Aigle a écrit:
Un rapide survol du net me conduit à noter un partage inattendu des positions.
Sont farouchement contre la Russie et pour l'Ukraine : les Polonais, les Baltes, les Scandinaves.
Seraient beaucoup plus modérés : les Hongrois, les Tchèques et les Slovaques.
J'ignore la position des Roumains et des Bulgares.
Qui pourrait confirmer, préciser et expliquer ces positions ?
En préliminaire, je pense qu'il convient de faire, comme en Europe occidentale, la différence entre les peuples et leurs dirigeants. Ainsi, les dirigeants roumains sont résolument pro-OTAN tandis que la population est plus partagée d'après ce que j'ai lu. En Pologne, par contre, gouvernants et habitants sont sur la même ligne de méfiance vis-à-vis de Moscou. Quoique, même dans ce pays, des voix discordantes se font entendre, y compris au sommet de l'Etat. On se souvient des déclarations de dépit du ministre des Affaires étrangères Sikorski (pourtant réputé américanophile et marié à une néo-conservatrice américaine) critiquant vertement l'alliance polono-américaine et la politique suicidaire vis-à-vis de la Russie :
Cette alliance, c'est des foutaises ! Nous entrons en conflit avec l'Allemagne, avec la Russie, et nous allons considérer que tout est super, car nous avons taillé une pipe aux Américains. C'est complètement naïfEn ce qui concerne la politique des Etats, donc des dirigeants, on est effectivement frappés des divisions qui existent entre les pays voisins de la Russie. Parmi les pays très réticents aux sanctions, nous avons la Finlande, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Bulgarie (qui joue sur les deux tableaux) et la Grèce.
Les dirigeants de ces pays le reconnaissent eux-mêmes publiquement : ils sont obligés par Bruxelles de prendre des sanctions qui vont à l'encontre de leur propre intérêt.
Si vous lisez l'espagnol, un très intéressant article sur les fissures qui apparaissent dans les pays d'Europe orientale et les conséquences parfois étonnantes des contre-sanctions russes :
http://internacional.elpais.com/internacional/2014/09/07/actualidad/1410119570_982348.htmlPersonnellement, je dois avouer que j'avais souri à la nouvelle des mesures de rétorsion russes : des oeufs, des poules, du lait, des céréales... En réalité, Moscou a joué très finement sur ce coup, divisant l'UE (pays où l'exportation agricole tient une place importante vs pays "post-agricoles") et déstabilisant les pays eux-mêmes (campagnes contre villes). Saviez-vous par exemple qu'en Moldavie, Moscou a exempté des sanctions les agriculteurs gagaouzes, province qui comme la Transdienstrie, réclame son indépendance. Les agriculteurs moldaves (qui représentent quand même 30% de la population) sont furieux de voir leurs confrères gagaouzes continuer de vendre leurs denrées en Russie tandis qu'eux se retrouvent dans une situation très difficile. Le gouvernement est en chute libre dans les sondages tandis que des secteurs importants de la population veulent rompre l'accord de coopération avec l'UE. Et la situation est la même dans un certain nombre de pays. En Grèce, la population qui est assez russophile et un nombre croissant de députés réclament l'arrêt du suivisme envers Bruxelles.