Kurnos a écrit:
@Narduccio
Accordons nous sur le vocabulaire et les définitions :
- le terme jihadiste regroupe des aspects multiples. Un combattant classique du type mercenaire n’a peut être pas de très grandes spécificités par rapport aux autres combattants.Chaque combattant s’en remet au Dieu de sa confession. Chacun glorifie ses propres morts au combat, toutes religions confondues.
Par contre, pour certains ce qui semble particulier et attractif c’est la notion de jihadiste martyr qui est une constante spécifique séculaire. Dans ce cas précis « trois versets » suffisent amplement, et même pour des raisons d’efficacité il est préférable qu’ils ne connaissent pas tous les autres versets qui prônent le respect de la vie et la paix…. Ce qui les conduirait à les inhiber.
- effectivement, s’agissant d’une connaissance limitée à « trois versets» il est abusif de parler d’un comportement basé sur l’Islam. On pourrait probablement de nos jours déclencher un comportement chrétien extrémiste en se basant sur quelques préceptes qui ont motivé les croisades ou l’inquisition. La différence se situe probablement au niveau de l’évolution de certains préceptes religieux néfastes, abrogés pour les chrétiens, qui ne l’ont pas encore été pour l’Islam.(Martyr, Dhimmi…)
C’est une hypothèse dans la mesure ou il n’existe(?) apparemment pas de nos jours des extrémistes chrétiens qui prônent l’inquisition ou la discrimination sociale avec ceux qui n’ont pas fait acte de foi. Les critères d’accession immédiate au paradis semblent être moins radicaux et indépendants de l’extermination de l’adversaire.
Dans l’état, le comportement suicidaires des combattants qui nous préoccupe, décrits formellement comme martyrs dans le communiqué, est en parfaite adéquation avec les descriptions des batailles des musulmans dans l’histoire : les combattants cherchaient le martyr.(Pour celles que je connais comme par exemple « le pavé des martyrs »)
« la-religion-n-est-pas-le-moteur-du-jihad » selon le le juge Trevidic : oui peut être pour les combats qui ne nécessitent pas un divorce immédiat avec la vie d’ici-bas(selon les termes du communiqué) mais pour les commandos qui nous intéressent il ne m’a pas convaincu. Il y a trop de similitude et d’indices concordants avec les faits historiques.
Dans son métier il n’a pas souvent eu l’occasion d’interroger ceux qui ont vraiment la foi des martyrs glorifiés, ils sont au paradis.
Il n’est pas certain qu’une connaissance religieuse limitée altère la force de la révélation de la foi…. le contraire est peut être plus probable ?
Quand ont a une religion transmise de père en fils, il est aussi possible qu'on la subisse sans foi sans pouvoir s'en libérer.
L'affirmation selon laquelle la religion n'est pas le moteur du djihad repose sur une approche partielle. Elle laisse de côté plusieurs faits pourtant indéniables.
100% des djihadistes étaient des salafistes. C'est juste une question de degré. Tous les salafistes ne tournent pas djihadistes. Mais les djihadistes, décérébrés ou pas, qui ignoraient ou pas la religion musulmane avant de devenir salafistes (fussent des salafistes incultes), ont fait le chemin de la conversion au salafisme puis au djihadisme via le travail de salafistes qui les repèrent, les conseillent, les influencent, leur lavent ou pas le cerveau, et les transforment progressivement en bombes humaines.
Il y a donc des salafistes non djihadistes mais compagnons de route des djihadistes. Il y en a f'autres qui, tout en désapprouvant le terrorisme, partagent les mêmes objectifs.
Dire que la religion n'est pas le moteur du djihadisme/terrorisme islamiste, c'est penser la démarche comme un occidental. Par occidental je veux dire n'importe quel français, quelle que soit son origine et sa croyance religieuse (y compris l'athéisme bien sûr et les différents degrés d'agnosticisme et de scepticisme), qui pense la religion comme séparée des autres enjeux de la vie : politiques, culturels, identitaires, ... etc.
Or précisément, pour les salafistes, cette barrière n'existe pas. Tout est religieux. Le but de la législation c'est de faire triompher leur acception des valeurs religieuses. Le but de la guerre, c'est d'etendre l'aire géographique de domination par leur religion et leurs chefs politico-religieux.
Il est important de connaître le mode de pensée de l'autre pour le comprendre. Sinon on commet des contresens.
Je partage, et partageais avant d'en prendre connaissance, le point de vue d'Alexandre des Valle lorsqu'il explique que l'islamisme est un tout. C'est un mouvement totalitaire qui n'est pas seulement religieux mais qu'il l'est aussi. Le fait que les chefs soient largement mus par des ambitions de type machiavelien n'y change rien. Ce qui compte n'est pas les réelles motivations des chefs mais les motivations affichées qui leur donnent leur légitimité auprès de ceux qui adhèrent à leur projet.
C'est comme de dire que les motivations des chefs politiques qui décidaient de se convertir à telle chapelle protestante au 16ème siècle n'etaient pas principalement religieuse parce qu'ils voulaient renforcer leur pouvoir et leur richesse au détriment d'un clergé en partie incompetent et corrompu. Et de dire que les soudards qui s'enrolaient à leurs côtés ou dans des armées catholiques pour combattre le camp d'en face n'etaient pas principalement religieuses. C'est vrai mais ce n'est pas le problème. Ce qui compte c'est le sens et les résultats de leur action.