Sur le sujet de l'OTAN, voilà ce que pense Hubert Védrine interrogé par le Sénat :
Globalement, je fais donc un bilan assez mitigé des apports de notre réintégration dans le commandement militaire de l’OTAN :
- certains éléments sont potentiellement négatifs, comme le risque de cannibalisation des crédits de défense par les industriels américains ou encore le risque que notre pensée stratégique ne soit phagocytée en amont par l’analyse OTAN ;
- d’autres sont plutôt positifs, comme la possibilité de mener plus efficacement, de l’intérieur, un combat d’influence en vue de peser sur les conclusions des sommets de l’OTAN, ou pour favoriser l’émergence de projets européens.
En conclusion, ni extraordinaires, ni catastrophiques, les conséquences de notre présence pleine et entière au sein de l’OTAN dépendront de ce qu’on fera de cette présence.
Je me suis ensuite posé la question d’une éventuelle nouvelle sortie du commandement militaire intégré, pas du tout en termes partisans droite-gauche, mais d’une façon plus réaliste et pragmatique. J’ai d’abord constaté qu’à peu près personne ne le demandait sérieusement. Cela ouvrirait une crise majeure avec les États-Unis, et avec nos partenaires européens, ce ne serait ni souhaitable ni compréhensible, et serait difficilement gérable pour nous. On peut regretter que les pays européens n’aient pas rejoint, en son temps, la position du Général de Gaulle pour fonder ensemble une défense européenne, mais c’est un fait. Revenir en arrière ouvrirait aujourd’hui une crise majeure qu’il nous faudrait beaucoup d’énergie pour gérer, et sans aucun profit pour nous.http://www.rpfrance-otan.org/Audition-de-M-Hubert-Vedrine-a-laLe terme commandement intégré peut induire en erreur. Plus exactement, la France a réintégré le comité des plans de défense mais sans placer aucunes forces sous commandement permanent de l'OTAN et en gardant une liberté d'appréciation en cas d'engagement d'opération.
En fait, l'incidence de la réintégration du commandement intégré sur l'indépendance nationale est minime.
L'indépendance est plus conditionnée par les capacités militaires nationales que par le degré d'intégration dans les structures de l'organisation internationale. En adoptant un budget militaire minimal, on peut continuer à crier
cocorico, mais, en réalité, on renonce aux moyens de manifester effectivement cette indépendance.