Duc de Raguse a écrit:
Même après un
Brexit effectif, je ne vois pas bien pourquoi l'économie du R.-U. plongerait.
Les banques et compagnies d'assurance anglaises seraient condamnées à ne plus faire d'affaires ? Les britanniques ne produiraient plus rien et ne consommeraient plus rien non plus ?
Il n'y aurait plus aucun échange entre Albion et le continent ? Même Napoléon n'y est pas parvenu lors du blocus...
On ne peut empêcher les populations de faire leur industrie, pour ne pas paraphraser un certain A. Smith.
Bref, tout cela n'est que forfanterie, voire un pseudo-argument à visée propagandiste pour éviter à d'autres d'avoir cette idée.
En fait, cela dépend de pas mal de paramètres. S'il y a un Brexit sans accord, c'est le scénario catastrophe. Plus aucun traités commerciaux ne lient le Royaume-Uni à l'Union Européenne. Du coup, ce sont les règles de l'OMC qui s'appliquent avec mise en place de droits de douanes. Bref, tout ce qui est anglais sera vendu plus cher en Europe. Comme tout ce qui est européen sera vendu plus cher dans le Royaume-Uni. Les salaires restant ce qu'ils sont, les consommateurs achèteront moins. Et cela devrait freiner l'économie. A moins que les anglais ne décident de baisser leurs prix pour que leurs produits restent compétitifs sur le marché européen. Mais là, ce sont les bénéfices des entreprises qui se trouveront directement impactés, avec un risque de voir les actionnaires qui iraient placer ailleurs leur argent.
Les divers économistes qui se sont penchés sur la question prédisent tous un ralentissement "mécanique" de l'économie britannique en cas de hard brexit. La fourchette de l'ampleur de ce ralentissement est variable en fonction des diverses études, mais même les plus favorables au brexit reconnaissent ce risque. C'était la raison principale pour laquelle les députés conservateurs de l'ancien parlement ont voté à plusieurs reprises contre un brexit sans accord.
L'impact d'un brexit avec accord est très variable, car il dépend directement de la teneur des accords. Cela a été d'ailleurs un des points les plus discutés, les anglais prétendant obtenir un accord qui leur garantissait pratiquement les mêmes droits que les pays les plus favorisés que sont la Norvège et la Suisse... Sauf que dans les faits, cela revient à se calquer sur le marché européen sans être décisionnaire. Pour accéder au marché européen, ces 2 pays transcrivent dans leur législation toutes les directives européennes qui touchent au secteurs concernés. Ils sont consultés lors de l'élaboration des directives, mais théoriquement, on ne tient pas compte de leurs avis.
Certains avaient soulevé le paradoxe de sortir de l'UE pour gagner plus de liberté et de se retrouver à devoir appliquer des directives sans avoir participé à leur élaboration... Mais, on est vite passé là-dessus, car il fallait aller de l'avant. Lors des discussions, le RU a obtenu un statut intermédiaire. Pas aussi intéressant que ceux de la Norvège et de la Suisse. Techniquement parlant, même s'il n'en fait plus partie, il reste dans le marché européen... si on arrive à s'entendre sur les droits de douane. Les anglais semblent parier sur une période transitoire le temps de signer rapidement un traité de libre-échange. Coté européen... les lignes semblent plus floues. Les déclarations officielles semblent indiquer que l'objectif est très optimiste. On parle de plusieurs années de discussions. Officieusement, il y a des voix discordantes.
Mais n'oublions pas que l'accord des 27 pays est nécessaire pour la signature d'un traité de libre-échanger. Les diplomates vont devoir aplanir quelques difficultés.