Narduccio a écrit:
Bon, la messe est dite. Pour survivre, les grecs ont du accepter aujourd'hui ce qu'ils avaient refusé par référendum dimanche dernier. D'un autre coté, ils ont "contre-voté" aux distributeurs de billets. Les grecs seraient aujourd'hui le peuple européen qui a le plus d'argent liquide à domicile. Et çà continue, à raison de 60€/par jours, ils vident leurs comptes bancaires et remplissent les matelas. Les mauvaises langues prétendent que c'est en prévision d'une sortie de l'euro car ils craignaient une forte dévaluation de la future drachme. Si c'est le cas, on verra l'argent revenir dans les banques.
Quand aux allemands, ils sont des ordolibéralistes de façades. Officiellement, tout le monde respecte les règles. Mais, par exemple, les gendarmes et les douaniers avaient du poursuivre les voitures allemandes en Alsace pour faire cesser le dépôt sauvage des poubelles dans les forêts alsaciennes (bon d'accord, ils ont aussi choppé des véhicules suisses avec les coffres remplis de poubelles ...).
Exactement. Et les illustrations que vous faites sont particulièrement justes.
En France, beaucoup de gens ont tendance à croire aux discours : que ce soient ceux de leur personnel politique qui font campagne de la même manière que les pères Noël embauchés par les grands magasins de jouets demandent aux enfants ce qu'ils voudraient bien avoir comme cadeaux pour Noël.
Et de la même façon on croit le baratin que les autres pays nous racontent sur eux-mêmes.
L'Allemagne et sa prétendue rigueur nous a bien enfumés. On a quelques excuses : cela fait 145 ans qu'on nourrit un complexe allemand.
En Allemagne, la rigueur est une valeur. Mais dans la vie réelle, nombreux sont les allemands qui font de petits arrangements avec les supposées valeurs germaniques. Voilà un paradoxe sur lequel Todd ne s'est pas penché et qui contredirait sûrement ses thèses généralisantes sur les allemands luthériens.
L'Allemagne n'est pas le pays de la concurrence libre et non faussée.
L'Allemagne est le pays des cartels, du hors bilan des entreprises cantonné dans des banques régionales au bord de l'explosion. C'est même la raison précise pour laquelle l'Allemagne a exigé et obtenu que l'Union bancaire mise en place dans l'UE pour superviser les banques ne soit pas compétente, sauf rares exceptions, sur les petites banques et sur les caisses d'épargne.
L'Allemagne est aussi le pays du patriotisme économique.
Quant à la morale démocratique supposée solidement ancrée depuis le travail de rééducation imposé par les autorités d'occupation occidentales, il suffit de lire les déclarations récentes du chrétien-démocrate bon teint Wolfgang Schauble sur la France et la Grèce.
Il pense que la démocratie est un obstacle gênant chez les autres. En France comme en Grèce.
http://www.huffingtonpost.fr/2015/04/17 ... 84168.htmlhttp://abonnes.lemonde.fr/economie/arti ... _3234.htmlBref c'est gravissime et extrêmement inquiétant. Surtout que Schauble est le père spirituel de toute une génération de jeunes politiciens allemands qui sont comme on dit "décomplexés" et tout emplis de fierté de la réussite germanique. L'Histoire ne bégaie pas toujours et la situation est profondément différentes. Mais il y a des attitudes, des comportements, qui ont un caractère quasiment atavique.
Depuis quelques années, et depuis en réalité que Schroder a quitté le pouvoir, l'Allemagne d'avant, économiquement bismarckienne, est de retour.
Quelles que soient les outrances de Mélanchon et ses positions partisanes que j'estime complètement irréalistes, inefficaces et même contre-productives, l'histoire du tonnelet de harengs de Bismarck, du chant nationaliste et est tout à fait significative du nouvel état d'esprit dominant en Allemagne.
Maintenant, si on va sur le fond des choses, le problème de l'UE ce n'est pas, à mon avis, de mener une politique économique de gauche ou de droite.
C'est d'enfin mener une politique qui ne soit pas un simple cadre de compétition et même de guerre économique entre Etats membres mais bel et bien une politique économique en faveur des européens. Et il me semble que le contexte économique mondial auquel l'UE fait face n'appelle pas une politique économique plus à gauche mais une politique de croissance dans un monde de très forte concurrence.