marc30 a écrit:
Aigle a écrit:
Très intéressant. Merci Marc. Nous avons le droit de savoir. Nous avons peutre même aussi le devoir de savoir.Ne sous estimons pas aussi l'horreur que de tels gestes peut créer chez les Français musulmans qui sont souvent loin, très loin de se référer à ce discours mystique. Et risquent de subir des représailles matérielles ou morales en étant encore plus mal vus par la majorité des Français post chrétiens. Est ce le but inavoué des terroristes ?
Ne sous estimons pas non plus l'impact électoral : MLP chez nous, Trump outre-Atlantique vont certainement en bénéficier directement.
Oui je remarque que le FN
- n'est pas une cible explicite des islamistes
- est le bénéficiaire électoral des attentats
Je ne dis pas que les islamistes militent explicitement pour le FN mais on peut imaginer trois hypothèses
- ils auraient un certain respect pour le FN qui est parti au positionnement clair - à la différence des médias français qui à leurs yeux sont hypocrites (sous couverte de multiculturalisme seraient islamophobes et pro israéliens )
- ils ont compris que le FN n'est pas un vrai danger car il n'arrivera jamais au pouvoir
- ils n'ont rien contre la montée du FN qui en diabolisant l'Islam et les musulmans va pousser tous les musulmans dans les bras des islamistes
Cette 3ème hypothèse est la plus logique.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire sur un autre fil (dans lequel d'ailleurs notre aparté sur le sujet FN était à la limite du HS puisqu'il s'agissait de l'Amérique), le FN n'a pas eu besoin d'actes de terrorisme islamiste pour prospérer. Les actes terroristes djihadistes ne sont que la cerise sur le gateau qui conforte le discours du FN.
Le terreau favorable au vote FN, c'est d'abord et avant tout le conflit identitaire qui oppose :
- d'une part l'immense majorité des français quelles que soient leurs origines qui adhèrent aux valeurs, à l'identité et à la communauté nationale française (dans la conception française renanienne de la nation),
- et d'autre part la petite mais significative minorité vivant en France et qui, quelle que soit sa nationalité, se vit comme séparée et hostile à la France, aux français, à leurs valeurs et à leur identité et qui, de manière plus ou moins consciente et affirmée, se rattachent à une autre nation d'élection, à savoir l'Oumma.
Le plus grand risque, le vrai danger, ce n'est pas le risque terroriste. Une politique policière et pénale permettront de juguler les crimes djihadistes à moyen terme. La France a déjà fait face au terrorisme rouge (communiste des années 70-80) et au terrorisme noir (anarchiste de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle). Et elle a fini par les vaincre.
La véritable menace vitale, existencielle, c'est celle du conflit identitaire aujourd'hui encore marginal et de très faible intensité qui pourrait s'étendre en ampleur et en intensité. C'est d'ailleurs ce qu'avait aussi indiqué le DGSI lors d'une de ses récentes auditions à la commission de la défense de l'Assemblée nationale. Là, on ne serait plus sur la même échelle et il n'y aurait plus de réponse policière et pénale dans le cadre démocratique tel que nous le connaissons depuis 70 ans. Ce serait une situation de guerre civile, telle qu'en connaissent Israël, la Turquie, et d'autres pays traversés par un tel conflit identitaire.
Le FN obtient donc des résultats électoraux énormes et va continuer d'en obtenir pour ces raisons structurelles là : le sentiment d'être envahi par une culture étrangère hostile et incompatible avec ce que le bloc "autochtone" considère être comme ses valeurs et son identité.
Les résultats du FN ne sont quasiment pas affectés par de simples événements, aussi tragiques soient-ils que des attentats djihadistes.
Il suffit d'observer, pour s'en convaincre ce qui s'est passé lors des élections régionales de décembre 2015 qui ont suivi de quelques semaines les massacres du 13 novembre, on constate que le FN n'a pas profité particulièrement dans les urnes de ces attentats. Ses résultats étaient globalement "dans les cours" de ce qu'annonçaient les sondages d'avant les attentats.
Les attentats ont plutôt profité au parti au pouvoir, le PS, qui a beaucoup limité la casse attendue grâce au phénomène classique de ralliement autour du drapeau, des autorités, et du chef de l'Etat qui incarne symboliquement la nation dans les situations de crise grave.
Et ils sont surtout nui électoralement à la droite modérée qui a été prise en sandwich entre d'une part le président de la république et son parti le PS, incarnant ceux qui sont aux responsabilités, qui gèrent la crise, qui ont en charge la sécurité de la Nation, et d'autre part le FN.
Dire que le FN ne gagnera jamais d'élection présidentielle, c'est s'avancer un peu vite en besogne. On a déjà toute une série d'enquêtes d'opinion qui montrent que, en cas de 2ème tour Le Pen-Hollande, c'est le Pen qui serait élue. Je rappelle d'ailleurs qu'en Autriche, le candidat de centre-gauche n'a été élu que d'un cheveu. Or Van der Bellen, contrairement à Hollande, était quasiment vierge. Il n'était pas un président sortant détesté, décrédibilisé et méprisé par 85% de la population.
Ce scénario est certes improbable mais il n'est pas impossible. Aussi bien si c'est Juppé qui est candidat des LR (Juppé est un très mauvais candidat et qui de surcroit hérisse une partie importante de l'électorat de droite par des positions qui le mettent en porte-à-faux avec cet électorat sur la question précisément de l'identité et de la cohésion nationale, du rapport à l'Islam, à l'Europe, ... etc) que Sarkozy (qui est détesté par beaucoup, qui manque de crédibilité parce qu'il a déjà été président avec l'action et le bilan que l'on sait, et qui devrait faire face à une candidature centriste concurrente).
Là où je suis d'accord avec vous, c'est sur le fait qu'une partie des islamistes veut le conflit. Le Pen présidente, croient-ils, c'est leur meilleure ennemie, l'ennemie selon eux de tous les musulmans. Ils veulent le grand soir, l'affrontement. C'est là leur erreur qui les sépare d'une autre partie des islamistes qui, eux, préfèrent jouer sur le long terme en espérant que l'évolution démographique les renforce, et qui ne sont pas moins dangereux que les premiers parce qu'ils ont compris qu'il ne faut tenter de s'imposer que quand on a les meilleures chances de gagner.