Aigle a écrit:
Le rapprochement de ces deux événements (dont on peut d'ailleurs penser qu'ils tiennent autant du show business que du sentiment religieux ou du loyalisme monarchique) conduit à réfléchir au contraste qui règne entre la mobilisation des foules venues clamées leur affection voire leur admiration pour des "icônes" non élues et sans pouvoir tandis que les dirigeants élus affrontent en général l'indifférence voire l'impopularité (voyez Nicolas sarkozy ou Barack Obama).
1. D'abord, le pape est élu par les cardinaux.
2. Ensuite, vos
" 'icônes' non élues" restent néanmoins élues, distinguées par la fortune (beauté, argent, naissance, aptitudes sportives...). Ca me rappelle une réflexion de Philippe Simmonot rappelant que l'opinion jalousait les fortunes dues aux mérites et efforts personnels (revenus des patrons et des dirigeants parvenus par leurs propres énergies) mais admirait celles dues au hasard (milieu de naissance, talents physiologiques tels ceux des sportifs, beauté des artistes et des top modèles, gains des loteries...). Durs coups de canif dans la méritocratie hypocritement prônée par les foules républicaines.
3. Globalement, les engouements et les contradictions que vous relevez me paraissent ressortir de l'
irrationalisation croissante des populations des sociétés développées. J'entends qu'une élite rationnelle a établi au XIXe siècle les conditions d'une éducation de qualité permettant l'accession des masses à la raison, et que les pays développés connaissent, TOUS, depuis les années 1970-1980 des carences éducatives graves.
Certains (Eric Zemmour par exemple) attribuent ces déviances éducatives à une volonté politique et industrielle d'abêtir les foules pour en faire des consommateurs mais j'y vois plutôt un abus de libéralisme et d'inconséquence libérale.
On atteint une limite du libéralisme. Le libéralisme reposait sur la nécessaire raison de ses acteurs. Ses acteurs étaient raisonnables par nécessité (l'efficacité ou la mort) puis par l'instauration de systèmes éducatifs
nécessairement raisonnables et rationalisant.
D'un côté, les libéraux vous diront que c'est l'instauration (alors antilibérale) de régimes protecteurs qui entretiennent des armées d'assistés irrationnels, des cigales. Il est vrai que nous sommes enveloppés dans un système protecteur, maternant qui tend à éviter, repousser, conjurer la mort.
Je penserais de mon côté que le libéralisme ne peut s'étendre partout et que nos penchants maternels doivent faire une concession antilibérale, dirigiste, despotique dans le domaine éducatif (instruction, éducation, scolarité, police, justice...).
Aigle a écrit:
N'y a-t-il pas le signe d'un affadissement du sentiment démocratique, l'expression d'un désarroi de populations qui ne s'identifient plus aux dirigeants qu'elles choisissent mais en revanche apprécient des hommes (et quelques femmes) qu'elles ne choisissent pas mais qui donent une impression de dignité, de sincérité voire de sens du service que l'on ne croit plus guère trouver parmi les élus ?
C'est tout simplement la souveraineté des pulsions et de l'irrationalité, qui s'empare d'esprits de plus en plus futiles et déconnectés des réalités, les déniant. Les systèmes éducatifs des pays développés les poussent d'ailleurs involontairement dans ce sens.
Aigle a écrit:
Observation compélmentaire : je dînai voici quelques jours avec une néo-zélandaise qui avait vécu 20 ans en Californie avant de s'installer à Paris. Elle exprimait le sentiment inattendu de la supériorité du modèle monarchique (qui permettait le consensus de la nation sur des dirigeants symboliques et non élus) sur le système républicain (Etats Unis et France) pour lequel l'élection présidentielle était source de division nationale... Réflexion peu courante en France mais finalement source de méditation ...
On peut toujours lui objecter que les républiques américaine ou française constituent des monarchies électives à mandat limité dans le temps tandis que sa reine entretient une fonction folklorique et émotionnelle, les pouvoirs exécutif et législatif du Royaume-Uni ou de Nouvelle-Zélande étant concentrés entre les mains de leurs parlementaires et partis politiques.
La fortune des Anglo-Saxons est que leur patriotisme outrepasse leurs querelles partisanes, ce qui n'est pas le cas en France, en Belgique ou en Italie.
Aigle a écrit:
PS : cela dit la foule était nombreuse le 20 janvier 2009 pour l'investiture de B Obama.
Et elle se manifeste autant lors des élections présidentielles françaises. Versatilité et inconséquence des passions qui désavouent ce qu'elles plébiscitaient deux ans plus tôt...
Ce que la monarchie refuse aux pulsions irrationnelles modernes, c'est le choix, et cette absence de choix constitue toute sa séduction pour des esprits affaiblis et de plus en plus insécurisés.
Les populations des pays développés se zombifient.