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 Sujet du message: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Lun 20 Déc 2010 20:50 
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Bonjour à tous,
C’est plus par défaut que je pose la question ici, la question étant relativement vaste. Si elle doit être déplacée, ainsi soit-il.
L’actualité ivoirienne mène à se poser des questions de fond. En effet, un pays recouvrant une souveraineté relativement récente doit s’interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour pérenniser son régime (quand il se veut démocratique). Quels moyens a un État de s’assurer l’allégeance de l’armée ? Une épuration des hauts officiers peut permettre à un gouvernement une relative sécurité à ce niveau, mais dans ce cas-là, la question se repose à chaque élection…
Je pense que pour répondre à cette question épineuse, il faut convoquer des cas qui ont été concluants dans l’Histoire ; je pense, par exemple à la troisième république mais il y en a bien d’autres. Quelles mesures ont été prises pour éviter ce genre d’écueils ?
Merci d’avance de vos éclairages, qui, comme d’habitude, ne manqueront pas d’érudition, de pertinence et d’intelligence…
Bien à vous.
PS : j’élude volontairement la question d’une intervention extérieure qui ne résout en rien la question en profondeur.


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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Sam 25 Déc 2010 23:45 
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Peut-être faudrait il relire Montesquieu et admettre qu'un régime politique n'est durablement stable que s'il est en harmonie avec les structures psychologiques et sociales du pays concerné ?


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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Dim 26 Déc 2010 14:03 
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Pour pérenniser une démocratie, le chemin est long.

D'abord parce que l'idéal démocratique va à l'encontre d'un fondement de la plupart des régimes. Dans presque tous les régimes politiques nationaux ou locaux, on tend à transmettre le pouvoir à des gens qui sont choisis ou nommés par le pouvoir. L' summum est lorsqu'un dirigeant arrive à transmettre le pouvoir à ses descendants qui en seront vus comme les propriétaires légitimes, même s'ils n'en ont pas les compétences...

En démocratie, régulièrement, le dirigeant vient devant le peuple présenter son bilan et lui en demander quitus. Dans de nombreuses cultures, un chef ne peut pas démissionner, il a une charge qu'il doit porter tant qu'un autre ne lui prend pas sa place ou qu'il ne meurt.

Pour qu'une démocratie se pérennise, il faut donc des chefs qui comme Mandela ou Washington quittent d'eux-mêmes le pouvoir alors qu'ils auraient pu le garder. Regardez l'histoire mondiale, vous n'en trouverez pas beaucoup de dirigeants "fondateurs" légitimes qui quittent le pouvoir de leur plein gré alors qu'ils n'auraient eu qu'à dire je reste pour qu'une grande partie de la population trouve cela légitime.

Mais, dans les cas africains, il y a plus que le destin d'un seul homme. Souvent celui-ci est entouré d'un clan, de "clients" dans le sens romain du terme. Bref, quelques dizaines d'hommes qui sont eux-mêmes entourés d'autres hommes, qui eux-mêmes .... Bref, il y a quelques dizaines de personnes dans le cercle proche de Gbabo ( on parle d'environ 80 personnes). Quelques centaines dans le cercle secondaire, quelques milliers, ou dizaines de milliers un peu plus loin. Souvent, ces gens n'ont pas été nommés à ces postes parce qu'ils étaient le meilleur candidat, mais par rapport à leur allégeance à Gbabo ou à un membre de son clan. Ces gens savent que si Gbabo quitte le pouvoir, ils risquent de perdre leur place, mais on risque aussi de découvrir leurs malversations et de les poursuivre pour cela. Ces gens sont piégés en Cote d'Ivoire. Ils n'ont plus le droit d'en sortir, leurs avoirs étrangers risquent d'être saisis, bloqués et eux risquent de finir en prison.

