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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Dim 17 Mai 2015 15:29 
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@ Babertorte :

Je vous trouve plutôt naïf à propos du CRAN. Tout d'abord, pour avoir fréquenté le milieu associatif/syndical, je puis vous certifier que si le militant de base est plutôt animé d'un idéal vertueux, la proportion de mégalomanes et d'individus sans scrupules s'élève de manière affolante à mesure qu'on monte dans la hiérarchie. Il y aurait d'ailleurs une réflexion à mener sur la manière dont on envisage la politique et dont on choisit nos représentants (globalement, ce type de personnalité pathologique est sur-représenté dans les fonctions décisionnaires, comme si un automatisme/archaïsme nous poussait à nous incliner devant de tels individus).

Prenons l'exemple d'une association féministe (dont je ne citerai pas le nom) très populaire et disposant de grands relais institutionnels : elle regroupe un nombre alarmant de personnes investissant une cause pour servir des intérêts personnels, réseauter (politique, médias, etc), phénomène dont j'ai été le spectateur pour d'autres causes militantes qui avaient pourtant une vocation altruiste et universaliste. Les plus ambitieuses aspirent d'ailleurs à une députation ou un Secrétariat d'Etat aux Droits des Femmes. En fait, je ne vois pas bien par quel miracle le CRAN serait préservé de tout ça.

Pour ce qui est de l'impact de la Discrimination Positive, l'exemple américain montre que
Citation:
Favorable à ceux qui sont au plus bas de l'échelle sociale, la discrimination positive nuit à ceux qui sont parvenus aux échelons supérieurs.
n'est pas du tout ce qui s'est produit, bien au contraire. Elle a juste permis la consolidation d'une bourgeoisie/élite Noire tandis que la condition des plus défavorisés (ultra-majoritaires) stagnait.

Citation:
Mais si l'on vise des changements en douceur, il faut travailler à la paix sociale et éviter de se placer sur le terrain des passions.


Les sociétés occidentales (et donc, la française) sont de plus en plus structurées par le conflit et l'affirmation identitaire agressive. Le CRAN s'inscrit donc tout à fait dans l'air du temps. Même à Gauche (je n'inclus évidemment pas le PS parmi la Gauche), l'idéal de Bien Commun s'estompe, d'où des évolutions conceptuelles telles que le refus de l'universalisme (perçu comme une continuité de l'oppression occidentale) qui fait le lit de l'essentialisme, du différentialisme et donc du communautarisme ; ou encore l'émergence d'une pensée "libertaire" qui place l'individu et ses aspirations au centre, et par extension celles du groupe auquel il s'identifie. La tendance est à l'identification à ce qui nous distingue d'autrui, et non à ce qui nous lie à la masse. L'assimilationnisme autoritaire a cédé la place à un tribalisme conflictuel dont la paix sociale n'est pas DU TOUT l'objectif (je me répète, j'inclus le FN dans ce mouvement, ou encore la manière dont les pauvres sont traités par une certaine classe sociale, les idéaux de solidarité et d'empathie ont complètement disparu).


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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Dim 17 Mai 2015 16:53 
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Barbetorte a écrit:
Articles sur l'excision parus dans Slate : j'y ai jeté un coup d'oeil. Je n'ai pas d'avis tranché mais j'ai tout de même tendance à la suivre lorsqu'elle dit : le misérabilisme des Occidentaux sur la question est une forme de néo-colonialisme. Les Africains d'aujourd'hui veulent qu'on les regarde comme on regarde un Européen ou un Chinois et cela me semble parfaitement légitime.

Voilà qui me semble s'apparenter à cette vieille tendance de vouloir gommer les différences quand elles se révèlent gênantes...
En ce qui me concerne, je ne vois pas pourquoi je devrais « regarder » les Africains ou les Chinois comme s'ils étaient des Européens. Ils ne sont pas Européens, et eux ne nous « regardent » pas comme si nous étions des Africains ou des Chinois. Des profondes différences culturelles existent, et je ne vois pas pourquoi les nier.
Et s'ils veulent absolument que nous cessions de les voir comme des éternels colonisés, peut-être faudrait-il aussi qu'ils cessent de nous voir comme des éternels colonisateurs ?
On peut blâmer le misérabilisme des Européens, mais pourquoi ne pourrait-on pas blâmer aussi l'habituelle posture victimaire adoptée par les descendants des anciens peuples colonisés ?


