Zadrobilek a écrit:
Si la France était "aimable", les idéologies anti-patriotes n'auraient qu'une portée limitée et ça n'est pas par la menace qu'on force au respect ou à l'amour (ces deux choses ne sont pas des dûs, elles se méritent).
Vous rejoignez ce que Saint-Exupéry écrit dans son inachevé
Citadelle , à savoir que les symptômes de la déliquescence d'un empire n'en sont pas les causes.
Zadrobilek a écrit:
Gueuler à des gamins qu'il faut être "citoyen" dans une société de plus en plus inégalitaire et violente : ça finira évidemment mal [...]
Quand je lis ou entends ce genre d'argument, je compare toujours aux sociétés françaises de 1200, 1789, 1914 ou 1980. Je trouve alors notre situation très enviable.
La citoyenneté ne se proclame pas. Elle s'articule sur un triptyque que je trouve bien résumé dans la devise française, ou encore dans un slogan : "vivre ensemble, mourir ensemble, tuer ensemble". Vivre ensemble pour la liberté, mourir ensemble pour l'égalité, tuer ensemble pour la fraternité. C'est valable dans les cités grecques antiques comme dans n'importe quel État passé ou présent. Notre citoyenneté française souffre uniquement d'un slogan tronqué la privant deux de deux pieds du trépied.
Et ensuite, est-ce un mal ? Le monde marchand s'accommode mal des citoyens. Il troque le confort matériel contre le confort moral et spirituel.
Les djihadistes sunnites sont des "citoyens" de leur oumma étriquée, ils vivent le triptyque mais ne sont pas assez puissants contre le reste du monde basculant dans la révolution libérale.
Donc, est-ce un mal ? Le Midi décadent et déjà anarchique fut au XIIIe siècle mis au pas par les autoritaires féodaux du Nord. La Crète, la Grèce et Rome, par des étrangers moins sophistiqués et plus obéissants. Peut-être que nos démocraties libérales se trouveront conquises par des miliciens obtus et incorruptibles.
Il n'y a qu'une chose qu'on ne nous assène jamais assez : les petites gens sont réactionnaires, et la majorité des étrangers aux démocraties libérales viennent de milieux très humbles et ont des aspirations d'extrême droite, notamment de concurrences généalogiques, qu'ils revendiquent plus ou moins efficacement.
Après, ils sont bus, générations après générations, chez nous, comme la mollesse des hindous et des Hans absorba leurs féroces conquérants.
Je ne sais si demain sera 1) un libre marché mondial uniformisé, 2) un éternel retour des Huns pour asservir les sociétés indolentes et pacifiques, ou encore 3) un réveil de la toute puissance occidentale émergeant de l'anesthésie morale humaniste et progressiste. À vrai dire, je pense que ce sera un de ces trois scénarios (respectivement, "La fin de l'Histoire", "L'Histoire repasse toujours les mêmes plats" ou "Le fardeau de l'homme blanc triomphant") et aucun n'est réellement joli, en ce qu'il n'accompagne de paix qu'avec un désenchantement total.
En fait, aux humains ne s'offre qu'une paix désenchantée ou l'oppression émulatrice.