Gbabo s'est piégé lui-même en acceptant dans les conditions de l'accord de Prétoria (il paraitrait même que ce son les Ivoiriens de Gbabo qui avaient proposé cette solution=. La loi normale de la Cote d'Ivoire dit qu'une Commission Électorale Indépendante (CEI) contrôle est supervise l'élection et son dépouillement. Mais que le résultat est validé par le Conseil Constitutionnel. Cette pratique se retrouve d'une manière ou d'une autre dans de nombreux pays. En France, c'est le Ministère de l'Intérieur qui suit le bon déroulement d'un scrutin. Il y a de nombreux pays où une telle pratique serait perçue comme une main-mise du pouvoir sur le résultat des élections...

Lors des accords de Prétoria, les signataires de l'accord ont proposé et accepté que ce soit l'ONU qui valide les résultats de l'élection. Surement que Gbabo pensait mieux tenir la partie sud du pays. Il se trouve que ce n'était pas le cas. Il a largement été battu dans le nord. Mais, il n'est pas majoritaire dans le sud, malgré le bourrage des urnes. Si peu majoritaire que le Conseil Constitutionnel a annulé les résultats de 7 régions du nord du pays, mais qu'il a du invalider des voix en faveur d'Ouattara dans le sud du pays. Il l'a d'ailleurs fait d'une façon qui montre que même dans ce type d'activité, il est un amateur.

D'ailleurs, cet exemple de report des voix montre mieux le dilettantisme de ces apprentis-dictateurs. Admettons que dans une circonscription, il y a 180 000 votes exprimés et que ces votes se répartissent ainsi ; 50000 pour le candidat A et 80000 pour le candidat B. S'il y a suspicion de fraude, usuellement, on annule les votes douteux. Admettons que l'on considère qu'il y a 31 000 votes douteux en faveur du candidat B, le résultat final deviendrait : 50000 pour le candidat A et 49000 pour le candidat B. Les Ivoiriens ont réussi à inventer la machine à laver les votes. Pour eux, 31000 votes douteux donnent le résultat suivant : 81000 pour le candidat A et 49000 pour le candidat B... Et cela alors que les témoignages des observateurs indiquent que s'il y a eu fraude massive dans le sud, elle fut le fait du candidat A...

Bref, Gbabo a signé un accord où il donnait à une autorité indépendante et extérieure au pays le droit de valider le vote et maintenant, que ce résultat ne lui convient pas, il se base sur la loi ivoirienne pour valider le résultat qui lui convient. Mais, il fait cela de manière si grossière que même des militants de son parti lui disent qu'il s'est pris comme un idiot : http://www.afrik.com/article21577.html
http://www.afrik.com/article21567.html
Citation:
L’odeur de la mort est de retour dans un pays qui était promis au redécollage économique en cas d’élection incontestée d’un président, qu’il s’appelât Gbagbo, Ouattara ou Bédié, suivie d’élections législatives, départementales et locales qui auraient permis de recaser une bonne partie des élites ivoiriennes de tous bords. Est-ce en replongeant son pays dans une crise désormais inextricable que Laurent Gbagbo et son clan favorisent-ils la deuxième indépendance de la Côte d’Ivoire ? Est-ce en reportant de cinq ou dix ans supplémentaires la relance de l’économie du pays et de la région qu’ils œuvrent à la « libération » totale de l’Afrique du joug des puissances étrangères ? Est-ce en faisant prononcer des décisions ridicules par la plus haute juridiction de leur pays qu’ils feront respecter les institutions des États africains souverains par les donneurs de leçons de l’Occident ?

La situation postélectorale de la Côte d’Ivoire est extrêmement grave. La polarisation de la société ivoirienne savamment provoquée et exaltée par les propagandistes des médias publics et le ministre de la « rue » promu ministre de la Jeunesse de Gbagbo rend la perspective d’une « explication finale » plus crédible que jamais. Pour de nombreuses familles, l’heure du deuil a déjà sonné. Faut-il absolument que la Côte d’Ivoire cède à la tentation de la guerre civile totale pour que toutes ses élites politiques et militaires comprennent qu’il n’y a aucune alternative à la coexistence pacifique de toutes ses communautés, au respect du verdict des urnes et à la cogestion des institutions de l’État par les femmes et les hommes de toutes régions et de tous bords politiques ?

