Faget a écrit:
Alain de Benoist, l'intellectuel vilipendé et ostracisé donne un point de vue dans ce fil. Je ne suis pas entièrement d'accord avec lui, mais il donne un éclairage qui fait se poser des questions :
http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/ ... nte,150867Le passage le plus remarquable est celui-ci :
Citation:
Au demeurant, ce ne sont pas les djihadistes, mais les Occidentaux qui ont les premiers agité le spectre du « clash des civilisations » après s’être employés à déstabiliser tout le Proche-Orient et à éliminer tous les chefs d’État arabo-musulmans qui, de Saddam Hussein à Kadhafi, avaient érigé des barrages contre l’islamisme radical. La nécessité de lutter contre les conséquences immédiates ne doit pas faire oublier la réflexion sur les causes premières.
Restons lucide.
Il ne faut pas, il est vrai, idéaliser outre mesure les libertaires de Charlie Hebdo adeptes de cette doxa qui accordait jadis une légitimité républicaine au parti de Georges Marchais et de Jacques Duclos (dont les liens très étroits avec le régime soviétique a fait l'objet d'un excellent article de la revue
L'histoire il y a une vingtaine d'années) et qui continue de la refuser à l'actuel FN.
Mais il faut aussi bien prendre conscience de qui est Alain de Benoist et de qui sont les rédacteurs du site
bdvoltaire. Ce dernier est une officine de désinformation. Les opinions sont libres, certes, et les analyses d'un même fait peuvent fortement diverger, mais il y a une limite au-delà de laquelle il n'y a plus interprétation mais dénaturation et, sur bdvoltaire, on est maître en la matière. Il faut savoir que ce site est l'oeuvre de Thierry Meyssan qui s'est fait connaître par sa théorie négationniste sur les attentats du 11 septembre 2001 et qu'il est une source abondamment citée sur mejliss et oumma.com dont nous avons déjà parlé.
Si Alain de Benoist est vilipendé et ostracisé, il y a à cela quelques bonnes raisons. Pour simplifier, ce qu'il est convenu d'appeler extrême-droite se divise en deux mouvances, l'une nationaliste et xénophobe, l'autre libertaire et cynique.
La première a été incarnée d'abord par Pétain et la "rénovation nationale", ensuite, par Salan et l'OAS. Aussi l'Histoire l'a-t-elle définitivement condamnée. Si le FN actuel continue à sentir le soufre, c'est qu'il a été fondé par Jean-Marie Le Pen, sympathisant de l'OAS. Elle repose sur une idéologie raciale : La race européenne ne doit pas se laisser corrompre par les autres. Evidemment, ce n'est jamais affirmé aussi brutalement. Le temps des théories raciales et celui des aventures coloniales étant passé, on a réactualisé le discours, mais sans le modifier fondamentalement. Désormais on plaide hypocritement pour un repli national sous l'argument hypocrite d'un respect des peuples et des civilisations en exaltant une mythique civilisation européenne qui est apparaît bien plus comme celle de Maurras que comme celle de Voltaire.
La deuxième, incarnée par le Tea Party aux Etats-Unis, vise à l'élimination des notions d'Etat et d'ordre public. Ce serait la loi du plus fort, un retour à l'état de nature dont l'abandon marque la naissance de l'humanité.
Alain de Benoist se rattache plutôt à la première, en version athée.
L'idée simpliste que Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi et Bachar el Assad étaient ou est encore un rempart contre l'islamisme, reprise ad nauseam d'un côté par des pacifistes béats et de l'autre par les contempteurs des valeurs universelles et des droits humains ne tient pas. Alain de Benoist oublie un peu vite comment Saddam Hussein maintenait l'ordre : à coup de gaz de combat sur les Kurdes au nord et sur les chiites au sud. Il oublie un peu vite aussi que Kadhafi avait à son actif deux explosions d'avions civils en vol, le premier britannique, le second français. On a voulu croire qu'il s'était assagi. Le sinistre épisode des infirmières bulgares laisse plutôt penser le contraire, sans oublier les tribulations de son fils en Suisse. En fait, ces trois Père Ubu avaient érigé un barrage contre l'islamisme radical comme on empêche la vapeur de s'échapper de la cocotte-minute : en appuyant sur la soupape. Cela fonctionne un temps, mais finit inéluctablement par l'explosion. D'ailleurs on le voit bien en ce qui concerne la Syrie. Pour une fois, les puissances occidentales ont laissé faire. On peut constater le résultat. N'en déplaise à Alain de Benoist, il aurait fallu soutenir massivement l'ALS au moyen d'aides financières et de livraisons d'armes.
Pöur en revenir à la liberté d'expression, qui, en principe, devrait être totale, il peut être nécessaire de la limiter dans des cas exceptionnels. Comme l'a dit Narduccio, il peut être nécessaire d'arrêter à temps l'expression de ceux qui ont pour but d'abolir les libertés. C'est ce que le pouvoir britannique s'est résolu à faire dans le Londonistan où des extrémistes vociféraient des appels au djihad.