L'inquisition était certes une institution propre au catholicisme. Pour autant, d'autres obédiences chrétiennes ont aussi persécuté ceux des autres obédiences chrétiennes qu'elles considéraient comme hérétiques (que ces dernières soient catholiques ou d'autres obédiences protestantes).
Le problème de l'identité, c'est que les composants du concept varient selon les pays et, au sein même des pays, selon les personnes.
Aussi difficile qu'elle puisse nous paraître et quand bien même de nombreuses ressortissants de pays musulmans ou de personnes de confession musulmanes ne la partagent pas, la notion de l'Oumma est bel et bien une réalité dans le monde dit "musulman". Une réalité vague, là encore protéiforme, mais une réalité tout de même.
C'est quelque chose que les occidentaux sécularisés ont du mal à saisir. Mais si on se place de l'autre côté, on réalisera que c'est notre propre conception sécularisée et individualiste de l'identité qui, d'un point de vue extérieur, est difficile à comprendre.
Par ailleurs, je ne pense pas que l'identité d'un terroriste ou d'un criminel soit un critère signifiant en soi. Au plus il y a une corrélation, pas une causalité. Beaucoup plus pertinent me paraissent les motifs allégués. Je pense que par principe, il faut croire ce que les gens nous disent des motifs de leurs actes.
Le fait est que les terroristes se réclamaient de l'Islam : une vision de l'Islam certes minoritaire mais qui n'a jusqu'à présent, sauf exception, pas fait l'objet du traitement qu'elle mérite. Les autorités religieuses ou morales musulmanes sont dans le déni ("ce ne sont pas des vrais musulmans") plus que dans le traitement (expliquer en quoi ces personnes peuvent se prévaloir d'arguments et d'exemples solides, et faire enfin leur bon sang d'exégèse d'un texte conçu par des bédouins patriarcaux et pillards sortis du désert au VIIème siècle de notre ère, et séparer le bon grain de l'ivraie).
Je reviens au problème de l'identité et à la notion de Oumma. Dans de nombreux pays, pas que musulmans d'ailleurs, la religion est une part absolument déterminante de la culture et constitutive de l'identité. La notion de laïcité est même incompréhensible. La séparation du politique et du religieux ne va pas de soi. Il suffit d'aller voir en Israël, dans le monde orthodoxe en Russie ou en Grèce, en Turquie où les autres confessions ont littéralement disparu moins d'un siècle après la révolution kémaliste.
Il y a des pays où la séparation du religieux et du politique est très superficielle et où, dans l'esprit de la société, les valeurs ou prescriptions de nature religieuse n'en sont pas moins omniprésentes.
La difficulté des musulmans modérés à promouvoir et à faire triompher un Islam des lumières et un Islam moderniste est gigantesque et insurmontable sans accepter une révision déchirante qui devra passer obligatoirement par une rupture avec des pans entiers du coeur du Coran et de leurs origines. Le Coran ne connaît pas l'autonomie des personnes, de la sphère privée par rapport à la sphère publique ou de la société par rapport à la religion. Et cerise sur le gâteau, Mahomet est en permanence présenté sous sa dimension la plus haute, à savoir le prophète de l'Islam. Mais dans cette genèse de l'Islam et du Coran, tout aussi déterminant est le fait que Mahomet était un chef politique, un chef de guerre, et un législateur.
Quoique relative et contestable, la notion d'identité musulmane ne me paraît pas devoir être rejetée par principe. Elle devrait plutôt être contextualisée. Beaucoup des critères et des signifiants constitutifs de l'identité de ces personnes se définissant comme musulmanes sont surtout les critères et les signes d'une identité de leur pays et cultures d'origine.
Il suffit de voir la dernière Rencontre annuelle des musulmans de France :
http://www.lepoint.fr/societe/le-bourge ... 632_23.phpCertains de nos compatriotes, originaires de pays musulmans, vivent et pensent à la française et à l'européenne, pour dire la chose rapidement. D'autres entendent vivre très largement non pas tant "à la musulmane" qu'à la mode de leur pays d'orgine.
Etant entendu que tout cela est très mouvant. Quand vous alliez dans les pays dits musulmans il y a une trentaine d'années, vous ne voyiez quasiment pas de telles tenues. Ces modes et signes se sont développés récemment et témoignent d'une volonté de repli identitaire et communautaire.
C'est cela le multiculturalisme. D'autres parleraient d'apartheid, sauf qu'il s'agit d'une séparation volontaire, d'un rejet affirmé et plus ou moins militant des valeurs et référents du pays dans lequel ces personnes vivent.