La stratégie du clan Gbagbo est suicidaire. Seul contre la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne, les États-Unis et capable de refuser de prendre l’appel téléphonique de Barack Obama, Laurent Gbagbo a définitivement prouvé au monde qu’il était « garçon » comme on dit dans les quartiers populaires d’Abidjan. Simone Gbagbo aussi est indubitablement garçon. Chapeau bas. Il est temps de montrer qu’ils sont aussi capables de faire preuve d’humanité et d’empathie pour tous leurs concitoyens, du sud, du nord, de l’est et de l’ouest. Faut-il vraiment plomber l’avenir de millions de personnes, d’un pays et d’une région juste pour gagner une place au panthéon des héros des luttes de libération africaines ?


En fait, meilleur moyen de pérenniser une démocratie tient à la réussite des transitions démocratiques. C'est pour cela que certains mots me choquent, comme par exemple quand on dit d'un adversaire politique qu'il est un fasciste en puissance ou un futur dictateur. Ces gens-là sont élus pour appliquer un programme. Ils ont réussi à convaincre plus de 50% des votants que leur programme était le meilleur. Même si je ne suis pas d'accord avec ce programme, je dois reconnaitre que jusqu'à présent nos représentants élus ont toujours respecté la transition démocratique. Demain, ce sera peut-être un candidat de mon camp, avec un programme qui me sied qui arrivera au pouvoir, quelque soient ces résultats, aux élections suivantes, il se représentera devant le Peuple en acceptant que celui-ci sanctionne éventuellement sa politique. C'est la seule manière de pérenniser une démocratie.

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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Ven 31 Déc 2010 11:30 
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bonjour à tous
http://www.franceculture.com/player?p=r ... te-3593301
à vous et bien à vous


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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Dim 2 Jan 2011 11:40 
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Ouais, l’accord de Prétoria date un peu, on m’a dit (mais je ne l’ai pas vérifié ) que les accords de Ouagadougou ont fait date depuis . Enfin bref, la question ne portait pas vraiment là-dessus.
Comme nous l’a suggéré avec beaucoup d’à-propos aigle, reprenons Montesquieu. Si on veut bien adopter sa façon de penser, il faut admettre que pour qu’un régime soit viable à long terme, il doit exister ce qu’il appelle un « principe ». Ce principe est une sorte d’osmose, de valeurs partagées, entre le peuple et ses dirigeants. J’ai l’impression que ce prérequis est effectivement incontournable si l’on cherche la pérennité.
Alors, pour la Côte d’Ivoire. Il semble que les valeurs communes, comme les dirigeants, soient définitivement scindés en deux. C’est jusqu’au point qu’on dirait que si un dirigeant s’efface, le pays se retrouve plongé dans la guerre civile. Ce n’est bien sûr pas à nous de réfléchir à leur place, mais pourquoi ne pas imaginer une sorte de directoire bicéphale, avec je ne sais pas, une répartition des portefeuilles ministériels équitable après des pourparlers.N’oublions pas l’influence de Montesquieu sur les rédacteurs au premier rang desquels l abbé Sieyès (si mes souvenirs sont bons) et de sa fameuse séparation des pouvoirs dans la constitution du directoire. Si la communauté internationale garde son devoir de réserve (s’il vous plaît , jouez le jeu,ne rebondissez pas là-dessus, cela nous emmènerait trop loin), peut-être pourraient-ils s’entendre sur une division de l’exécutif, compromis qui aurait au moins l’avantage de calmer les esprits.
Je reviens à ma question de départ : comment inféoder l’armée au pouvoir en place ? En France, comment cela s’est-il passé ? Est-ce que le pouvoir jacobin centralisateur a coupé les têtes qui dépassaient dans l’armée aussi, comme je crois me le rappeler ? Est-ce que Bonaparte n’était pas une tête qui dépassait que l’on a oublié de couper (je crois qu’à un moment, il n’est pas passé loin), et voilà comment l’armée recommence à faire sa loi. Après lui, ça ne compte pas vraiment, car la « communauté internationale» de l’époque pesait sur le régime en place, ce qui ne permet pas de déduire quoi que ce soit en ce qui concerne « la pérennité d un régime. Puis revient la république, il semble que le « principe »de Montesquieu ait fonctionné, au moins un certain temps, jusqu’au coup d’état du petit neveu.
Alors, je ne suis pas sûr que l’armée ait suivie les Bonaparte plus parce qu’elle partageait les visions politiques de ces derniers que pour le charisme militaire du premier et les résidus de ce charisme pour le second. Si je dis vrai, la notion de « principe » peut-être valable, mais seulement dans des conditions normales. Conditions qui , en définitive, ne sont pas tout le temps totalement réunies.
Donc, je ne suis pas sur que le prisme du « principe » de Montesquieu soit le bon, ni même si je l’ai manié avec pertinence, mais je suis sûr que vous avez votre avis là-dessus…
À vous et bien à vous.