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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Dim 17 Mai 2015 17:18 
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Barbetorte a écrit:
cette communauté des Noirs de France est une construction très artificielle puisque tous ces Noirs n'ont qu'une chose en commun, la couleur de leur peau, à la différence des juifs et des Maghrébins qui se définissent par une toute une culture spécifique et une histoire.


Pourtant, les juifs de France sont regroupés dans diverses organisations en fonction de très nombreux autres facteurs. Ce qui est aussi le cas des maghrébins. Car leur culture et histoire, pour toute spécifique qu'elle soit n'est pas plus unitaire que la notre.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable


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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 00:37 
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LordFoxhole a écrit:
Voilà qui me semble s'apparenter à cette vieille tendance de vouloir gommer les différences quand elles se révèlent gênantes...
En ce qui me concerne, je ne vois pas pourquoi je devrais « regarder » les Africains ou les Chinois comme s'ils étaient des Européens. Ils ne sont pas Européens, et eux ne nous « regardent » pas comme si nous étions des Africains ou des Chinois. Des profondes différences culturelles existent, et je ne vois pas pourquoi les nier.
Je crois que vous n'avez pas bien saisi. Les associations de handicapés tiennent le même langage. Dans une entreprise, le comptable, qui s'appelle Rolland et qui est handicapé, préfère qu'on le désigne comme M Rolland le comptable plutôt que comme M Rolland, le type en fauteuil roulant. Question culture, c'est à voir. Dans une entreprise où j'ai travaillé, parmi mes collègues, il y avait un Français de souche, plutôt sympathique mais qui ne lisait jamais de livre, " ça lui donnait mal à la tête ", tout au plus les titres du Parisien et un Franco-ivoirien titulaire d'un diplôme d'ingénieur et possédant une bonne culture générale. Je vous laisse deviner lequel des deux connaissait le mieux l'histoire de France et avec qui j'étais le plus enclin à bavarder. Je le voyais moins comme l'Africain que comme le type qui avait de la conversation.

LordFoxhole a écrit:
Et s'ils veulent absolument que nous cessions de les voir comme des éternels colonisés, peut-être faudrait-il aussi qu'ils cessent de nous voir comme des éternels colonisateurs ?
Oui, mais ils ne se considèrent pas tous comme des éternels colonisés et ceux-là sont fatigués des Français qui en sont toujours à Tintin au Congo.

LordFoxhole a écrit:
On peut blâmer le misérabilisme des Européens, mais pourquoi ne pourrait-on pas blâmer aussi l'habituelle posture victimaire adoptée par les descendants des anciens peuples colonisés ?
Certes. C'est pourquoi quand un Franco-Algérien me casse les oreilles avec le massacres de Sétif, je lui réponds qu'hélas il y a des heures sombres dans l'histoire de France et que, si je ne suis personnellement responsable de rien et lui non plus, pour ma part je n'étais d'ailleurs même pas né, néanmoins comme citoyens, lui aussi bien que moi à parts égales, nous devons assumer ce passif. Car les ingrédients de la citoyenneté ne se choisissent pas à la carte, on doit prendre le tout, ensemble actif et passif, et ce depuis Vercingétorix.


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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 07:02 
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Le problème, c'est que le rapport avec la choucroute n'est pas établi.

Être citoyen, ce n'est pas assumer des actifs et des passifs moraux. Si vous poussez un peu plus loin la métaphore comptable et juridique, vous arriverez à la conclusion que les actifs et les passifs ne sont pas éternels. Et que leur propriété ainsi que les conséquences de leur propriété ne coulent pas de source.

Tout le monde n'a pas été esclavagiste. Le recours à l'esclavage ne résulte pas d'un choix politique que l'ensemble ou la majorité des citoyens passés auraient voulu ou validé. Rien dans ce passé ne peut se comparer au processus de validation populaire qui a accompagné le nazisme en Allemagne.

