Faget a écrit:
Un récent sondage donnait que 49% des Allemands voyaient dans le Mali un nouvel Afghanistan et qu'il valait mieux ne pas s'en mêler. Si on n'oublie pas que les élections législatives ont lieu en septembre prochain et que la Chancelière a certainement des infos confidentielles fiables sur son opionion publique, on comprend la réserve ( euphèmisme ! ) de l'Allemagne. Cette dernière est un géant économique mais un nain militaire. Non par le budget qui est à peine supérieur à celui de la France, mais il faut dire qu'en plus elle n'a pas la composante nucléaire de cette dernière. La Bundeswehr , devenu professionnelle avec des effectifs réduits a de belles casernes et de belles installations, un matériel abondant et impeccable, de bonnes soldes, mais manque de motivation. On a l'impression que la réunification achevée lui a cassé les jarrets, alors que dans le temps c'était une force motivée et redoutable. J'ai eu un exemple récent, il y a peu de candidats pour les écoles d'officiers et quand ils postulent c'est souvent pour faire, soldés et tout frais payés, des études dans les deux universités de la Bundeswehr - qui sont d'excellent niveaux- et qui les mènent à un mastère dans les disciplines les plus variées. A l'issue beaucoup démissionnent et "pantouflent" dans le civil.
Si, en plus, une troupe de métier ne sort pas de ses frontières, quelle motivation peut-elle avoir ?
Les engagements militaires sont très impopulaires en Allemagne et ont le potentiel de décider des élections - comme en 2002, quand le Chancelier Schröder a assuré sa réélection avec l'opposition stricte à la guerre en Iraq. Au général, l'attitude en Allemagne est dominée par le pacifisme et le non-interventionnisme.
La Bundeswehr n'était jamais comparable avec les militaires français ou britannique. Avant 1989, on allait au militaire en Allemagne pour avoir une vie aisée et pour boire de l'alcool. C'était clair qu'il n'y aura jamais un engagement militaire; et si un engagement s'aurait réalisé quand même, les soldats savaient que cela aurait signifié l'anéantissement total de l'Allemagne de toute façon. Après 1989, la situation a changé, parce qu'un engagement militaire est devenu une option probable. C'est pourquoi je pense que la motivation des soldats de la Bundeswehr d'aujourd'hui est en fait meilleure qu'avant 1989.
Néanmoins, la Bundeswehr n'est pas encore capable des engagements militaires majeurs, et elle a besoin des alliés qui assument les fonctions dangereuses. Par exemple, en Afghanistan, les soldats allemands séjournent dans leurs camps, pendant que les alliés doivent lutter contre les Talibans. La situation pourrait s'aggraver, parce que le budget de défense continuera d'être réduit.
Donc, l'Allemagne restera une puissance économique de premier plan, une puissance politique de second rang - et un nain militaire. Personellement, je crois que ce n'est pas mal; l'Allemagne n'a pas besoin d'un militaire interventionniste, et elle ne doit pas faire de la politique étrangère à l'échelle mondiale.