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Mais, maintenant qu'il se retrouve sans son allié américain, saura-t-il s'adapter ? Et qui ramassera la mise électorale par la suite ?
S'il manoeuvre comme il faut - être ferme sur les questions de souveraineté, tout en ne fermant pas la porte à l'U.E. -, il sera au pouvoir, sauf accident, pour de nombreuses années.
Il se débrouille, pour l'instant, bien mieux que lorsqu'il était maire de Londres - la plupart de ses sorties étaient alors largement incompréhensibles et plus qu'outrancières.
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En fait, comme en France (et ailleurs dans la plupart des démocraties), les grands partis se retrouvent écartelés entre une base militante très en pointe sur certains points, avec des électeurs qui se partagent en 2 groupes, d'un coté ceux qui seraient plutôt "centristes" et ceux qui sont parfois plus virulents que la base militante. Avant l'irruption des réseaux sociaux, la situation était mieux maîtrisable, il suffisait de tenir le haut de la pyramide pour contrôler un parti. Maintenant, c'est nettement plus complexe.
Je ne suis pas certain que les réseaux sociaux aient une part de responsabilité énorme de ce problème - c'est plutôt la face visible de l'iceberg.
Le problème réside dans l'intégration des territoires des différents pays d'Europe - aux aspects et caractéristiques parfois très différents - à la mondialisation et à la construction européenne (qui vont de paire pour nous, citoyens de l'UE).
Comme nous le savons tous, cette intégration se réalise de manière inégale, produisant des fractures au sein de ces territoires et des populations qui y habitent. Certaines y trouvent un bénéfice certain, d'autres aucun, pire elles se retrouvent déclassées. Demeure un 3ème groupe, de quantité plus restreinte que les deux autres, qui change parfois d'avis au gré du vent.
En France, notre système productif est composé de deux grands ensembles, qui se répartissent inégalement sur le territoire national : la sphère productive (ou de la production), qui produit l'essentiel des richesses du pays et la sphère de la reproduction, dont la principale mission est de redistribuer celles-ci de manière plus ou moins égalitaire. En gros, elle compense les écarts de richesses et de développement, essentiellement sous la houlette des services publics (Etat, régions, départements et intercommunalités).
Sauf que les territoires productifs sont de moins en moins nombreux et de moins en moins productifs et que la sphère de la reproduction ne parvient plus à combler le fossé - essentiellement en raison d'un désengagement progressif de l'Etat, mais aussi parce que des pans entiers de l'industrie ont été abandonnés ces trente dernières années -entre des territoires inégalement affectés par la croissance économique, induite par le processus de mondialisation.
Les population paupérisées, déclassées, incapables de faire face à ce changement de paradigme du fait d'un Etat coupable (car ancien, ce processus a débuté au début des années 1980), sont devenues extrêmement dubitatives, pour ne pas dire franchement hostiles face au comportement des "décideurs" économiques et politiques.
Certains manifestent ce mécontentement extrême (fruit de réels problèmes sociaux et économiques) en ne votant plus, en allant voter pour les extrêmes - puisque les politiques en place, qui se cooptent depuis trente ans, ne changent pas le "logiciel" et aggravent cette crise de société -, voire en se "lâchent" sur les réseaux sociaux.
Ces éléments ne sont qu'une conséquence d'un problème grave qui mine nos sociétés contemporaines, mais non la cause. Il ne faut pas se tromper à ce sujet.
La réponse ne se situe certainement pas en renforçant une vision manichéenne des choses comme les politiques dit du "système" le font actuellement - Macron le premier -, en faisant croire qu'il n'y a aucune autre position possible que celle d'être de son côté, sinon on se retrouve avec le groupe des "excités", des "populistes" et autres "fascistes". Non seulement ces gens là jouent avec le feu, mais en plus ils font croire, faussement, que toute politique différente de la leur ne peut être qu'"extrémiste" et/ou "populiste". Non seulement c'est faux, mais en plus ils participent à l'exacerbation de la radicalisation politique de certains. C'est d'une inconséquence et d'une dangerosité incroyables pour notre démocratie que de procéder de la sorte.
Certains sont étonnés aujourd'hui qu'aux Etats-Unis, il existe des "Trumpistes" aussi nombreux et vindicatifs. Mais que nous poursuivions le travail de sape, entamé en France depuis ces vingt dernières années, et nous obtiendrons le même résultat !
Ce n'est donc pas l'émergence des réseaux sociaux qui est responsable de la montée d'un courant - toujours plus fort, même s'il est divisé politiquement et ne peut donc l'emporter (culturellement une alliance à la grecque est impossible dans notre pays) - à la mondialisation et à l'intégration européenne en France, mais bien les conséquences des politiques économiques et sociales menées ces trente dernières années en France. Dérégulation, libéralisme à outrance, abandon de l'Etat protecteur, fin des projets industriels d'envergure, mort progressive de l'école publique, de l'hôpital public, d'autres services publics, et j'en passe ! Il est là le problème et nulle part ailleurs.
L'époque dont tu parles Léonard - sur la tenue pyramidale des partis - date d'il y a vingt ans, époque dans laquelle nous n'étions pas encore dans cette crise de société. De même, les réseaux sociaux n'existaient pas en 2005 et une majorité d'électeurs en France, aux Pays-Bas et en Irlande, avaient pourtant voté contre le projet de Constitution. D'autre s'unissaient dans des partis et syndicats hostiles à la mondialisation, participant à la théorisation de ces éléments et à leur enracinement dans le champ politique.
Encore une fois le mal est plus profond qu'une simple affaire d'indélicatesse, de manque de contrôle d'individus qui ne votent le plus souvent plus ou encore d'usage des réseaux sociaux ; et si on ne le traite pas comme il se doit, il nous explosera à la figure.
C'est bien pour cela que je salue le choix des Anglais, où la démocratie est toujours en vie - ou du moins elle n'est pas enterrée. En France, le jeu politique actuel et sa médiatisation en hypothèquent de plus en plus les chances de survie.
Personne ne le dit vraiment, mais cette crise de société est désormais devenue politique en France et la cristallisation du "système" autour de Macron en 2017 et celle des "anti-système" autour d'un duo antagoniste Mélanchon-Le Pen, mais surtout la volonté du pouvoir actuel de rejouer ce "match" de 2017 (pour être certain de le gagner - sans se remettre en question et changer de politique) ne dit rien de bon pour l'avenir. Ceci est du déni, tout simplement, ainsi que de la suffisance et du mépris manifestés par l'"élite" à l'encontre de personnes en souffrance.
En démocratie pareille comédie (ou mauvaise farce !) ne peut durer bien longtemps sous peine d'explosion. Les dirigeants anglais ont dû saisir cet élément et ne sont pas revenus sur le choix de leurs citoyennes et citoyens. C'est une marque d'une grande souplesse et de vision d'un avenir défendant les libertés et la souveraineté de la population.
En France, nous n'en prenons malheureusement pas le chemin !