Paul Ryckier a écrit:
est-ce que ce n'est pas le cas comme les "Sudetendeutsche"?
C'est exactement ça. Contrairement à l'Europe occidentale, où les minorités nationales rejoignirent leur "mère patrie", l'Europe orientale conserve de nombreuses minorités nationales perdues hors de leurs frontières nationales, et même quelques majorités démographiques locales enclavées au sein de nations différentes.
Et si vous parlez d'agressions imaginaires pour élargir ses frontières, c'est aussi cela.
carottas a écrit:
Mais ce sont bien les Géorgiens qui ont déclencher cette guerre, tuant 18 soldats russes de maintiens de la paix, donnant ainsi à la Russie un motif viable d'intervenir.
C'est ce que disent les Russes. D'ailleurs, il n'y a pas de "soldats russes de maintien de la paix" légalement présents au sein des frontières géorgiennes avant la guerre. De plus, les forces russes intervenant en quelques heures étaient concentrées et apprêtées depuis longtemps pour l'invasion.
Personnellement, ça m'évoque les films de propagande soviétiques :
Citation:
Ce que voyant, Staline surenchérit : « Ah ! ces diplomates, criait-il. Quels bavards ! Pour les faire taire, un seul moyen : les abattre à la mitrailleuse. Boulganine ! Va en chercher une ! » Puis, laissant là les négociateurs et suivis des autres assistants, il m’emmena dans une salle proche voir un film soviétique tourné pour la propagande en l’année 1938. C’était très conformiste et passablement naïf. On y voyait les Allemands envahir traîtreusement la Russie. Mais bientôt, devant l’élan du peuple russe, la valeur de ses généraux, il leur fallait battre en retraite. À leur tour, ils étaient envahis. Alors, la révolution éclatait dans toute l’Allemagne. Elle triomphait à Berlin où, sur les ruines du fascisme et grâce à l’aide des Soviets, s’ouvrait une ère de paix et de prospérité. Staline riait, battait des mains. « Je crains, dit-il, que la fin de l’histoire ne plaise pas à M. de Gaulle. » Je ripostais, quelque peu agacé : « Votre victoire, en tout cas, me plaît. Et d’autant plus, qu’au début de la véritable guerre, ce n’est pas comme dans ce film que les choses se sont passées entre vous et les Allemands. »
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, « La libération 1944-1946 »
carottas a écrit:
Le bouclier anti-missile ne nous protège pas réellement, les batteries US Patriot 3 seraient incapables de détruire l'intégralité d'une frappe nucléaire massive russe, au vu du nombre de missiles potentiel. (Même si une guerre nucléaire en Europe est plus qu'improbable.)
Cependant il remet en question l'équilibre nucléaire de la région, ce qui n'est pas propice à la dénucléarisation entamée depuis 1991, ni à la confiance entre Russie et le bloc occidental...
Ne protégeant rien, on se demande alors en quoi il dérange.
carottas a écrit:
La mise en place de moyen de défense sur son propre territoire relève effectivement de la stratégie défensive, mais neutraliser les armes de destruction massive à la frontière du pays en question est totalement différent, réduisant ainsi sa capacité nucléaire offensif, qui est la base de sa dissuasion nucléaire.
Non, la base de la dissuasion (nucléaire ou non) est qu'une attaque n'en vaut pas la peine.
carottas a écrit:
Ainsi, en employant des système défensif, vous neutraliser la défense de votre ennemi, qui considéra cela comme un acte offensif.
Non. D'ailleurs, c'est plutôt la restriction de la puissance russe qui contrit les Russes, car elle contrarie leur impérialisme chauvin.
carottas a écrit:
L'Ukraine avait élue un président pro russe aussi voir plus démocratiquement que le nouveau président pro occidental, avant qu'un coup d'Etat ne change la donne, vous semblez l'oublier. Le fait est, que si les population du Donbass, massivement russophone, ne veulent pas faire partie d'une Ukraine tournée exclusivement vers l'UE, il serait sage de les laisser faire ce qu'ils veulent.
De toute manière, c'est ce qui se produira naturellement. Je pense que Poutine est gêné d'avoir perdu le contrôle de l'Ukraine et qu'il tente de conserver le contrôle de régions ukrainiennes où les russophones, à défaut d'être majoritaires, sont moins minoritaires. Je pense que la multiplication des cartes proposées par la Russie, visant à démontrer l'existence de larges majorités démographiques russophones dans l'est de l'Ukraine, démontre son malaise : la seule région où la majorité démographique est nettement russe, la Crimée, a aisément proclamé son allégeance à Moscou. C'est compliqué ailleurs parce que la minorité russe d'Ukraine est dispersée et ne présente que peu ou pas de majorités démographiques locales. Ce problème se résoudra peut-être par des regroupements nationaux, les Russes quittant l'ouest et les Ukrainiens quittant l'est de l'Ukraine.
Au fond, le puzzle ethnique ou national se simplifie à l'est de l'Europe comme il s'est simplifié à l'ouest et au centre entre la Révolution française et 1945. Chacun finit chez soi, avec quelques enclaves russes à Kaliningrad et en Transnistrie et pour combien de temps ? À force d'être à part, ces Russes-là pourraient bien finir par envoyer balader Moscou, comme les Ukrainiens et les Biélorusses.
C'est tragique pour elle, mais la Russie gaspille son temps pour un jeu archaïque que les autres nations européennes ont terminé depuis longtemps déjà, parfois avec son concours, comme pour les Allemands, Polonais, Tchèques et Slovaques.
carottas a écrit:
Tout est une question d'échelle, si vous prenez exclusivement les populations russophones ou si vous prenez toute l'Ukraine, c'est sur la situation change.
C'est ce que la frivole UE devra aussi intégrer.
carottas a écrit:
La question de la "désovietisation" ne pose aucun problème lorsque les territoires ne sont ni russophone, ni ayant la volonté de rejoindre la fédération de Russie.
C'est pourtant le cas des Baltes, chez qui les russophones constituent des "cinquièmes colonnes" anti-nationales et pro-russes.
carottas a écrit:
Mais que ce soit en Géorgie ou en Ukraine, des régions entières sont tournées culturellement, économiquement et linguistiquement vers la Russie, et les forcer à se détourner d'elle pour suivre la doctrine anti-russe de leur pays est un non sens.
Les Ukrainiens sont des Russes qui ont constitué leur nation pour ne plus obéir à des étrangers ou aux Russes de Moscou.
Quant aux Géorgiens, ils existaient bien avant les Russes (Lazique puis royaume d'Egrisi).
carottas a écrit:
Il serait plus sage de redéfinir les frontières d'un pays pacifiquement, plutot que de devoir le faire par les armes. Chose que l'occident n'est pas prette à faire.
Le souci occidental reste, au contraire, l'intangibilité des frontières dans le monde. C'est d'ailleurs idiot.
carottas a écrit:
Pour en revenir à l'OTAN et ses actions agressives, il me semble que le moyen orient a particulièrement été touché. La Libye, la Syrie, l'Irak ont tous connu des sorts plus que désastreux, sans réel objectif clair, bafouant le droit international et allant même contre certaines décision de l'ONU...
Soudain la Russie s'éloigne. [Il n'y a eu aucune intervention de l'OTAN en Irak ni en Syrie.]