Ce que dit Caesar Scipio concernant les riches qui dynamisent une économie a un fond de vérité. C'est même à la base de la théorie du ruissellement. Problème : pour que ça fonctionne, il faut qu'il y ait un minimum de contrainte sur ces riches afin qu'ils redistribuent une part suffisante de leurs gains, que ce soit une pression sociale/éthique, ou bien des contraintes légales. Problème : la tendance est à l'abrogation croissante de ces contraintes, et le résultat est palpable pour tout le monde :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/15/les-inegalites-de-revenus-nuisent-a-la-croissance_4654546_3234.htmlD'où un phénomène inconcevable il y a encore dix ans : le discrédit jeté sur le libéralisme, y compris aux USA où un Sanders peut faire campagne et rivaliser avec Clinton tout en se proclamant "socialiste". Je dirais même que le chômage de masse empêche paradoxalement un discrédit encore plus massif du libéralisme. C'est souvent au contact de l'entreprise et de ses règles, la structuration du pouvoir, l'affectation des gains, la personnalité des entrepreneurs et des cadres, etc, qu'émergent les premiers doutes sur son bien-fondé (j'ai pu constater que j'étais loin d'être un cas exceptionnel, cf le succès du "On vaut mieux que ça" qui a précédé Nuit Debout). Un monde où des gens travailleront davantage, pour des salaires moindres, et avec beaucoup moins de filets de sécurité, engendrera automatiquement davantage de contestataires à terme. D'où le succès croissant d'idéologies antagonistes (vrai socialisme, folklores nationalistes, protectionnisme, etc) qu'on croyait ringardisées. Je crois tout comme Geopolis que ces idéologies se manifesteront de manière d'autant plus violente que le libéralisme aura prétention à l'universalité, entre autres car il progresse au moyen d'outils institutionnels foncièrement anti-démocrates.