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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Dim 2 Jan 2011 14:42 
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J'ai entendu un débat à la radio sur la Cote d'Ivoire. L'un des participants disait que la situation actuelle découlait du problème de "l'ivoirité". A cela, un autre participant, plus ancien à répondu que ce n'était pas tout à fait vrai. Dans un premier temps, cette "ivoirité" était quelque chose de fédérateur. Le pays était morcelé partagé par diverses ethnies, en fait, comme de nombreux pays issus de la colonisation, il s'agit de pays artificiels. Il fallait construire une identité nationale et Félix Houphouët-Boigny a lancé cette notion d'ivoirïté. En fait, tout ce qui se trouvait dans les limites du pays tel que voulu par le colonisateur pouvait se réduire à un point commun : l'appartenance à une société ivoirienne qu'il fallait bâtir et qu'on cherchait à bâtir.
Plus tard, pour des raisons politicienne, Henri Konan Bédié le successeur d'Houphouët-Boigny, ce sert d'une lecture restrictive de l'ivoirïté pour exclure des opposants politiques dont Ouattara. Et c'est cette politique qui va diviser le pays en deux régions qui sont différentes. Différentes à cause de leur géographie. L'une a accès à la mer, l'autre pas. L'une est plus citadine, plus industrielle, l'autre plus rurale et vit plus de l'exploitation de diverses ressources naturelles. A cela s'ajoute des différences ethniques, religieuses (le nord est majoritairement musulman et le sud chrétien). Mais, il y a aussi une plus forte émigration étrangère dans le nord.

Mais, ce que ne semblent pas voir les habitants de ce pays, c'est qu'en fait, les 2 moitiés du pays sont complémentaires. Effectivement, le sud est ouvert sur la mer et est très commerçant. Mais les échanges portent beaucoup sur des produits du nord. En fait, nous avons aussi le cas en France avec des régions productrices et des régions transformatrices et qui exportent.

Maintenant, le prochain pouvoir va avoir le choix : soit il continue à séparer le pays et c'est la scission à court ou moyen terme. C'est la politique menée par Milosevic en Yougoslavie qui a force de se replier sur le nationalisme serbe a réussi à casser la Yougoslavie. Il aurait pu choisir la voie d'un plus grand fédéralisme et marginaliser les nationalistes et on en parlerait comme d'un grand homme.
Le second choix est l'union. Soit sur la base d'une fédération plus ou moins autonome (modèle américain, allemand ou suisse), soit en refondant l'ivoirïté et faisant de ces ethnies et religions différentes un seul peuple. Bien entendu, il y a des gens qui essayeront toujours de diviser pour régner sur leur microcosme, parce qu'il y a des gens qui préfèrent régner sur 100 personnes plutôt qu'être le second ou le 3ème personnage d'une groupe de 1000 ou 100 000 personnes.