Quand bien même descendrais-je par l'escalier de service de César, de Gengis Khan, de Cortès ou de Joséphine, cela ne me rendrait aucunement responsable de leurs actes.

Même chose en responsabilité politique. Il n'y a pas de transmission de responsabilité entre des Etats et des peuples entre lesquels la discontinuité est telle que personne de sérieux ne pourrait retrouver un lien de responsabilité.

Aucun tribunal sérieux n'accepterait une plainte contre le comte Waleswski au motif que son ancêtre naturel supposé a rétabli l'esclavage et provoqué la mort de nombreux français par certains de see choix politiques.

Bref, tous les fondements de cette démarche victimaire et mémorielle sont évanescents et dépourvus de logique.


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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 10:12 
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Inscription: Mar 21 Jan 2014 10:15
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Être citoyen, ce n'est pas assumer des actifs et des passifs moraux. Le mot moraux, c'est vous qui l'ajoutez pour me faire dire ce que je ne dis pas. Je tiens beaucoup à ma métaphore comptable. Vous avez parfaitement raison d'observer que les actifs et les passifs ne sont pas éternels. Il y a ce qu'en comptabilité on désigne par amortissement. L'empreinte des évènements s'érode. Mais celle de l'esclavage est loin d'être effacée.

Et que leur propriété ainsi que les conséquences de leur propriété ne coulent pas de source. Si, la propriété coule de source. Quand on hérite, on sait parfaitement pourquoi et la conséquence de la propriété, qui coule de source, est qu'il faut la gérer.

Tout le monde n'a pas été esclavagiste. Toute l'Europe occidentale a été esclavagiste.

Le recours à l'esclavage ne résulte pas d'un choix politique que l'ensemble ou la majorité des citoyens passés auraient voulu ou validé. Rien dans ce passé ne peut se comparer au processus de validation populaire qui a accompagné le nazisme en Allemagne.C'est bien pour cela que je me suis gardé d'écrire le moraux que vous avez estimé indispensable d'ajouter. Si vous avez bien lu mes interventions précédentes, il n'a pas dû vous échapper que je faisais moi aussi la distinction.

Quand bien même descendrais-je par l'escalier de service de César, de Gengis Khan, de Cortès ou de Joséphine, cela ne me rendrait aucunement responsable de leurs actes. Il faudrait peut-être que vous commenciez à réfléchir à la notion de nation et à l'idée qu'un pays n'est pas qu'un agrégat d'individus. Ou alors, inutile d'apprendre l'histoire. Ne parlons plus de la France des Lumières. Il n'y a pas de France des Lumières, il n'y a que quelques individus au dix-huitième siècle qui ont eu des idées qui nous paraissent aujourd'hui intéressantes et dont vous ne pouvez absolument pas vous accaparer le mérite. Arrêtons de défiler et de lancer des feux d'artifice le 14 juillet, cela n'a aucun rapport avec aucune choucroute.

Soit on continue à se proclamer la patrie des droits de l'homme et l'on assume aussi le côté moins reluisant de l'histoire, soit on oublie tout et, pour reprendre à l'envers les mots du président de la République, il serait temps que l'homme blanc n'ait plus d'histoire. D'ailleurs, n'a-t-on pas lancé une théorie sur la fin de l'histoire ?


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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 12:29 
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Barbetorte a écrit:
Être citoyen, ce n'est pas assumer des actifs et des passifs moraux. Le mot moraux, c'est vous qui l'ajoutez pour me faire dire ce que je ne dis pas. Je tiens beaucoup à ma métaphore comptable. Vous avez parfaitement raison d'observer que les actifs et les passifs ne sont pas éternels. Il y a ce qu'en comptabilité on désigne par amortissement. L'empreinte des évènements s'érode. Mais celle de l'esclavage est loin d'être effacée.


Cela, c’est vous qui l’affirmez de manière totalement subjective. Le propre de la démarche victimaire, c’est le fait que des personnes aillent chercher dans le passé des explications aux difficultés qu’elles rencontrent aujourd’hui. Sur le mode « tiens, je ne suis pas aussi haut dans l’échelle sociale et économique que je le voudrais. Est-ce que ce ne serait pas la faute de quelqu’un d’autre ? ».

