marc30 a écrit:
marc30 a écrit:
Discours terriblement réaliste(hélas ...) de Junker sur les perils qui nous menacent
http://www.euractiv.fr/section/politiqu ... in-the-eu/Il est vrai que nous ne sommes pas très populaires quand nous défendons l’Europe », a reconnu Jean-Claude Juncker, devant l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui n’est pas une institution européenne. « Nous ne sommes plus respectés dans nos pays quand nous soulignons la nécessité de donner la priorité à l’UE. » « Nous nous retrouverons bientôt avec les ruines d’un idéal ; ceux qui veulent plus d’initiatives nationales aux dépens des principes européens se retrouveront sans défense et l’Union européenne ne sera plus respectée sur la scène internationale », a prévenu Jean-Claude Juncker.
Aucune réaction sur cette auto critique ? Je pense que l'UE doit pourtant réfléchir à son avenir qui passe par un vrai fédéralisme - une fédération qui évite les réglementations tatillonnes et cherche à conduire de vraies grandes choses en harmonie avec les autre démocraties (USA Canada et Japon)
Le retour aux indépendances nationales c'est la fin d'un rêve mais c'est aussi
- la domination américaine (qui conviendra à une partie voire à la majorité des Européens)
- le perturbation russe qui séduira ceux des Européens que les USA énerveront
- l'Europe redevenue le champ de la rivalité russo américaine
Vous me surprenez Marc. Vous tombez dans le même travers que celui que vous releviez pourtant dans un de vos autres messages de ce jour : la pensée idéologique fondée sur le déni des réalités.
Il n'y a pas de fédéralisme possible en Europe, et ce pour de multiples raisons.
1 - On ne fait pas d'omelette avec des œufs durs. Le fait est que la communauté nationale est le seul cadre dans lequel on accepte à peu près de payer le prix pour ses concitoyens.
2 - Personne ne veut de fédéralisme européen, à commencer par ceux qui prétendent le vouloir. Je fais bien sûr référence aux gouvernants allemands dont qui mettent l'étiquette de "fédéralisme européen" sur quelque chose de très différent : l'imposition de normes communes inspirées par l'Allemagne, conformes à ses intérêts et sur lesquelles elle a un droit de véto.
Le fédéralisme ce ne sont pas des normes. C'est concrètement le fait que les Etats riches paient pour les Etats pauvres. Je rappelle que les transferts entre Etats riches et Etats pauvres aux USA sont, en proportion du PIB, 12 à 15 fois plus élevés que ceux qu'ils sont dans l'UE, et ce alors même que les écarts de richesse entre Etats riches et Etats pauvres sont 3 fois plus faibles aux USA que dans l'UE.
On est dans un autre monde et ça n'arrivera pas. Ca n'arrivera jamais. Il m'a fallu un certain temps pour bien mesurer le caractère catégorique et irréfutable de cette affirmation. A 20 ans, j'étais fédéraliste. Depuis, j'ai mûri, observé sans préjugé, réfléchi, analysé, sur les plans historique, économique, socio-politique, ... etc.
C'est fini. Cela n'aura jamais lieu. Le mouvement est inverse. On va vers plus d'individualisme, vers une réduction de ce que les riches acceptent de payer pour les autres. Et ce aussi bien au niveau individuel, national ou infra-national (mouvements de sécession des territoires riches).
Le prix minimum pour faire le fédéralisme serait d'abolir la démocratie, d'établir une tyrannie, et d'effacer les mémoires et les consciences collectives actuelles.
3 - Quant à l'indépendance vis-à-vis des USA que le fédéralisme permettrait, c'est un contresens. Le seul consensus sur lequel la plupart des pays européens sont unis, c'est sur l'objectif de maintenir à tout prix le lien hégémonique qui les lie à Washington.
Les petits et moyens pays ne rêvent pas que l'Europe mène une politique de puissance. Ils veulent être tranquilles, être protégés de leurs grands voisins par leur géant allié lointain.
Regardez donc la carte. On ne peut pas faire de fédéralisme ni d'Europe autonome avec 22 pays sur 28 qui sont des pays nains ayant qui plus est chacun une identité nationale forte.
J'ajoute pour terminer que les USA ont depuis le début voulu l'intégration européenne. Depuis l'OECE dont ils ont exigé la création pour gérer l'aide qu'ils accordaient au titre du plan Marshall. Et ils ont appuyé la mise en place de la CEE : ils n'étaient ni contre ni réservés.
OECE, OTAN, CEE, ... etc, étant donné ce qu'est la carte politique des pays européens (une Europe très morcelée), ce sont les anneaux donnés pour enchaîner les fameux rois du seigneur des anneaux. Et à Washington se trouve bien sûr l'anneau maître : "one ring to bind them all".
Nous n'aurons le début de la possibilité d'une véritable fédération européenne défendant les intérêts de ses citoyens que le jour où les USA lâcheront la grappe de l'Europe et où cette dernière sera alors obligée de se prendre seule en main.
Et comme les stratèges de Washington, qui se fondent sur Mackinder, ont parfaitement compris depuis 70 ans que le jour où ils perdraient le contrôle de l'Europe ils redeviendraient une puissance périphérique (330 millions d'états-uniens séparés du continent monde par 2 océans, 750 millions d'européens en incluant les russes, 1,3 milliard de chinois, presque autant d'indiens, ... Etc), ils ne nous lâcheront la grappe que quand ils feront faillite et quand, comme l'URSS, ils seront obligés de réduire drastiquement leurs dépenses militaires, de fermer leurs bases en Europe, ... etc.
Bref, pas encore tout de suite mais ça peut arriver plus vite que prévu car tout le monde a compris que le dollar n'est que du papier sans valeur, que l'économie US est au bord de l'effondrement avec un niveau de chômage réel proche de celui que ce pays connaissait pendant le pire de la grande dépression.
Pour le moment, cela fait 25 ans que l'Europe n'est plus le champ de la rivalité russo-americaine mais qu'elle est le champ de jeu exclusif des USA qui s'en servent pour essayer d'encercler et d'affaiblir encore plus la Russie.
Pour en revenir à l'Europe, à l'âge de la démocratie, de la liberté individuelle et notamment à l'âge où toutes les relations ne sont plus fondées que sur le libre consentement, c'est un contresens et une erreur tragique de vouloir fonder l'Europe sur la contrainte des normes. Il faut créer le lien politique, la solidarité, avant de songer au cadre normatif.
Paradoxalement, la seule possibilité de faire émerger un jour lointain un sentiment commun européen suffisamment fort pour fonder une union politique fédérale, c'est l'Europe des patries chère aux souverainistes. Et sûrement pas la contrainte de l'empire fédéral des normes sans solidarité, avec des transferts financiers à la fois ridicules et considérés comme déjà trop élevés par ceux qui les financent.