Actuellement, les ivoiriens semblent ce réunir sur un point particulier : Nous avons fait notre devoir (voter), mais nous refusons de mourir pour eux. A eux de se réunir et de résoudre la crise politique. C'est ce qui expliquerait que chaque camp ai du mal à fédérer de grands mouvements de populations et que les marches organisées n'aient pas de grands résultats (malgré la mort de plusieurs dizaines de personnes). Le peuple ivoirien semble ne pas vouloir d'une guerre civile et semble opposer une résistance passive à toutes les tentatives pour une résolution populaire mais sanglante de la crise. C'est peut-être le début d'une identité nationale minimale.

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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Dim 2 Jan 2011 16:18 
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Bonjour Narduccio,
Sauf erreur de ma part, les accords de Ouagadougou prévoyaient un préalable aux élections : le désarmement du pays (en dehors bien sur des forces régulières).Cette condition n’étant pas remplie, le scrutin n’est légalement pas valable ; c’est une chose.
Vous parlez de « raisons politiciennes »,Gbagbo parle de « raisons constitutionnelles ». L’une n’excluant pas obligatoirement l’autre, il serait intéressant d’éplucher cette constitution pour en savoir plus. Si, comme je suis assez disposé à le croire, la constitution interdit effectivement un étranger de se poser candidat à la présidence de la république, on est bien face à une deuxième raison de rejeter le résultat des urnes.
Et encore, je ne parle pas des irrégularités signalées par la commission électorale indépendante…
Mais, au prix qu’ont coûté ces élections, je comprends que personne ne soit si pressé que ça pour recommencer.
Alors, le conseil constitutionnel, comme le prévoit la loi, a tranché (n’oublions pas que ce dernier procède de l’exécutif) : irrégularités en faveur de l’opposant donc le vainqueur de l’élection sera le président sortant. Je crois que c’est bien ce « donc » qui est problématique : d’une part, les irrégularités ont été constatées dans les deux parties du pays, d’autre part (et même si l’on n’en avait constaté qu’au nord) rien, mais alors rien ne prouve la victoire de M. Laurent Gbagbo.
Je crois que la vraie ineptie dans cette histoire, c’est le rôle du conseil constitutionnel. Mais, que dire ? Si c’est la constitution, c’est la constitution. S’il faut la changer, il fallait le faire avant !
Ainsi, tout porte à croire que les élections ne sont démocratiquement pas valables. Pourtant, constitutionnellement, le président sortant semble bien légitime.
Ceci dit, il semble que cette constitution soit dans une large mesure héritée de l’ancienne métropole. Peut-être n’est-elle tout simplement pas adaptée aux nouvelles réalités du pays.
Comme vous le signaliez dans votre précédent post, en France, c’est le ministère de l’intérieur, qui s’occupe du bon déroulement du scrutin. Seulement, en France, à ce que je sache, plus de fraudes électorales majeures. Ce qui implique que l’armée n’a pas à venir jouer le rôle d’arbitre. L’organe ayant vocation à mettre en place des élections peut sereinement procéder de l’exécutif. La constitution semble, au moins en ce qui concerne cela, être adaptée à la réalité du pays.
Si ça ne tenait qu’à moi, je crois qu’il serait urgent d’attendre. D’attendre de mettre en place une constitution appropriée avant de réorganiser des élections. Ce que j’entends par constitution appropriée, j’en ai déjà donné des éléments de réflexion dans mon message précédent. Si l’on pouvait avoir cet exécutif bicéphale, la scission du pays à moyen ou long terme que vous évoquez, n’aurait plus forcément lieu d’être. Contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là de manière un tantinet condescendante que les africains ne sont pas prêts pour la démocratie je serais plutôt disposé à croire qu’ il leur suffit de repenser leurs institutions au regard des réalités qui prévalent sur le territoire. Enfin, ce n’est que l’avis du curieux que je suis. Par contre, si vous pouviez m’apporter des éléments sur la manière dont les pays européens ont adopté pour pérenniser leur régime, je suis ultra preneur.
À vous et bien à vous.


