Panzermeister a écrit:
Narduccio a écrit:
Puis, ensuite, il faut gouverner, c'est à dire s'adapter aux réalités.
Je trouve très étrange cette façon de penser : s'adapter à la réalité du pouvoir ?
Cela signifie donc que, quel que puisse être le politicien, une seule réalité dirige ? Laquelle ?
Et dans ce cas, cela veut dire qu'il n'y a pas de moyen de modifier cette réalité ?
Je pense qu'il faut changer de paradigme en politique :
Que voulons nous ? Un monde plus juste en général.
Le monde est-il en train de devenir plus juste, ou est-ce plutôt l'inverse ?
Quel est le début d'une action dans le sens d'un monde plus juste ? Par quoi doit-on commencer, puisqu'il ne paraît pas réaliste de tout faire en même temps ?J'ai dû mal m'exprimer. Je ne parlais pas de la réalité du pouvoir, mais du principe de réalité. Quand vous avez un pays à diriger, il faut faire en sorte que les fonctionnaires soient régulièrement payés, par exemple. Il y a tout un tas d'obligations. Il est facile de tenir certains propos dans des meetings politiques : qu'il y a trop de fonctionnaires ou qu'il sont trop payés, par exemple. Ou, à l'inverse que l'on va imposer nos lois aux créanciers. Ensuite, une fois que l'on est élu, il faut faire fonctionner le pays ... et là, le principe de réalité, on le prend en pleine face. Pour faire baisser la criminalité, il faut plus de policiers dans les rues et plus de juges, puis plus de gardiens de prison. Pour améliorer l'espérance de vie des citoyens, il faut plus de médecins, plus d'infirmières, plus d'aides-soignants dans les hôpitaux publics. Bien entendu, on peut se dire qu'ils n'ont qu'à se débrouiller les citoyens, c'est leur santé après tout. Sauf que l'absentéisme dans les entreprises diminue la productivité, ce qui fait diminuer les rentrées fiscales. Nos sociétés sont devenues si complexes qu'il y a souvent des effets pervers à l'application simple de grands principes. Les responsables politiques le comprennent au fil du temps, au cours de leur apprentissage pour ceux qui ont commencé par des postes subalternes avant d'arriver aux postes de responsabilités.
Le discours médiatique s'est appauvri ces dernières décennies. Les responsables des partis on cru bon d'écouter les chargés de communication qui leurs disaient qu'il fallait des discours simples pour obtenir l'adhésion des gens. Effectivement, les discours simples sont très efficaces pour arriver au pouvoir. Mais, si on les applique, on se rend vite compte qu'on arriverait à gripper totalement la machine complexe de nos sociétés. Donc, il faut les traduire dans les faits en sachant que les militants vont parfois avoir du mal à comprendre pourquoi on ne fait pas simplement ce qui avait été décidé.
Le Leader de la Chambre des Représentants des USA a décidé de démissionner. Il a pris cette décision parce qu'il s'est rendu compte qu'il n'arrivait plus à concilier la vision des militants avec la réalité du pouvoir. Effectivement, s'ils le désirent, les parlementaires américains, majoritairement républicains, peuvent gripper totalement le gouvernement démocrate qui gouverne le pays. L'imbrication entre pouvoir parlementaire et pouvoir gouvernemental étant tel que cela est possible. Les militants reprochent aux parlementaires de ne pas le faire. Les parlementaires ont conscience que s'ils font cela, c'est la vie de millions d'américains qui en sera affectée (dont la vie de leurs militants extrémistes) et qu'ils vont perdre la prochaine élection. La situation est devenue tellement tendue qu'elle n'est plus tenable. Donc, il a présenté sa démission en demandant à chacun de prendre ses responsabilités (et surtout aux quelques parlementaires qui entretiennent la flamme des militants les plus extrémistes). Je trouve que c'est un geste très fort. Certains de nos responsables politiques devraient en prendre exemple. Il est facile de tenir des propos outranciers devant des militants acquis à la cause (quel qu’elle soit), il est plus difficile de faire en sorte que cs propos se transforment en acte de gouvernement ou en lois acceptées par l'ensemble des citoyens.