Zadrobilek a écrit:
Je pense que votre analyse du Libéralisme et de ses bienfaits est obsolète depuis l'automne 2007
Les théoriciens les plus pertinents, à mon avis, du libéralisme rétorquent que les plus grandes crises libérales surviennent quand les États imposent des régulations néfastes au marché : 1929, New Deal et 2007 sont déclenchées par des décisions ineptes des banques centrales (sur décisions gouvernementales), tout comme les mémorables files de chômeurs et d'affamés aux USA sont dues aux décisions malheureuses de Roosevelt.
Zadrobilek a écrit:
les sociétés fortement inégalitaires ne peuvent tenir que grâce à une poigne de fer et/ou une légitimation d'ordre moral ou spirituelle.
Politiquement, la sécurité prime sur l'économie, l'économie, sur la morale. Elles priment en ce qu'elles fondent. La sécurisation du libre échange permet la démocratie libérale. C'est parce que les prolos produisent plus qu'ils votent, c'est grâce au libéralisme qu'ils produisent plus.
Zadrobilek a écrit:
Sans cette dernière, les perdants, marginaux ou défavorisés se retrouvent immanquablement à conspirer contre le système qui les exclut.
Une personne conspire contre un système à partir du moment où elle estime, à tort ou à raison, qu'il lui est néfaste. Des dizaines ou des centaines de milliers d'extrémistes sunnites conspirent contre le monde actuel mais, dans leurs familles, des millions de personnes conspirent contre les valeurs musulmanes et bédouines.
Zadrobilek a écrit:
Autre constat : l'élite produite par le Libéralisme n'a rien à envier en terme de comportements mafieux et la légitimation morale de ce système tend à s'estomper.
C'est faux : elles ne vous donnent pas le choix entre la soumission et la mort et vous pouvez librement quitter le système quand ça vous chante. Vous ne le quittez pas, pas davantage que les "nuit debout", car le système vous procure infiniment plus que ce que vous trouverez ailleurs, et vous le savez.
Vous critiquez mais vous restez, vous marquez votre préférence par votre décision finale en dépit de vos critiques. Quelques fondées que soient vos critiques, elles ne pèsent pas assez pour que préfériez rester dans le système libéral.
Pourtant, toutes les alternatives vous sont offertes : les sociétés mafieuses et racistes du Tiers Monde, quelques tyrannies communistes (ce qui revient au même), les communautarismes, la chevauchée djihadiste, l'anarchie et les seigneurs de guerre en Somalie, Érythrée, Sud Soudan, Ouganda, Zaïre et Haïti, les féodalités tribales de la péninsule arabique, les hommes préhistoriques du Kalahari ; vous avez encore le choix entre toutes les nuances qui existent entre ce que vivent un Hollandais et un Touarègue malien, un esclave mauritanien, un quaker, un chef de guerre indo-turco-afghan, un enfant soldat hutu, orphelin mineur polythéiste au Bangladesh et un chasseur-cueilleur amazonien.
Bref, tout ce que l'homme a inventé de systèmes viables depuis l'aube de la préhistoire vous est accessible grâce au pouvoir d'achat et aux libertés (permissions) qui vous sont octroyées (happy few) par la démocratie libérale où vous vivez. Or vous restez librement et marquez souverainement votre préférence.
Zadrobilek a écrit:
Quant au discrédit jeté sur le Communisme par la révélation de son aspect criminel, le phénomène s'est surtout produit dans la sphère intellectuelle à partir des années 70. Ce n'est pas cela qui a réduit l'électorat communiste : c'est en premier lieu l'accession à la classe moyenne des familles ouvrières.
Ben oui. Les ouvriers qui vivent mieux que Louis XIV, ça ne s'est produit dans l'Histoire que grâce au libéralisme et nulle part ailleurs.
Zadrobilek a écrit:
En gros, toute la période où le Capitalisme avait besoin de consommateurs en grand nombre dans les pays occidentaux.
Le capitalisme est un fonctionnement économique concentrant les moyens de production pour réaliser des économies d'échelle. Il existe depuis le néolithique. Les royaumes, les tyrannies étatiques, les mafias, les esclavagistes sont capitalistes, mais pas libérales. Si vous avez apprécié de bénéficier du capitalisme des autres (par exemple, en percevant un salaire supérieur à 2 $ par jour) pour augmenter votre propre capital (achats de biens propres pour vous vêtir, équiper, déplacer, loger...) , vous êtes capitaliste.
Mais ce que le communisme et les autres systèmes capitalistes antilibéraux n'ont su faire, permettre aux masses travailleuses d'accéder au confort bourgeois, le libéralisme l'a fait. C'est pour cela qu'il est légitime et aimable, c'est pour cela que les autres systèmes sont moins légitimes et moins aimables. Personne n'afflue à Pyongyang ni à Mogadiscio.
Zadrobilek a écrit:
Ces derniers (sans parler des mutations technologiques en cours) pulvérisent peu à peu cette classe moyenne très vaste qui avait adhéré au consensus libéral.
Ce sont des mesures antilibérales, qui ne profitent qu'à des oligarchies, qui nuisent aux classes moyennes, tout ce qui crée du chômage et empêche de travailler : SMIC, taxes des entreprises, lois anti-emplois, anti-contrats, certaines rentes sociales. C'est pourquoi le malaise français, où tous ceux qui veulent travailler pour s'enrichir le peuvent.
Zadrobilek a écrit:
Pour l'instant la remise en question n'est que marginale car le nombre d'insiders est suffisant.
Dix pourcent de chômage en France, c'est encore 90 % d'actifs qui s'enrichissent en travaillant.
Cela dit, une immense majorité d'exclus ne bouscule pas une société : par exemple, en Palestine, une majorité de chômeurs déclassés ne remettent pas leur système et leurs mentalités en cause et persistent à pleurnicher sur le passé. C'est pareil dans toutes les sociétés antilibérales qui n'évoluent pas ou régressent (Cuba, Corée du Nord, Venezuela, Argentine, Érythrée, Comores, la France jusqu'à Louis XVI...). S'accrocher à des mesures antilibérales ou y revenir coûte toujours très cher, aux sociétés comme aux individus.
Zadrobilek a écrit:
mais à votre place je ne jugerais pas improbable le regain de tentation néo-communiste
Zadrobilek a écrit:
J'ajoute, pour suivre cela de près, qu'on assiste à une évolution assez préoccupante dans la Gauche d'héritage marxiste : le rejet progressif du rationalisme antithéiste, qui est particulièrement visible chez les jeunes militants (qui par définition formeront le gros des troupes demain). Bien entendu il s'agit en premier lieu d'épargner l'Islam en tant que religion des opprimés. Cependant ce n'est pas le seul facteur en cause : il y a aussi un rejet très vif des valeurs des générations précédentes, ainsi qu'une forme d'auto-dépréciation identitaire (rejet des cadres conceptuels qui ont structuré l'Occident et façonné un monde jugé détestable).
J'avais oublié de préciser qu'en Occident, les soi-disant militants marxistes sont des personnes vivant confortablement, y compris de jeunes gens improductifs vivant confortablement aux crochets de leurs parents. C'est une manière hypocrite de prôner l'aumône avec l'argent des autres. Il n'y a pas de communistes chez les chasseurs-cueilleurs ni chez les petits paysans : ce sont des personnes acquérant trop difficilement de quoi vivre pour mépriser de s'enrichir avec le libre-échange.