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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Dim 2 Jan 2011 16:26 
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Yongle a écrit:
Si, comme je suis assez disposé à le croire, la constitution interdit effectivement un étranger de se poser candidat à la présidence de la république, on est bien face à une deuxième raison de rejeter le résultat des urnes.


Désolé, cela se traite avant l'élection. S'il y a des raisons de croire qu'un candidat n'est pas éligible, c'est avant l'élection que l'on recours à la justice pour invalider sa candidature. Gbabo par sa simple participation rend la candidature d'Ouattarra légitime. Mais, il est vrai qu'à l'époque, il pensait que son bourrage des urnes du Sud allait lui permettre de sauvegarder son régime. C'est donc une mauvaise raison. Au fait, comment vous auriez réagit si en 2007, une partie de la classe politique française aurait déclaré que l'élection de Sarkosy était illégitime parce qu'on n'est pas sûr qu'il est français ....

Le candidat Gababo n'a posé aucun recours en vue d'exclure le candidat Ouattara, donc sa participation à l'élection est légale et cela est un argument fallacieux.

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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Lun 3 Jan 2011 17:06 
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Narduccio a écrit:
Yongle a écrit:
Si, comme je suis assez disposé à le croire, la constitution interdit effectivement un étranger de se poser candidat à la présidence de la république, on est bien face à une deuxième raison de rejeter le résultat des urnes.


Désolé, cela se traite avant l'élection. S'il y a des raisons de croire qu'un candidat n'est pas éligible, c'est avant l'élection que l'on recours à la justice pour invalider sa candidature. Gbabo par sa simple participation rend la candidature d'Ouattarra légitime. Mais, il est vrai qu'à l'époque, il pensait que son bourrage des urnes du Sud allait lui permettre de sauvegarder son régime. C'est donc une mauvaise raison. Au fait, comment vous auriez réagit si en 2007, une partie de la classe politique française aurait déclaré que l'élection de Sarkosy était illégitime parce qu'on n'est pas sûr qu'il est français ....

Le candidat Gababo n'a posé aucun recours en vue d'exclure le candidat Ouattara, donc sa participation à l'élection est légale et cela est un argument fallacieux.

Bonjour,
Si, comme je le voudrais dans ce fil, nous nous en tenons aux enjeux intérieurs du pays, on constatera qu’il est loin d’être évident que le « bourrage des urnes »n’est pas évidemment dans le camp que l’on veut nous faire croire…Je ne crois pas à une entente concertée visant à manipuler en sous-main des intérêts quelconques, mais je pose quelques questions.Disons quand même que le coup des clichés truqués pour légitimer une intervention en Irak m’est resté un peu en travers de la gorge.Vous vous en serez douté, si j’élude volontairement l’aspect international c’est pour ne pas être taxé d’adepte de la théorie du complot. Bien qu’il y ait des éléments pour le moins suspects :
http://www.senpremiereligne.com/index.p ... Itemid=143

