marc30 a écrit:
2 - ensuite ils ont voté contre le traité d'association UE/Ukraine - ce qui ne montre pas forcément un grand intérêt pour la question mais plutôt l'existence d'un fort réflexe anti UE
J'ai en effet lu à l'époque des analyses allant dans ce sens et qu'à vrai dire je trouve très choquantes et révélatrices de la simplification abusive du débat européen.
Depuis plusieurs décennies, le monde médiatique (journalistes, hommes politiques) résume le débat sur les institutions européennes à un affrontement entre "pro" et "anti" européens (parfois appelés eurosceptiques). Au contraire, c'est ce manichéisme qui est à mon sens l'une des causes de la désaffection croissante des européens pour ces institutions.
Certes, il est bien possible qu'une partie non négligeable des Néerlandais qui ont voté contre cet accord l'ait fait par sentiment anti-UE, notamment du fait que les partis anti-UE appelaient à voter contre.
Mais dans le principe, je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas crédit à la majorité des électeurs d'avoir un avis sur le sujet qui était soumis au vote, à savoir l'opportunité du traité.
Les raisons objectives de s'opposer à un tel traité ne manquent pas, surtout si l'on considère qu'il constitue le premier pas vers une adhésion de l'Ukraine à l'UE. Est-il opportun de provoquer la Russie ? Est-il raisonnable d'intégrer à l'UE un pays en proie à une guerre civile ? Est-il judicieux de poursuivre l'extension géographique de l'UE alors que l'on voit déjà ses difficultés de fonctionnement ? Etc. quelle que soit la réponse que l'on apporte à ces questions (et même si l'on considère qu'elles sont mal posées), elles n'ont aucun rapport avec une adhésion ou un rejet des institutions européennes. Je ne vois donc absolument pas en quoi répondre négativement à ces questions (et donc voter contre le traité) seraient la marque d'une opposition à l'UE.
Ce n'est pas parce que l'on vote contre une proposition qui émane des dirigeants d'une institution que l'on est contre cette institution, et j'ai du mal à comprendre pourquoi les journalistes n'arrivent pas à faire cette distinction élémentaire et même triviale.
Si demain le gouvernement français soumettait un sujet quel qu'il soit au référendum (mettons par exemple une modification de la constitution), et que 50% des électeurs votaient contre la proposition, il ne viendrait l'idée à personne de dire que ces électeurs sont anti-Français.
Mais les institutions européennes ont le triste privilège d'être traitées autrement par la plupart des média et des hommes politiques, qui ne veulent voir qu'une distinction entre "pro" et "anti". Ce faisant, ils mettent dans le paquet des "anti" tous ceux qui ont des doutes légitimes sur la politique adoptée par les dirigeants actuels de l'Union, y compris ceux qui sont sincèrement attachés à l'UE. Il n'y a pas de meilleure méthode pour donner (ou conforter) l'impression d'une collusion médiatico-politique au service une politique décidée d'avance par une caste gouvernante mondialisée et coupée des citoyens. Et ensuite, ces mêmes gens s'étonnent de la montée des extrêmes...