Kurnos a écrit:
Conflits inter-religieux :
Pour quelles raisons les pays l’UE comme la France et l’Allemagne ne connaîtraient pas les mêmes conflits inter-religieux que ceux de la Bosnie-Herzégovine ?
Les conflits de l'ex-Yougoslavie opposait diverses nations qui ne voulaient plus vivre ensemble. Le fait qu'elles présentent des religions différentes était accessoire, encore que symbolique des différences et différends qui les opposaient : elles avaient adopté des religions différentes pour se faire la nique, elles ne se faisaient pas la nique parce qu'elles avaient des religions différentes.
Kurnos a écrit:
Serions-nous plus intelligents, policés et malins qu’eux ?
1) Globalement, les pays de l'UE sont des pays d'Europe occidentale qui ont terminé ou presque leurs ségrégations communautaires. Ces conflits n'ont plus ou presque plus raison d'être.
2) Néanmoins, cette ségrégation (ou son contraire, la fédération) n'est pas terminée partout : des Irlandais contestent toujours la colonie anglaise en Irlande du Nord ; des Flamands ne supportent plus les Wallons ; il existe des séparatistes en France (Bretagne, Pays basque, Corse), Espagne (Catalogne), Italie.
3) En Europe centrale et orientale, la ségrégation géographique des communautés n'est pas aboutie et ça concerne l'UE (Hongrois, ex-Yougoslavie, Roms, Turcs bulgares et chypriotes)
Kurnos a écrit:
Aurions-nous moins d’extrémistes religieux de tous bords ?
1) Les guerres mondiales ont instillé en Europe occidentale un pacifisme inédit et inconnu ailleurs dans le temps et la géographie. C'est ce pacifisme qui ordonne nos valeurs, mais il reste exotique dans le reste de la planète.
2) La population européenne est vieillissante, or ce sont les jeunes gens qui animent et pratiquent les conflits armés. Ils sont en minorité en Europe et peu à même d'entraîner leurs aînés propriétaires et assagis par leur confort de vie et leurs satisfactions de jeunesse ou présentes.
3) L'éloignement de la guerre et le rajeunissement de populations peuvent annuler les effets précédents. Par exemple, une population jeune pourrait acculer une population vieillissante au conflit armé (et à une procréation rajeunissante), par réaction géopolitique. C'est peut-être ce qui se produit avec les extrémismes sunnites.
4) La révolution libérale semble rendre caduques et désuètes les valeurs communautaires et leurs piliers (vivre ensemble, mourir ensemble, tuer ensemble), au profit de valeurs individualistes. D'un côté, ça produit des criminalités de défoulement et des réactions communautaires conservatrices et haineuses (qui peuvent aller jusqu'à l'acmé rwandaise de 1994). De l'autre côté, ça limite considérablement les batailles militarisées (telle les guerres internationales des XIXe et XXe siècles).
Kurnos a écrit:
Mis à part un "complexe de supériorité" par rapport à eux, quelles seraient les différences essentielles qui pourraient nous permettre d’espérer d’éviter ces niveaux conflictuels ?
Personnellement, je suis balancé entre l'avis que l'Histoire repasse les plats et l'innovation libérale. D'ailleurs, la vulnérabilité des Occidentaux provient, selon moi, d'une carence de libéralisme dans la justice, que je nomme les "Dus à l'Homme".
Kurnos a écrit:
Ps : je ne connais pas du tout le sujet Bosnie-Herzégovine, j’ai simplement eu connaissance par la presse des différents conflits quand il se sont produits. Actuellement j'ai essayé de comprendre, mais j'ai des difficultés, c'est assez compliqué(ce qui est déjà une différence notable).
Il y avait globalement trois "nations" ou partis (Serbes, Croates et Bosniaques) enchevêtrés sur le même territoire, la Bosnie-Herzégovine. Les Bosniaques et les Croates se battaient pour se débarrasser des Serbes et conserver un maximum de territoire ; les Croates et les Serbes se battaient pour acquérir une suprématie démographique sur un maximum de territoire avant une éventuelle division du pays en trois entités. Le parti bosniaque me paraît le plus lucide, qui tentait de faire vivre les gens là où ils avaient grandi ; pour l'instant, il a remporté la manche avec l'aide occidentale et l'indépendance d'une Bosnie où vivent toujours des Serbes et des Croates. Après, Serbes et Croates séparatistes n'ont pas forcément dit leur dernier mot.