http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006070722&dateTexte=20080312 a écrit:
Ceux qui, par l'un des moyens énoncés à l'article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement.
C'est le code pénal. Charlie Hebdo a été accusé d'avoir enfreint ces dispositions et a été acquitté.
Dieudonné a, au contraire, été condamné.
C'est que, Charlie Hebdo et Dieudonné n'ayant pas exprimé les mêmes choses dans les mêmes formes, les juges ont pu conclure que le délit n'était pas constitué pour Charlie Hebdo tandis qu'il l'était pour Dieudonné. Je rappelle que, dans un Etat de droit, c'est la décision des juges qui s'impose même si elle déplaît, ce que trop ont tendance à ignorer. Vous pouvez certes rester sur une opinion contraire mais, pour être crédible, il faudrait argumenter. Les décisions judiciaires étant toujours motivées, vous devriez prendre connaissance des jugements qui ont été prononcés et expliquer en quoi ces jugements sont contestables. Comme vous ne prenez pas la peine d'argumenter sérieusement, votre opinion ne présente aucun intérêt.
N'ayant jamais vu aucun spectacle de Dieudonné, je ne peux former ma propre opinion, je m'en tiens donc à la décision judiciaire.
En ce qui concerne Charlie Hebdo, il faut rappeler que, dans un Etat laïc, le délit de blasphème ne peut exister. Charlie Hebdo n'attaque pas les musulmans en leurs personnes mais l'islam et, surtout, les autorités religieuses en leur qualité. Or les idées et les croyances ne sont pas protégées par le code pénal ni les personnes publiques prises dans l'exercice de leurs fonctions. S'il suffisait de se dire insulté pour faire condamner l'attaque d'une idée à laquelle on adhère, on rendrait cette idée intouchable ce qui reviendrait à la suppression de la liberté d'expression. Il ne suffit donc pas de se prétendre insulté, il faut pouvoir prouver l'intention d'insulter la personne au-delà de l'attaque de l'idée ou de la croyance. Or, Charlie Hebdo se manifestant régulièrement contre toutes formes de discrimination ou provocation à la haine contre les personnes, il apparaît suffisamment clairement que ses caricatures ne visent pas à insulter les musulmans. La caricature ayant suscité le plus de réaction est celle représentant Mahomet avec une bombe dans son turban. Les indignations ont deux motifs : qu'on a représenté Mahomet, ce qui est interdit par l'islam, et que l'islam est présenté comme violent. Or les prescriptions religieuses ne sont pas loi de l'Etat et les violences commises au nom de l'islam sont une réalité qu'il est légitime de dénoncer.
Moujik Looping a écrit:
A titre personnel je pense qu'effectivement la liberté d'expression est à géométrie variable.
Pour ce qui est de l'analogie avec les Juifs, le lecture complotiste est juste pathétique. Si l'on a majoritairement développé à une sensibilité accrue à l'antisémitisme c'est avant tout une réminiscence de notre mauvaise conscience, la redécouverte post-Shoah de la civilisation judéo-chrétienne... Il est tout autant pitoyable de le déplorer. Il vaudrait mieux étendre cette sensibilité aux musulmans.
Il faut aussi tenir compte du contexte. Les actes et les propos antisémites sont sans commune mesure avec les actes et propos visant des musulmans. Par exemple, j'ai appris qu'il n'y avait plus d'enfants juifs à Saint-Denis : l'atmosphère leur est tellement hostile que, soit les parents ont déménagé, soit les enfants ont été envoyés dans des écoles privées.