Caesar Scipio a écrit:
Mais pourquoi blâmer les citoyens du fait que lesdites mesures ne sont jamais prises ?
La responsabilité en incombe de manière écrasante aux responsables politiques qui, au mépris de toute conscience civique et au mépris de l'intérêt général, donnent la priorité à la poursuite de leur carrière et à leur réélection. Ils ont dévoyé le sens de leurs mandats. Un mandat n'est pas un emploi.
La réforme territoriale montre pourtant que les responsabilités sont largement partagées. Depuis ... très longtemps, divers sondages montrent que les français sont exaspérés par le mille-feuille administratif. Mais, particularité française, ils sont très attachés à l'échelon local : les communes. Pourtant, l'exemple de nos voisins (Italie, Suisse, