Quelqu'un indique plus haut qu'il considère que la France est en état de guerre civile larvée. Je suis totalement d'accord : il s'agit d'une prophétie auto-réalisatrice, énoncée par des individus qui ne se rendent pas bien compte de la portée des concepts qu'ils manient (la "remigration", entre autres). Je crois qu'il n'y a pas grand chose à faire contre un tel discours, car on ne se situe plus dans le champ du rationnel mais dans celui de l'émotion primaire justifiée a posteriori par la réflexion. Laquelle s'encombre rarement de probité intellectuelle, comme en témoigne la prolifération des fakes sur Internet, relayés à grande échelle sans vérification minutieuse au préalable.
Il y a une dimension clairement auto-destructrice dans ce discours, et peut-être même ethnosuicidaire. Croire que la "remigration" sera un genre de Saint-Barthélémy ponctuelle est une sottise considérable. On obtiendra au minimum une situation à la Yougoslave, c'est à dire le chaos pendant des années et des centaines de milliers de morts. Ca signifie également que n'importe quel citoyen peut être impacté, perdre sa propre vie, être mutilé, ou voir un proche subir ces drames. Il ne faut pas beaucoup aimer ses enfants et ses petits-enfants pour leur souhaiter une telle chose. De même qu'il ne faut pas non plus aimer son pays pour lui souhaiter ça. Comme quoi, les vrais patriotes ne sont pas ceux qu'on croit...
On parle de la misère comme d'un facteur favorisant la criminalité. Le terme me semble impropre. C'est plutôt l'injuste répartition des richesses dont il est question, qui conditionne directement l'adhésion dans la "valeur-travail". L'effort a du sens s'il est justement récompensé ; s'il ne vaut que précarité, et mépris d'une classe de gens déterminés à redistribuer de moins en moins, alors il est illusoire de penser que cette valeur sera approuvée par la population. Croire qu'il suffit de gueuler un peu fort pour que les gens se soumettent à un ordre injuste, c'est ni plus ni moins que de l'autoritarisme infantile. Et assez comique de la part de gens qui ont roulé leur bosse et dont on pouvait attendre mieux vu leur bagage intellectuel. A tout instant je m'attendais à ce qu'ils ponctuent leurs interventions d'un "Hé Raymond, tu me remets un pastis ?".
J'ajoute qu'on ne psychiatrise pas assez les comportements délictueux/criminels. On parle de sur-représentation dans les prisons sur des critères ethno-culturels, mais pas sur les critères psychiatriques. Et on a tort. Les prisons sont truffées de sociopathes, borderlines, bi-polaires et autres, qu'on aurait pu traiter à temps à condition d'identifier le problème en amont. Pathologies qui n'ont d'ailleurs rien de congénital, certains facteurs sont connus comme par exemple les multiples abus infantiles. Evidemment, une telle analyse est iconoclaste car elle suppose qu'on ouvre les yeux sur un certain nombre de réalités déplaisantes. Papa cogneur, Maman foldingue et Papy tripoteur occasionnent ainsi d'immenses dégâts sur la Société, ce sont très clairement des générateurs d'individus déviants (les Kouachi avaient d'ailleurs un passé de victimes d'agressions sexuelles). Pathologies qui expliquent également pourquoi untel, qu'on croyait bien inséré, bascule peu à peu dans la folie meurtrière jusqu'à commettre un meurtre de masse. Quand j'entends parler d'un type qui a massacré un vieillard pour trente euros, je ne peux pas m'empêcher d'y voir de la folie, au sens médical du terme. Pareil pour les terroristes. Ou pour quiconque entretient une fixation morbide sur tel groupe d'individus au point de leur souhaiter mille tourments.
Ceci dit, il y a de vraies fractures ethniques/communautaires en France. On peut estimer regrettable et imprudent d'avoir eu une approche réifiante et strictement comptable des flux migratoires, c'est-à-dire d'avoir importé de la main d'oeuvre bon marché pour satisfaire aux intérêts du grand patronat (HS : je me demande sincèrement pourquoi tant de patrons de PME estiment que leurs intérêts épousent ceux des patrons de grosses boîtes, au mépris de toute rationalité là encore). Il est cependant inutile de s'y attarder dix mille ans car l'urgence dicte un choix. Deux options s'offrent à nous :
- évacuer les indociles (ou pire : c'est plutôt les présumés indociles qu'on envisage de dégager), au prix de la guerre civile
- ou parvenir à les subjuguer pour que, lentement, l'allégeance républicaine surpasse toute autre. Si l'on ne propose à des individus que du mépris, de la violence et de l'injustice, alors il est logique (je ne dis pas "acceptable" ou "normal", mais juste "logique") qu'ils défient la République. Des gens nés avec une cuillère en or dans la bouche (genre un ex-ministre fils d'industriel) glosent sur l' "assistanat" à des fins strictement démagogiques. D'autres notoirement véreux accèdent aux plus hautes fonctions, et on découvre périodiquement qu'untel, entre deux leçons de morale dans les médias, a dissimulé des millions au fisc par exemple. Comment croyez-vous que réagissent devant cela les gosses des mères à qui on a retiré telle aide sociale indispensable pour une sous-déclaration de 20 ou 50 euros ? Mal, évidemment, la foi en l'idéal républicain en prend un coup sérieux et il serait particulièrement indécent de ma part de les en blâmer.
En fait, la guerre civile est inévitable car le vieux fond égocentrique et sadique prime sur toute rationalité, tout civisme et même tout patriotisme. Mais le moment venu, les va-t'en-guerre feront moins les malins.
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