François Hollande a trouvé sur son bureau le projet élaboré sous Sarkozy qui instituait des "conseillers territoriaux" addition des actuels conseils généraux et conseils régionaux.
L'astuce, c'est que dans cette assemblée unique, personne perdait sa place : c'était une condition d'acceptabilité de la réforme. Les conseillers généraux auraient continué à se faire élire dans leur canton, typiquement.
Depuis qu'on a remplacé le cheval par la voiture, une région se parcourt plus vite qu'un préfet à cheval dans son département.
Ce projet que Sarko n'a pas osé faire passer avant les présidentielles a été poubellisé par Hollande, au motif que les Länder c'est BIEN ! (D'ailleurs ça marche très bien en Allemagne...)
D'où ces grandes régions regroupées on se sait sur quels critères. (J'ai déjà raconté que mon fils, lorsqu'il travaillait encore à Chaumont, 75 km d'autoroute au nord de Dijon, riait jaune de savoir sa préfecture régionale... à Strasbourg !)
On a donc raté une occasion de réduire un étage (le département, soyons clairs) du millefeuille administratif, et Nantes n'est toujours pas en Bretagne...
Il est clair que si on colle à l'attachement sentimental des électeurs, on ne réformera jamais rien sérieusement.
Plus amusant encore, les Alsaciens noyés dans la masse ont décidé de créer une structure, un conseil bi-départemental avec le 67 et le 68. mais comme il est interdit de fusionner deux départements, ils sont en train de rajouter un étage au bouzin. (C'est la "solution corse", en somme.)
Une amie universitaire à Belfort (à l'UTBM) me signalait récemment deux choses :
- Dans une structure projet montée avec l'Université de Besançon, dépenser 3 sous est un calvaire, parce qu'un département n'a pas le droit de prendre en charge les dépenses d'un autre département.
- Alors qu'ils cherchent des coopérations sur des projets impliquant Mulhouse (le nord Franche-Comté lorgne vers l'Alsace et Bâle, c'est ce qu'on appelle un territoire) ils en sont dissuadés, et on leur conseille plutôt d'aller les chercher... à Nevers. Mulhouse, voyez-vous, n'est pas dans la même région.
A un moment il faudra arrêter de marcher sur la tête, parce que toutes ces inepties coûtent cher et surtout paralysent des projets pourtant logiques et intéressants.