Votre post contient des observations pertinentes
Kipling.
Les voitures brûlées n'existaient pas en effet il y a 30 ans, il est possible qu'il y ait eu d'autres comportements posant problème, mais qu'ils aient relevé d'une simple différence culturelle, qu'ils aient été non agressifs, non revendicateurs, la simple perpétuation de traditions et de normes d'origine, au lieu d'un rejet destructeur radical, comme les comportements actuels.
Citation:
je réalise que quoiqu'il fasse c'est mal, c'est nul, et que ce qui lui est reproché in fine c'est d'être là. Mais que ce rejet de l'autre se doit d'être présenté comme un rejet justifié, argumenté. Et que si les choses ont évolué depuis, c'est par le comportement de certains membres de cette communauté qui parfois me semble dire au travers de comportements inacceptables "on est là",et par une exploitation médiatique assez démentielle des incivilités en tous genres qui raisonne comme des "ils sont là"...
Ces comportements de rejet absolu, ("la seule solution, c'est qu'ils partent"), sont en train de se répandre. Ils sont simplistes, injustes, et surtout inapplicables. Cela dit, ils résultent assez souvent d'une irritation croissante envers les agissements des minorités qui donnent une image détestable de ces groupes et qui portent de ce fait une lourde responsabilité dans la stigmatisation qui peut frapper injustement tous leurs membres.
Si l'on a assisté a , ou été victime d'un certain nombre de ces incidents d'incivilité, de vandalisme ou d'agression pure, l'exaspération prend le dessus, la réflexion rationnelle et la mesure passent par la fenêtre, ces personnes en tirent la conclusion: "ils" ne sont pas intégrables, tous pareils, irrécupérables, etc.
S'y glisse aussi une peur fondamentale de l'islam: est-ce que les musulmans qui se disent modérés sont si modérés que ça? Beaucoup d'entre eux n'approuvent pas le port de la burka ou les mariages forcés mais se refusent à condamner explicitement ces pratiques, de même qu'ils se refusent à condamner explicitement telle ou telle mouvance fondamentaliste, par solidarité communautariste pensent les français dits de souche.
Cette attitude timorée des musulmans modérés par rapport aux extrémistes religieux crée un sentiment de malaise.
A quoi s'ajoute l'indignation suscitée par le fait que les habitants des quartiers refusent de condamner clairement, ou même soutiennent inconditionnellement leurs membres dévoyés , des groupes allant jusqu'à attaquer la police a balles pour défendre des criminels avérés comme récemment.
Tout cela aboutit à créer dans la population ce que j'apellerais le complexe du cheval de Troie: de quel côté sont-ils vraiment? Est-ce que leur allégeance à leur communauté et à la religion de cette communauté ne prime pas sur tout, et ne prendrait pas le pas, dans certaines circonstances, sur leur allégeance à la France et aux lois de la République?
J"ai été témoin de revirements de cet ordre, j'ai évoqué l'exemple de mon amie ethnologue, progressiste, procubaine et pro-indianiste dans les années 70, qui a passé sa vie à voyager en Amérique latine. Ayant été victime de plusieurs incidents désagréables, dont je n'ai raconté qu'un seul, elle dit s'être réveillée de son rêve angéliste, et voit maintenant cette communauté comme ne pouvant être qu'une cause constante de problèmes pour la France. C'est sans doute injuste mais on ne raisonne plus correctement dans la peur et dans l'exaspération. Je ne peux lui jeter la pierre, et si j'avais eu ces mêmes expériences désagréables, j'aurais peut être réagi comme elle; comme disait je ne sais plus quel analyste politique américain, "a conservative is a liberal who has been mugged by reality" (un conservateur est un progressiste qui a été attaqué par la réalité).
Il est facile aux bobos qui vivent dans des immeubles chics dans les beaux quartiers de mépriser les "petites gens" qui ont eu de telles expériences pénibles et dont la peur obscurcit les facultés de raisonnement. Il leur est facile de les traiter d'imbéciles et de beaufs.
Le fait est qu'ils est facile de jouer les belles âmes quand votre niveau de vie ou votre situation vous met à l'abri d'avoir votre voiture brûlée, d'être obligée si vous êtes une femme de vous habiller en pantalon pour ne pas être agressée et injuriée, et de devoir habiter un HLM envahi par les trafiquants de drogue et leurs nombreux clients (comme c'est le cas pour un membre de ma famille française qui vit au même étage qu'un de ces trafiquants dans un HLM d'une ville du centre de la France, trafiquant apparemment inexpulsable et inexpulsé depuis des années; ce parent (ex-membre d'une communauté hippie) étant en train de se radicaliser à droite lui aussi.
Tout ce que le PS trouve à dire à ces gens là, c'est de leur faire la morale, de leur seriner qu'ils ne DEVRAIENT PAS être exaspérés par ces comportements, que ce n'est pas bien, qu'ils ne devraient pas faire d'amalgame, qu'ils devraient rester généreux, tolérants, et compréhensifs envers ces communautés, dont les éléments dévoyés seraient excusables parce qu'ils vivent dans des conditions économiques très dures et sont victimes de discrimination.
Ce discours est irrecevable, ne serait-ce que parce que certaines de ces personnes vivent dans des conditions qui sont très semblables à celle de ces délinquants qui leur pourrissent la vie, et n'en tirent pas prétexte à se conduire comme eux.
La gauche doit changer de discours sur la sécurité, ou alors c'est le discours extrémiste de droite qui restera seul en piste comme seul réaliste et crédible sur ces questions, et qui risque d' occuper tout le terrain.