La comptabilité patrimoniale relève d’une pure logique de propriété matérielle. C’est un pur sophisme que de la transposer dans un autre champ, pour des faits qu’on ne peut pas rattacher à des personnes précises et pour lesquels on peut rarement établir un lien de causalité.


Barbetorte a écrit:
Et que leur propriété ainsi que les conséquences de leur propriété ne coulent pas de source. Si, la propriété coule de source. Quand on hérite, on sait parfaitement pourquoi et la conséquence de la propriété, qui coule de source, est qu'il faut la gérer.


Affirmation encore une fois purement gratuite. Vous ne démontrez rien. La parole présente ne crée pas une réalité passée. Les actes passés ne sont pas un bien patrimonial. Cette question de l’héritage des actes ne peut trouver un début de fondement que s’il y a eu une décision validée selon des modalités qui permettraient de la rendre comparable avec les modalités actuelles, et que s’il n’y a pas discontinuité entre le régime et le peuple de l’époque et ceux d’aujourd’hui.

On en est très loin. Il n’y avait pas le début du commencement d’un régime reposant sur la légitimité populaire (sûrement pas la Grande-Bretagne d’avant l’abolitionisme), hormis les Etats sudistes esclavagistes aux USA, qui auraient assumé par des décisions. Une oligarchie arrivée au pouvoir sans le moindre processus de validation un tant soit peu démocratique, validant les pratiques d’une oligarchie affairiste n’engage pas la responsabilité des ressortissants de toute une nation 8 ou 10 générations plus tard.

Et surtout, vous écartez l’élément fondamental déjà évoqué dans des messages antérieurs. Hormis le cas des rapts/raids/razzias d’esclavagistes arabes, l’acteur central, préalable, indispensable, souverain, décisif, des traites négrières, c’étaient les esclavagistes noirs africains qui trouvaient que c’était une ressource hyper-rentable.

Barbetorte a écrit:
Tout le monde n'a pas été esclavagiste. Toute l'Europe occidentale a été esclavagiste.


C’est un amalgame franchement pauvre. L’Europe occidentale n’avait aucune réalité politique. Elle n’en a d’ailleurs encore quasiment aucune. Il n’y a aucun fondement pour intenter un procès à tel ou tel pays (Mexique, Maroc, …etc) au motif qu’il y a des trafiquants de drogue qui provoquent d’énormes problèmes de santé publique et de criminalité dans les pays où ils refourguent leur came. Il n’y a aucun fondement sérieux pour que les descendants des serfs intentent à la Russie un procès en responsabilité contre la pratique du servage sous les tsars, quand bien même la situation économique de ces personnes serait difficile.

Bref, des européens occidentaux, ce ne sont ni l’Europe occidentale ni les européens occidentaux. Sinon, on est dans l’amalgame et dans l’essentialisation de comportements individuels.


Barbetorte a écrit:
Le recours à l'esclavage ne résulte pas d'un choix politique que l'ensemble ou la majorité des citoyens passés auraient voulu ou validé. Rien dans ce passé ne peut se comparer au processus de validation populaire qui a accompagné le nazisme en Allemagne.C'est bien pour cela que je me suis gardé d'écrire le moraux que vous avez estimé indispensable d'ajouter. Si vous avez bien lu mes interventions précédentes, il n'a pas dû vous échapper que je faisais moi aussi la distinction.


Soit. Mais alors je cherche sans succès la cohérence avec le reste de vos propos et arguments.



Barbetorte a écrit:
Quand bien même descendrais-je par l'escalier de service de César, de Gengis Khan, de Cortès ou de Joséphine, cela ne me rendrait aucunement responsable de leurs actes. Il faudrait peut-être que vous commenciez à réfléchir à la notion de nation et à l'idée qu'un pays n'est pas qu'un agrégat d'individus. Ou alors, inutile d'apprendre l'histoire. Ne parlons plus de la France des Lumières. Il n'y a pas de France des Lumières, il n'y a que quelques individus au dix-huitième siècle qui ont eu des idées qui nous paraissent aujourd'hui intéressantes et dont vous ne pouvez absolument pas vous accaparer le mérite. Arrêtons de défiler et de lancer des feux d'artifice le 14 juillet, cela n'a aucun rapport avec aucune choucroute.

