particularisme a précisément pour ambition de développer l’autonomie des élèves, et notamment leurs esprits critiques, à l’abri, du moins pendant les heures de cours, de considérations dont ils sont encore loin de maitriser les enjeux.
Sur ce apparaît le voile islamique à l’école à la fin des années 80 à Creil (Oise). De part le bouleversement symbolique et culturel qu’il implique, dans un contexte de retour indéniable du religieux dans l’espace public qui induit une pression latente et progressive indiscutable, et devant le vide juridique des institutions, le Conseil d’état est saisi pour arbitrage. Il rend un avis, à partir d’une synthèse des textes de loi ainsi que des conventions internationales qui engage la France, a priori très clair : les signes religieux ne sont pas par principe incompatibles avec le principe de laïcité et de neutralité des agents de la fonction publique au sein des établissements scolaires d’Etat. Néanmoins, l’avis rendu est circonscrit et conditionné de telle façon qu’en pratique il est rendu légalement impossible aux élèves d’avoir force de droit. Cet embrouillamini qui laisse libre des interprétations manifestement contradictoires conjugué au refus obstiné de quelques rares élèves est à l’origine de contentieux tout au long des années 90 qui conduit très directement au projet de loi sur les signes religieux, voté par la représentation nationale en 2004, ce qui vient clore le débat. Et clarifier la situation.
Constatons cependant que le comportement de ces jeunes filles, ainsi que leur relais par certains groupes de pression, ont largement contribué à "durcir" l'opinion à leur encontre, c'est incontestable. Une bonne raison à cela: étant convaincu par elle-même, ou par d'autres, et notamment du fait et de la responsabilité de certains "idiots inutiles", d'être victime de graves discriminations de la part des institutions - ce qui est parfaitement indémontrable puisque factuellement faux - ces jeunes filles radicalisées ont joué le jeu de la provocation (au même titre que les drapeaux algériens brandis dans les rues de France et j'affirme que c'est ici la même dynamique comportementale qui se manifeste), entérinant ainsi aux yeux d'une majorité une dérive sectaire (car jusqu'au-boutiste) de leur pratique religieuse. Et on en revient nécessairement à l'interprétation qu'elles font des textes (et n'oublions pas à l'occasion leur "entourage"), et la vision sociale et surtout politique qu'elles en tirent, visiblement incompatible avec les principes laïcs d'un Etat sécularisé.
Rétroactivement ce simple fait suffit en définitive à démontrer que cette loi fut rendu absolument nécessaire à l'époque. Car le comportement de ces jeunes filles (je pense encore au rôle qu'on pu jouer leurs familles) à présent que la loi est votée, et même bien avant en réalité puisque la loi est une conséquence, non une cause ; ce comportement donc témoigne d'une intransigeance inhérente à leur interprétation des textes religieux, d'un chantage même auquel d'ailleurs beaucoup d'opposants à la loi ont succombé (par proximité idéologique ou par simple pusillanimité), proprement inacceptable. Car c'eût été une atteinte aux fondements de la République, lourde de conséquence pour ce qui concerne la cohésion nationale donc la paix civile. Par conséquent la loi de 2004 sur les signes religieux fut une clarification qui valut pour sauvegarde et réaffirmation de nos principes.
Ce qui a le mérite également de mettre en évidence que le débat sur le voile à l'école masque en réalité un second débat de plus grande importance. Qui est en l'espèce la sourde détermination d'une infime minorité issue des derniers flux migratoires (car je ne parle absolument pas des croyants dans leur ensemble) non pas seulement d'affirmer frénétiquement une composante communautaire de leur identité, de la mettre en avant ; mais aussi et surtout de remettre en cause au mépris de la volonté populaire et démocratique (donc du vivre ensemble), certains hauts principes constitutifs de notre République. A partir de là il n'y a aucune raison, hormis encore une fois le chantage lamentable à l'éducation, et même pour des raisons de pragmatisme qui n'est clairement plus opératoire à ce niveau d'exigence et de non-dialogue, que la République cède sur aucun de ses fondamentaux. Bien au contraire.
