Cette 4ème solution est déjà en place. La plupart des régimes particuliers bénéficiaires mettent déjà de l'argent de coté. C'est un des reproches récurrents des syndicalistes contre la réforme dans certaines catégories. Ce pactole représente dans certains cas, quelques milliards d'euros. Dans le cas où l'on réunit toutes les caisses dans un organisme commun, les gestionnaires ont peur que leur argent aille à la caisse commune. C'est d'ailleurs l'enjeu des discussions entre gouvernement et syndicats : ces derniers veulent la garantie que l'argent en question bénéficiera à ceux qui l'ont mis de coté, souvent en sur-cotisant.
Dans le cas des avocats, cet argent a été mis de coté pour compenser les carrières courtes qui découlent des années d'études nécessaires pour obtenir les divers diplômes. Pour d'autres secteurs, la sur-cotisation sert à pallier un départ en retraite qui a lieu avant l'age légal, souvent pour des raisons de santé. En 2018, le "magot" des caisses de retraites était de 165 milliards d'euros. Actuellement, il serait plutôt de 150 milliards d'euros.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/12/06/le-systeme-de-retraites-a-t-il-150-milliards-d-euros-en-reserve_6021973_4355770.htmlCitation:
Le constat de départ de Gilles Raveaud est tout ce qu’il y a de plus sérieux : il existe bien des réserves financières considérables dans le système de retraites français à l’heure actuelle. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) le confirme dans son rapport publié le 21 novembre : si l’on compte l’ensemble des réserves et dettes existantes dans les différents régimes ainsi que dans le FRR, il y a globalement 127,4 milliards d’euros de réserves nettes dans le système (déficits déduits). Soit peu ou prou l’équivalent des 150 milliards d’euros évoqués par l’économiste.
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Ces 127 milliards d’euros représentent une manne considérable, de l’ordre de 5,6 % du produit intérieur brut (PIB) de la France, note le COR. Mais il n’est pas si simple pour le gouvernement de les rassembler intégralement dans une seule caisse. L’essentiel de cette somme se situe dans les caisses des régimes de retraite dont la situation financière n’est pas menacée d’ici à 2030, au moins – comme par exemple celui des avocats. Ces régimes voient donc d’un mauvais œil le fait que l’État convoite aujourd’hui leurs réserves.
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Ces tractations sont loin d’être accessoires. En conservant une partie de leurs réserves, les caisses de retraite actuelles pourraient réaffecter ces sommes « au bénéfice de leurs assurés », note le rapport Delevoye. Des millions de pensionnaires des régimes concernés ont donc tout intérêt à ce qu’une partie de ces réserves ne soient pas reversées au régime général.
En résumé, on ne sait pas pour l’heure quel serait le montant des réserves pour les retraites que l’État pourrait réellement récupérer au profit du futur système.
Voilà pourquoi la plupart des syndicats font battre le pavé à leurs adhérents : maintenir ce magot sous leur surveillance pour qu'il profite à ceux qui ont permit de le constituer.
Mais, cet argent représente peu de chose par rapport aux besoins :
Citation:
Si une manne qui se chiffre en dizaines de milliards d’euros n’est pas négligeable, il faut tout de même la comparer aux enjeux. En 2018, les dépenses pour les retraites représentaient 324,9 milliards d’euros. C’est un peu moins de trois fois les réserves totales du système (127,4 milliards). Le « trésor de guerre » n’est donc pas si démesuré qu’on pourrait le croire.
Le système de retraites français n’était déficitaire « que » de 2,9 milliards d’euros en 2018, selon le COR, ce qui pourrait laisser penser que les réserves actuelles suffiraient à le mettre à l’abri pour des décennies.
Sauf que les choses sont, là encore, un peu plus incertaines, car les perspectives financières du système sont moins bonnes. Le déficit pourrait atteindre 7,9 à 17,2 milliards d’euros en 2025, année envisagée pour la mise en place du futur régime universel (la fourchette varie selon différentes hypothèses budgétaires). Dans le pire des cas, la cagnotte des retraites n’épancherait alors guère plus que quelques années de déficit.
Citation:
Lorsqu’on lit le rapport du COR en détail, on s’aperçoit que ce ne sont pas les dépenses liées aux retraites qui risquent d’aggraver le déficit. En effet, celles-ci resteraient stables rapportées au PIB, oscillant entre 13,5 % et 14 % de 2018 à 2030, quel que soit le scénario testé dans les prévisions. Et ce malgré le fait que la proportion d’actifs par retraité baisserait sur cette période, passant de 1,7 en 2018 à 1,6 en 2030 environ.
Le « vrai » problème des retraites réside dans les ressources du système, qui ont plutôt tendance à diminuer, en raison des exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires ou de la suppression du forfait social pour certaines catégories de salariés.