Caesar Scipio a écrit:
Le plus scandaleux, c'est tout de même aussi que tous les terroristes de novembre dernier étaient déjà connus et fichés.
Comme l'a dit Cazeneuve, le scandale, c'est que les services de sécurité des autres pays de l'UE (belges notamment, sans parler de la Turquie à qui l'UE verse des aides très importantes au titre de négociations bidons/surréalistes d'adhésion à l'UE et qui fait délibérément open bar pour tous les djihadistes voulant rejoindre la lutte anti-Assad en faveur du salafisme/wahabbisme sunnite), ne nous aient pas donné les infos qu'ils auraient pu nous donner.
Le scandale, c'est aussi que les djihadistes puissent se déplacer à travers les frontières comme des poissons dans l'eau. C'est encore que les plus hautes autorités politiques du pays aient fait jusqu'à ces dernières semaines passer le message que Assad était l'ennemi à abattre. En termes d'incitation au djihadisme à destination de jeunes décérébrés, il est difficile de faire mieux.
Déjà, simplement au niveau français. Maintenant que sortent les documentaires sur les attaques de Charlie Hebdo et de l'Hyper-Cascher on apprend que dans le huis clos d'une salle de conférence du ministère de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a laissé éclater une colère froide pour exiger des directeurs des différents services de la police et de la gendarmerie qu'ils échangent des informations et qu'ils travaillent ensemble. Les informations sur les frères Kouachy et sur Coulibaly ont été assez vites connues des Autorités. Donc, ces autorités ont demandé à leurs subordonnés, puisqu'ils connaissaient ces personnes comme cela avait été possible. Dans les documentaires, quand des hauts responsables de la police, de la gendarmerie, du renseignement y participent, j'ai été frappé par une attitude "c'est pas moi, c'est l'autre' assez générale. Mais, dans la réalité, les services répugnaient à partager les informations et chacun a tendance a essayer de tirer la couverture à soit. C'est le ministre qui a dû trancher pour décider qui du RAID ou du GIGN devait intervenir à Dammartin. Le Raid entendait mener l'assaut à Dammartin (au nom du droit de suite) alors qu'il y avait en même temps la prise d'otage de l'Hyper-caccher qui relevait aussi de sa zone de compétence. Les troupes du Raid qui mènent l'assaut à l'Hyper-Cascher étaient arrivés peu de temps avant de Dammartin. Sans elles, comment se serait déroulé l'affaire de l'Hyper-Cascher ?
Après, effectivement, il y a le niveau européen. Les systèmes informatiques sont différents et l'info ne peut pas circuler. On voit des choses dans certaines séries américaines qui sont du domaine du possible. Il existe des logiciels de reconnaissance de visages, d'empreintes digitales, d'empreintes ADN qui permettraient de comparer toutes ces données entre tous les fichiers des diverses polices européennes ou mondiales et qui devraient permettre de mieux filtrer les frontières de l'Europe. En fait, l'espace Schengen aurait pu être mieux sécurisé en permettant une mise en commun des moyens des différents pays qui le composaient. Or, ces pays ont préféré diminuer les frais en diminuant le nombre de fonctionnaires.
L'idée de Schengen n'est pas absurde, quelqu'un qui traversait l'Europe présentait son passeport à X espaces frontaliers entre les divers pays. Ces contrôles étaient redondants. Mais, si on avait globalisé les moyens en mettant en place un système européen de contrôle des frontières. Avec des fichiers communs, des contrôles identiques, des outils cohérents, on pourrait mieux filtrer les flux à nos frontières et mieux assurer la sécurité des européens.
Mais, ce mélange entre communauté européenne et souveraineté nationale fait que chacun entend rester maître chez lui et donc, chacun entend faire sa partie du boulot à sa manière (bien entendu, à ses yeux, c'est la meilleure) et demande aux autres d'assurer la part qu'il ne veut plus faire. En fait, il aurait fallu aller au bout de Schengen et créer une Autorité Européenne des frontières. Autorité qui aurait eu sous ses ordres les moyens mis à sa disposition par les différents pays. Mais, pour certains pays, c'était là un abandon inamissible de leurs prérogatives nationales. Alors que dans les faits, ils abandonnaient le contrôle d'une partie de leurs frontières en entendant que d'autres fassent le boulot à leur place ... Si on prend le cas de la France, dans la réalité, la France comptait sur l'Allemagne, la Suisse, la Belgique, l'Italie,le Luxembourg, l'Espagne et l'Angleterre pour s'occuper du contrôle des gens qui pouvaient transiter en provenance de ces pays, tandis qu'elle même assurait la sûreté des gens qui entraient dans l'Espace Schengen par des territoire français. Chacun des autres pays faisant de même. Dans les faits, on voit que depuis la mise en place de Schengen, les moyens des services français responsables de ce contrôle n'ont cessé de diminuer ou d'être remis en cause.
C'est cela l'échec. Divers gouvernements ont choisi de mutualiser certains problèmes au niveau européens en espérant faire des économies d'échelle. Or, cela aurait été plus efficace si on avait commencé par mutualiser les moyens, les rendre communautairement efficients et puis on se serait partagé les économies d'échelles une fois que cela aurait été réalisé.
Au fait, le problème n'est pas qu'européen. Aux USA divers rapports montrent que la sûreté aux transport à diminué ces dernières années sur fond de guérilla entre le gouvernement fédéral démocrate et le Parlement républicains. Les seconds reprochant au premier de trop dépenser, tandis que celui-ci rétorque que pour assurer les missions qui lui ont été confiées, il faut des moyens que le second doit lui affecter.