Soit on continue à se proclamer la patrie des droits de l'homme et l'on assume aussi le côté moins reluisant de l'histoire, soit on oublie tout et, pour reprendre à l'envers les mots du président de la République, il serait temps que l'homme blanc n'ait plus d'histoire. D'ailleurs, n'a-t-on pas lancé une théorie sur la fin de l'histoire ?


La simplification grandiloquente, ça me paraît dépassé depuis longtemps, ainsi que peu pertinent.

Non seulement la plupart des gens sur ce forum et ailleurs ne vous ont pas attendu pour réfléchir à la notion de nation. A celle d’histoire aussi : faire de l’Histoire, ce n’est pas instruire le procès du passé mais analyser, comprendre, décrire et expliquer le passé.

Quant au rapport avec la choucroute des commémorations du 14 juillet, des célébrations et autres commémorations, il faut une sacrée dose de dialectique stérile et de pensée circulaire (le postulat de départ étant la culpabilité ontologique de ces salauds d’européens) pour ne pas la voir et pour la déformer à ce point.

On commémore des valeurs auxquelles on adhère. On les commémore parce que leur proclamation a été une véritable révolution culturelle, politique, sociale, morale et qu’on se reconnaît dans ces événements fondateurs. On les commémore parce qu’on y est attaché, comme quand on fête l’anniversaire d’un être cher ou qu’on va fleurir sa tombe. Ca n’est pas plus compliqué que cela.
Après, je suppose que certains y voient l’expression d’un insupportable sentiment de supériorité, mais une telle démarche en dit beaucoup plus sur le mode de pensée de ces critiques compulsifs que des personnes qui commémorent ces événements et se réclament de ces valeurs.

Evoquer encore l’homme blanc, ça situe d’ailleurs la pauvreté de la pensée de l’actuel président de la République qui est infoutu (encore que c’est probablement par pur opportunisme électoraliste en ligne avec les analyses à 2 balles de Terra Nova) de faire la différence entre les différentes notions et les différents faits dont il a été question dans cette discussion. Cela traduit aussi le fait qu’il a parfaitement intégré le mode de pensée raciste de ceux qui ramènent tout à une question de couleur de peau.

Je vous invite aussi à creuser un peu plus les notions de responsabilité, de représentativité, de légitimité, et à intégrer les différences abyssales entre les régimes politiques et les structures sociales et culturelles d’aujourd’hui et celles d’il y a 2, 3, 4 ou 5 siècles. L’Histoire devrait aussi vous inciter à manier avec la plus grande précaution les notions de responsabilité collective sur plusieurs générations. C’est extrêmement dangereux, la responsabilité collective intergénérationnelle maniée à tort et à travers, instrumentalisée à des fins finalement assez peu reluisantes.


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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 15:55 
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Ne pas confondre réalité politique avec unité politique. Face à la Chine et au Japon, l'Europe occidentale était au dix-neuvième siècle une réalité politique. Mais plus encore, c'est une civilisation. Aujourd'hui, vue de l'intérieur, elle semble sans unité, vue de l'extérieur, l'Union européenne apparaît comme un bloc.

Le propre de la démarche victimaire. Depuis le début je dis non à la démarche victimaire, oui à la démarche mémorielle.

La comptabilité patrimoniale, comme vous l'avez bien dit, est une métaphore. On parle bien d'héritage culturel. J'affirme que l'on doit prendre l'ensemble de l'héritage. Visiblement, vous préférez un passage au tamis préalable. Cela me fait penser à l'actuel débat sur les programmes scolaires. Selon ce que j'ai entendu, la traite transatlantique serait obligatoire et les Lumières facultatives. J'ai l'impression que, selon vous, il faudrait faire l'inverse, d'abord les Lumières, ensuite l'esclavage si on a le temps. Je suis quant à moi d'avis que les deux doivent être obligatoires.

