Premier élément en réponse à Panzermeister, sur sa question quant à l'accumulation des 300 milliards de dette publique en Grèce. La réponse est la même que pour les 2000 milliards d'euros de la dette publique française.
Pour l'essentiel, ces 300 milliards de dette sont passés :
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d'abord et surtout en dépenses d'achat de biens et services produits sur place mais aussi, et de manière importante très importante, de biens importés. La Grèce fait partie de ces pays (comme l'Espagne ou encore le Royaume-Uni ou les USA), dont la balance des transactions courantes est structurellement déficitaire.
http://ec.europa.eu/eurostat/statistics ... _courantesAutrement dit, les belles bagnoles circulant en Grèce, notamment le made in Germany, ont été vendues aux grecs par l'équivalent d'un mécanisme de crédit. Je trouve donc aussi scandaleux que stupide que les gouvernants allemands se gargarisent des performances à l'exportation de leurs entreprises alors que leurs entreprises ont bel et bien été les vendre, ces bagnoles et autres produits, aux grecs. Ils connaissaient parfaitement la situation de l'économie grecque, de la même manière que le concessionnaire qui vous vend une voiture à crédit va vous demander de produire vos comptes pour s'assurer que vous êtes solvables. Bref, les exportateurs qui ont vendu à la Grèce ont accepté de lui faire crédit parce qu'ils voulaient lui vendre des produits.
J'ai parlé des voitures de luxe. On pourrait aussi évoquer les matériels militaires qu'Allemagne et France ont massivement vendus à la Grèce.
Il n'y a donc pas d'un côté une cigale et de l'autre les fourmis.
Il y a d'un côté un drogué irresponsable qui devrait savoir que la consommation abusive et prolongée de drogue a toujours une fin et que cette fin s'accompagne de séquelles et d'un sevrage particulièrement douloureux. Et il y a de l'autre côté des dealers malhonnêtes qui prétendent se transformer en médecins (qui plus est des médecins de Molière tout juste bons à prescrire des lavements et des saignées) tout en exigeant le paiement des dettes contractées pour acheter cette came.
- ensuite, cette dette a servi à payer les intérêts de la dette passée.- enfin, et très accessoirement, cette dette a servi à financer des investissements pas tous très productifs (par exemple ceux réalisés pour les JO d'Athènes en 2004).Les 300 milliards de dette grecque ne se sont pas évaporés. C’est juste qu’ils sont insoutenables et que, depuis 5 ans, les autres gouvernements européens, appuyés par la Commission européenne et le FMI, ont obligé la Grèce à mettre en œuvre des plans de redressement qui ont entraîné l’économie grecque dans une déflation de même ampleur que celle des années 1930 à son pire moment.
Le PIB grec a chuté de 25% ! Si déjà vous n’arrivez pas à faire face à une dette publique avec un PIB de 100, ce n’est sûrement pas avec un PIB de 75 que vous allez réussir à rembourser.
C’est absurde. Et il ne s’agit pas là de doxa ultra-libérale mais de folie germanique qui met une vision moralisatrice suicidaire et inhumaine dans la gestion économique, là où les libéraux anglo-saxons sont beaucoup plus pragmatiques.
La dette grecque ne redeviendra soutenable que si on donne à la Grèce les moyens de mettre en œuvre un plan d’investissement massif pour muscler son économie (ça ne peut être que du moyen et long terme).
Ceux qui tiennent la barre en Europe dans la gestion de cette crise, l’Allemagne et ses supplétifs de la Mitteleuropa (Pays-Bas, Autriche, Finlande, …etc) se comportent comme des psychopathes.
Il faut, enfin, comprendre que le plan d’aide à la Grèce mis en place en 2010 est ridicule par rapport aux moyens qu’il aurait fallu mettre en place.
Les 110 milliards soit disant apportés à la Grèce sur 3 ans ont consisté à se substituer aux banques privées à hauteur de 110 milliards d’euros de dettes. Autrement dit, il y a eu transfert de créance à hauteur de 110 milliards, de créanciers privés, vers des créanciers publics.
La seule aide apportée à la Grèce a résidé dans le fait que les taux d’intérêts consentis par les autres pays de la zone euro, dans le cadre du FESF, et le FMI, étaient de 5% alors que la Grèce ne pouvait alors se refinancer sur le marché qu’à des taux beaucoup plus élevés.
Mais 5%, c’est toujours trop pour un pays qui plonge.
Ce choix était encore un compromis absurde. Faire payer moins cher quelqu’un qui n’a pas les moyens de payer, c’est la même chose que de mettre un bloc de ciment de seulement 50 kilos, à la place du bloc de 100 kilos qui était initialement prévu aux pieds de quelqu’un qu’on a laissé tomber dans le port.
Là où je suis d’accord avec Narduccio, c’est que les banques privées qui détenaient initialement la dette grecque ont été en partie induites dans l’impasse dont elles ont été tirées par l’impéritie des instances européennes et des gouvernements européens de l’eurozone. En partie seulement, parce que ces banques ne pouvaient pas ignorer les défauts de construction de l’euro ni la position de l’Allemagne sur ces questions.