Si l’on reprend méthodiquement le cours des événements, on a quelques surprises :
Une commission indépendante qui semble réellement indépendante. En effet, au grand dam des partisans de l’ex-président en place cette commission est largement teintée de RHDP, ils parlent de 80 % de ses membres.C’est un acquis de l’accord de Prétoria dont vous parlez plus haut.Notons au passage, que ces acquis n’ont pas été remis en cause par les accords ultérieurs de Ouagadougou.Alors, cette commission doit être indépendante, elle ne l’est pas : elle est affiliée implicitement à Alassane. C’est quand même étonnant, non ?
Par ailleurs, il faut bien considérer que c’est cette même commission qui a invalidé non pas 10 ni 50 PV mais 2000 ! Pas au Sud, là-bas tous les observateurs, d’un camp comme de l’autre, ont consolidés (c’est le terme employé). Les PV sont des documents censés confirmer ou infirmer le bon déroulement et la sérénité nécessaires à un scrutin électoral dans les bureaux de vote. Notons que les 2000 bureaux en question ne se trouvent pas au sud mais bien au Nord. Alors, vous pourrez dire que pour des futilités l’observateur accrédité par la CEI et par la CEDEAO a refusé d’apposer sa signature : exemples de motifs : plus de votants que d’inscrits, violences caractérisées(morts, séquestrations…) etc.
Et c’est donc, préoccupés à débattre de ces litiges, que la commission n’a pu rendre publique ses résultats en temps et en heure.
Par contre, avec beaucoup d’aplomb, un de ses membres, et non des moindres le président, s’est rendu à l’hôtel du Golfe proclamer les résultats, ne tenant pas compte des irrégularités signalées par ses collègues, afin d’offrir à la communauté internationale ce qu’elle voulait entendre : M.Alassane Ouatara brillant vainqueur des élections présidentielles de 2011 en Côte d’Ivoire.Il faut savoir, pour avoir une vue d’ensemble, que le nombre total de bureaux de vote est de l’ordre de 20 000. Inutile d’avoir fait math spé pour voir que le contentieux est loin d’être négligeable : 10 %.
Et ce coup-là, les recours ont bel et bien été portés.
Alors,Narduccio, vous êtes modérateur, mais vous avez largement fait la preuve dans ce forum que vous pouviez débattre sereinement même lorsque les points de vue divergent. Si dans ce dossier, on ne peut être sûr de rien, certaines questions méritent d’être posées.
Par contre, je réitère une nouvelle fois ma question : auriez-vous des éléments rapportés en ce qui concerne la pérennisation d’un régime ?
Merci d’avance,
A vous et bien à vous.


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 Sujet du message: Re: Comment pérenniser un régime ?
MessagePosté: Lun 3 Jan 2011 20:04 
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C'est marrant, avant les élections, ces "'points de détails" ne semblaient pas déranger l'ancien président. Tout à coup, au sortir d'un processus électoral long avec 2 tours, on se rend compte que la commission indépendante est composée à 80% de pro-Ouatara. Que celui-ci n'est pas éligible parce qu'il serait né à l'étranger (alors qu'il a été ministre à de nombreuses reprises). Dites, on appelle comment un président qui serait assez idiot pour accepter de telles conditions et qui se rendrait compte après les élections qu'il s'est fait blouser ?

Soit, il nous prend pour des cons, soit il n'est pas très futé et on peut se poser la question de la pertinence de le garder comme président.

Franchement, vous ne croyez quand même pas à toutes ces fariboles ? Qu'il veuille s'accrocher au pouvoir, je le comprend aisément. Qu'il essaye de prétendre que les 7 régions qu'il ne contrôle pas n'ont pas respecté la légalité démocratique, je peux le comprendre. Mais, cela, il le savait avant le premier tour du scrutin. Il n'avait qu'à refuser ces conditions.


Alors, on dénonce un complot international. Gbagbo serait tellement gênant qu'on cherche à l'expulser du pouvoir. Qu'il cherche à le faire croire aux Ivoiriens est une chose. Que vous le croyez en est une autre. Et que vous essayez de nous faire croire que c'est ainsi que se sont passés les choses ... La Cote d'Ivoire n'est pas l'Irak et le monde n'arrêtera pas de tourner si Gbabo reste au pouvoir. La démocratie y perdra, mais elle est bonne fille et s'est déjà tellement fait avoir qu'une fois de plus ou de moins, qu'est-ce ça compte n'est-ce pas. Désolé, mais je crois que chaque fois est une fois de trop.

Au fait, il y avait des observateurs internationaux lors de cette élection ... Ah non, ce qu'ils ont vu ne compte pas puisqu'ils devaient faire partie du complot.

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