Citation:
Cette question de l’héritage des actes ne peut trouver un début de fondement que s’il y a eu une décision validée selon des modalités qui permettraient de la rendre comparable avec les modalités actuelles, et que s’il n’y a pas discontinuité entre le régime et le peuple de l’époque et ceux d’aujourd’hui.
Mais alors seule l'histoire contemporaine présente un réel intérêt. La connaissance de l'histoire antérieure ne résulterait que d'une curiosité intellectuelle toute gratuite.

Citation:
Et surtout, vous écartez l’élément fondamental déjà évoqué dans des messages antérieurs. Hormis le cas des rapts/raids/razzias d’esclavagistes arabes, l’acteur central, préalable, indispensable, souverain, décisif, des traites négrières, c’étaient les esclavagistes noirs africains qui trouvaient que c’était une ressource hyper-rentable.
Ben voyons. Non seulement cela a déjà été évoqué, mais j'ai déjà répondu. Argument inopérant.

Citation:
Il n’y a aucun fondement pour intenter un procès à tel ou tel pays (Mexique, Maroc, …etc) au motif qu’il y a des trafiquants de drogue...
Vous en restez obstinément à la responsabilité alors que je ne cesse de dire que la question de la mémoire n'est pas celle de la responsabilité qui est aujourd'hui éteinte. Si vous refusez de distinguer les deux notions, alors le débat est clos.

Citation:
Non seulement la plupart des gens sur ce forum et ailleurs ne vous ont pas attendu pour réfléchir à la notion de nation.
Je vous trouve bien suffisant. Je ne prétends pas être le premier, mais je prétends aussi que c'est une question qui reste ouverte et qui ne sera jamais fermée.

Citation:
On commémore des valeurs auxquelles on adhère. On les commémore parce que leur proclamation a été une véritable révolution culturelle, politique, sociale, morale et qu’on se reconnaît dans ces événements fondateurs. On les commémore parce qu’on y est attaché, comme quand on fête l’anniversaire d’un être cher ou qu’on va fleurir sa tombe. Ca n’est pas plus compliqué que cela.
Quand on proclame des valeurs mais qu'on en dissimule les violations, on perd sa crédibilité.

Pas compliqué ? L'évènement fondateur du 14 juillet fut la prise d'une forteresse, où était enfermés quelque huit prisonniers détenus sans jugement mais non sans raison dans des conditions plutôt décentes, inexpugnable d'un strict point de vue militaire mais qui se rendit parce que son gouverneur voulut éviter un bain de sang. Cela lui valut d'être massacré, lui et ses hommes, et que sa tête fut promenée au bout d'une pique par une populace en furie qui, accessoirement, démolit à cette occasion un élément du patrimoine architectural. En célébration de cette funeste journée, mon grand-père, issu d'une vieille lignée de la bourgeoisie marseillaise, préparait un aïoli monstre afin d'" empester la Gueuse ". Avait-il tort ? La question de savoir de quel côté était la civilisation n'est pas oiseuse. Non. C'est beaucoup plus compliqué que vous ne le dites.

Citation:
Evoquer encore l’homme blanc, ça situe d’ailleurs la pauvreté de la pensée de l’actuel président de la République qui est infoutu (encore que c’est probablement par pur opportunisme électoraliste en ligne avec les analyses à 2 balles de Terra Nova) de faire la différence entre les différentes notions et les différents faits dont il a été question dans cette discussion. Cela traduit aussi le fait qu’il a parfaitement intégré le mode de pensée raciste de ceux qui ramènent tout à une question de couleur de peau.
Pas de chance, j'ai dit que je prenais la citation à l'envers, citation non de l'actuel mais de l'ancien président qui, dans un discours officiel fameux prononcé à Dakar, parlait de l'homme noir qui n'est pas encore entré dans l'histoire.

Citation:
Je vous invite aussi à creuser un peu plus les notions de responsabilité, de représentativité, de légitimité, et à intégrer les différences abyssales entre les régimes politiques et les structures sociales et culturelles d’aujourd’hui et celles d’il y a 2, 3, 4 ou 5 siècles.
Je vous invite à relire mon message du 12 mai 23 h 21.


