Aigle a écrit:
Cher Châtillon. Je ne suis pas convaincu par votre réponse qui me semble laisser de côté ce qui fait l'essence du catholicisme : la communauté et l'institution.
Communautaires sont les messes, les pélerinages, les adorations eucharistiques, l'action sociale...
Et ces actions communautaires sont organisées par des institutions : paroisses, diocèses, congrégations, mouvements d'action catholique...
En effet, la communauté est essentielle au catholicisme. Mais mon intervention portait moins sur la pluralité des organisations catholiques que sur leur manque d'efficacité. Sur l'exemple fourni par le texte posté par marc30, je ciblais tout particulièrement la difficulté des autorités cléricales à se remettre en question. Bien que neutre dans son propos, Monseigneur Wintzer, semble être dans le regret, mais le regret, tout comme la nostalgie, c'est un péché... Pour un pasteur haut gradé, ce n'est pas ce qui a de plus valorisant...
L'Institution de l’Église a pour mission d'encadrer les chrétiens sur le plan spirituel. Si elle perd ses fidèles, c'est qu'il y a un problème de transmission. Ou peut-être un problème de transmetteur ?! .. entre les prêtres qui ont perdu la foi (et la nostalgie en est le premier signal), ceux qui, faute d'instructions, ne comprennent pas le sens profond des rites qu'ils perpétuent, ceux qui récitent la liturgie sans vraiment se laisser transformer par elle, et ceux, qui abusent de leur figure d'autorité et qui entretiennent l'infantilisation des fidèles par la religion.
Depuis 2000 ans, l’Église détient les clés d'un trésor inestimable mais aujourd'hui, elle semble bien incapable de le faire partager. Nous vivons dans une société qui a soif de Dieu. Les gens ont besoin de se poser des questions et d'inscrire leur vie dans une démarche spirituelle. Faute de verticalité dans l’Église catholique, il n'est pas étonnant, que l'on se tourne vers d'autres spiritualités (Islam, Bouddhisme, mouvement New Age, etc.).
Aigle a écrit:
Quant à la transformation du monde, c'était sans doute le but de Voltaire ou de Marx... pas nécessairement celui du Christ qui ouvre plutôt les portes du salut éternel ... dans un autre monde, celui d'après la mort ...s'il existe ...
Permettez-moi de vous corriger sur l'un des points fondamentaux du christianisme. Le Christ, et les prêtres de l’Église catholique, n'ont jamais cessé de le répéter : Le Royaume des Cieux est déjà là. Maintenant ! Ici ! Il est au-dedans de nous, à l’intérieur de chaque être humain ! (c'est ce qui d'ailleurs oppose le catholicisme au protestantisme, puisque les protestants croient en la prédestination).
Autrement dit, dans le catholicisme, quand on parle de mort et de résurrection, on ne parle pas de la mort physique, mais de la mort morale et spirituelle. Avant de mourir physiquement, le chrétien doit
mourir dans cette vie pour ressusciter. C'est l'un des principes fondamentaux et l'un des enjeux essentiels du christianisme :
la transformation ontologique de l'homme par le Christ rédempteur. Et la particularité du catholicisme, c'est que la messe existe pour accompagner le fidèle dans cette démarche de transformation. Tout le rituel liturgique tourne autour de la rédemption de l'homme par le Christ, et surtout
en lui. C'est le cœur du mystère de l'eucharistie (= rendre grâce à Dieu) et cette eucharistie n'est pas seulement dominicale, elle doit être constante. Le chrétien est appelé à rendre grâce à Dieu et à se donner à lui de façon permanente. C'est une conversion de tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, toutes les secondes.
Penser que le salut est dans un autre monde est une idée hérétique. L'hérésie (du grec haeresis qui veut dire choix) désigne la personne qui juge la Réalité sous deux formes : le bien et le mal ; l'hérétique croit notamment que le monde terrestre a été crée par un Dieu mauvais et qu'il faut mourir et quitter son corps terrestre pour être sauvé.
Le christianisme est tout le contraire puisque le Christ nous appelle dès maintenant à nous laisser transformer par lui et en lui (en devenant lui-même) et d'accepter le monde présent comme la manifestation de Dieu qui est Un.