Moujik Looping a écrit:
Si, Taymiyya est "La" référence dans le courant hanbalite. L'islam professé par l'Arabie Saoudite. On ne parle pas d'un schisme d'un schisme…
Tout cela pour dire qu'il est dommage de répéter bêtement ce que l'on entend sur impossibilité de contextualiser le Coran ou sur la "fermeture des portes de l'ijtihad" alors que même parmi le courant le plus rigoriste cela fait des siècles que le contraire a été acté... Les blocages du monde musulman ne réside pas forcément dans l'islam.
J'ai essaie de ne rien répéter bêtement, merci... Je ne parle pas de disputes théologiques sur la manière d’interpréter les textes, comme celles qui ont pu opposer ce penseur à d’autres au XIIIème siècle. Ce type de disputes entre savants existe dans toutes les religions. Dans le cas du christianisme, elles ont pu aboutir à des schismes, à des hérésies, à de simples courants religieux, mais en général, elles n’ont pas remis en cause le fait que les lois de la société devaient se soumettre aux lois de la religion. Concernant l’islam, Ibn Taymiyya ne me semble pas non plus l’avoir remis en cause, et encore moins ceux qui ont récupéré sa doctrine pour en faire une religion d’état.
Dans le cas qui nous occupe il ne s’agit pas d’interpréter les textes mais de renoncer à certaines règles, qu’elles soient d’ailleurs issues des textes ou de la tradition. Renoncer par exemple au fait que les filles aillent à l’école avec le voile. Renoncer à ce que les péchés soient des crimes. Renoncer à ce que la loi donne autorité à l’homme sur la femme. Renoncer à punir le mécréant qui a « insulté le prophète ». Etc. Et je suis convaincu qu’il est difficile pour un croyant de faire certains de ces renoncements, et encore plus de les faire tous.
Je ne fais pas de l’islam un cas particulier, tout au contraire j’ai pris l’exemple de la religion catholique.
Moujik Looping a écrit:
Comme pour les autres religions, dès que le monde change la lecture des textes changera... A l'image du "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" qui a été compris de façon diamétralement opposée à travers le temps...
Je vous laisse justifier votre exemple qui ne coïncide pas totalement avec la révolution réalisée pour le catholicisme : la séparation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel a été longue et douloureuse, et ce n’était encore qu’une petite partie du chemin vers la laïcité, tant que la loi a puni des crimes religieux et a reconnu la prééminence de la religion catholique en France.
Je conteste votre « dès que » : non, justement, pour le catholicisme cela a pris des siècles et des milliers de morts. Vous-mêmes semblez douter de la rapidité du processus puisque vous employez le présent et le futur…
et c’est un processus qui ne ne s'est pas fait « de l’intérieur », par les gens qui interprètent les textes. Cela s'est fait par l’interaction avec la société et en réalité par des combats longs et difficiles menés contre le clergé.
Par exemple, si les tribunaux français ont cessé de supplicier les blasphémateurs et de condamner les protestants, comme ils le faisaient encore à l’époque de Voltaire, ce n’est pas simplement parce que des théologiens ont changé la lecture des textes. C’est le fruit de luttes judiciaires (les procès de Voltaire justement), sociales (la déchristianisation et la diffusion des théories des Lumières, entre autres) et politiques (notamment la Révolution). C’est le résultat de ces luttes qui a obligé à modifier l’interprétation des textes.
Et donc, je ne vois pas de raison pour que ce soit plus facile avec l'islam que ça ne l'a été avec le catholicisme.