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 Sujet du message: Re: Réparation de la traite négrière ?
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 20:12 
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Bonjour les amalgames !

Où ai-je dit qu'il faudrait rendre facultatif l'enseignement de la traite négrière occidentale ?

Mon point de vue, c'est qu'il est absolument indispensable d'enseigner ce qu'a été l'esclavage. Et ne pas se contenter d'une condamnation morale certes indispensable mais incomplète et n'aidant pas les élèves à comprendre. Il faut expliquer d'où vient l'esclavage . Pourquoi il était omniprésent à l'orgine sous diverses formes (la rareté de la force de travail à une époque de faible productivité et de manque de main d'oeuvre, les logiques de prédation). D'abord l'esclavage de proximité, puis le phénomène d'esclavage au long cours.
Et on parlerait de tous les esclavages : aussi bien en Europe qu'en Asie que dans l'Amérique précolombienne, qu'en Afrique.

En expliquant que la singularité européenne/occidentale, ça a été non pas d'être esclavagiste mais au contraire d'être les premiers à être abolitionniste.

Ca ne plaira peut-être pas à certains pour des raisons idéologiques ou nombrilistes, mais c'est un fait historique indéniable. On peut même expliquer que c'est le murissement et la diffusion des idées humanistes qui a conduit à ce mouvement ayant abouti à l'abolitionnisme.

C'est cela la vraie mémoire. La mémoire ce n'est pas d'opposer la subjectivité des uns et des autres. C'est se souvenir et expliquer comment des choses ont pu se produire de la manière la plus objective qui soit. Et je ne vois pas le rapport entre la mémoire et le droit à réparations invoqué par certains qui instrumentalisent la mémoire.



"Mais alors seule l'histoire contemporaine présente un réel intérêt. La connaissance de l'histoire antérieure ne résulterait que d'une curiosité intellectuelle toute gratuite ."

C'est quoi un intérêt réel ? L'intérêt de l'enseignement de l'Histoire, bien réel, c'est de connaître, de comprendre, d'analyser, de savoir comment et pourquoi les individus, les groupes humains organisés, les personnes, les cultures, les organisations collectives, ...etc, fonctionnaient ainsi à tel moment, ont pu faire ceci, ont cherché à éviter cela, ont évolué ainsi, ...etc.

L'intérêt de l'Histoire, ce n'est pas de désigner des héritiers de criminels ou de coupables. Ce n'est pas non plus de monter les descendants des uns contre ceux des autres, en empêchant de faire nation. Car pour faire une nation, il y faut ce que disait Renan : des souvenirs communs, certains oublis, et une volonté de vivre et d'avancer ensemble pour l'avenir.


"Quand on proclame des valeurs mais qu'on en dissimule les violations, on perd sa crédibilité.
Pas compliqué ? L'évènement fondateur du 14 juillet fut la prise d'une forteresse, où était enfermés quelque huit prisonniers détenus sans jugement mais non sans raison dans des conditions plutôt décentes, inexpugnable d'un strict point de vue militaire mais qui se rendit parce que son gouverneur voulut éviter un bain de sang. Cela lui valut d'être massacré, lui et ses hommes, et que sa tête fut promenée au bout d'une pique par une populace en furie qui, accessoirement, démolit à cette occasion un élément du patrimoine architectural. En célébration de cette funeste journée, mon grand-père, issu d'une vieille lignée de la bourgeoisie marseillaise, préparait un aïoli monstre afin d'" empester la Gueuse ". Avait-il tort ? La question de savoir de quel côté était la civilisation n'est pas oiseuse. Non. C'est beaucoup plus compliqué que vous ne le dites."

Qui parle de dissimuler ? Ne pas dissimuler, ce n'est pas non plus ressasser tous les jours les heures les plus noires de notre Histoire et la culpabilité de certains des anciens européens dont on voudrait faire nos seuls ancètres méritant d'être évoqués.
Eh oui, l'Histoire est compliquée, contradictoire. Vous savez qu'on ne fête pas les morts de la Bastille mais le symbole et le déclenchement que cela a permis. On célèbre aussi la nuit du 4 août et la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
Bfref, évitons la dialectique simpliste et caricaturale.


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