Le Conseil constitutionnel valide donc la loi dans la foulé, elle est donc réputée constitutionnelle et supposée respecter son préambule, c’est à dire entre autre la déclaration des droit de l’Homme et du citoyen de 1789 ainsi que la liste des principes fondamentaux. L’aspect proprement discriminatoire n’est donc plus recevable à ce niveau d’interprétation. A fortiori l'accusation de racisme – évidemment - tombe. Enfin, une fois n'est pas coutume, la décision du 18 Juillet 2009 rendu par la Cour européenne des droits de l’homme (qui est, je le rappelle à toute fin utile, un organisme indépendant supra-national qui n'hésite pas à condamner régulièrement la France dans d'autres dossiers, et qui n'est pas par conséquent soupçonnable de partisianisme) qui confirme, je cite : "le bien fondé de la loi française" en soulignant "que ce sont des impératifs de protection des droits et libertés d’autrui et de l’ordre public qui ont motivé les décisions d’exclusion" et "rappelle l’importance du rôle de l’État comme organisateur neutre et impartial de l’exercice des diverses religions, cultes et croyances". Elle rappelle également "l’esprit de compromis nécessaire de la part des individus pour sauvegarder les valeurs d’une société démocratique".
Je rappellerais au passage cette maxime de Montesquieu: "Il faut être attentif à ne point changer l’esprit général d’une nation" (Esprit des lois).
Je ne résiste pas, et je terminerai sur cela, à partager avec vous les conclusions du fameux rapport Obin de Juin 2004 qui fit tant polémique, après une vaine tentative de le masquer par nos chers pédagogues-fossoyeurs de l'Education nationale, sur je cite,
Les signes et manifestations d'appartenance religieuse dans les établissement scolaires, et qui est coeur de la problématique liée à l'intégration des enfants issus des dernières migrations.
Conclusion du rapport:
"Certains établissements, objectivement parmi les plus exposés, ont su traiter avec une remarquable efficacité les tentatives dont ils ont été l’objet, en en décourageant par là même sans doute bien d’autres. On peut rassembler sans difficulté les éléments de ces réussites, car ils ne sont pas différents de ceux que l’on a pu observer dans d’autres domaines comme la lutte contre la violence : un chef d’établissement possédant une forte personnalité, un important travail collectif en interne et avec l’environnement, une vie culturelle dynamique, une forte réactivité aux événements, un règlement intérieur simple, clair, connu de tous et surtout appliqué ; et, en cas de conflit, une volonté de dialogue et d’explication, mais jamais de transaction sur les principes ni de négociation sur les règles. Ce sont également des établissements où l’on ne tolère pas l’intolérable, où l’indifférence et la pusillanimité ne sont pas de mise lorsqu’il s’agit de menaces, de violences notamment à l’encontre des plus faibles et des filles, de prosélytisme agressif, de racisme ou d’antisémitisme. Dans ces collèges et ces lycées, on a compris que l’une des conditions essentielles pour que l’école retrouve un rôle majeur d’intégration est qu’elle soit intransigeante vis-à-vis de tous ceux qui veulent en faire un lieu de discrimination, de ségrégation, d’opposition et même d’affrontements entre des groupes rivaux crispés de manière indépassable sur des origines ou des croyances « naturalisées ».
Cette clarté dans les convictions, cette unité dans l’action, cette ouverture dans la communication et cette fermeté sur les principes républicains et sur les règles du droit devraient aussi pouvoir se retrouver au niveau académique où trop souvent des chefs d’établissement et des responsables s’expriment et agissent sur ce sujet de façon désordonnée. Trop souvent également s’est exprimée à ce niveau une conception de l’action - on parle ici par antiphrase - fondée sur l’évitement à tout prix des conflits et la crainte de leur médiatisation. Pour trop de responsables, un établissement sans conflits est un établissement sans problèmes. Nos observations tendent plutôt à établir la règle inverse : c’est là où l’on a transigé, où l’on a reculé, « passé des compromis » comme on l’entend dire souvent, que nous avons constaté les dérives les plus graves et les entorses les plus sensibles à la laïcité. On nous a décrit en de nombreux endroits, et nous avons nous-même observé, les conséquences désastreuses pour les établissements scolaires d’une telle stratégie de la paix et du silence à tout prix, face à des adversaires rompus à la tactique et prompts à utiliser toutes les failles, tous les reculs et toutes les hésitations des pouvoirs publics, et pour lesquels un compromis devient vite un droit acquis.
Sur un sujet aussi difficile, et aussi grave puisqu’il concerne la cohésion nationale et la concorde civile, soulignons qu’il est chez les responsables deux qualités qui permettent beaucoup, et qu’on devrait davantage rechercher, développer et promouvoir à tous les niveaux. Ce sont la lucidité et le courage."
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/ ... t_obin.pdf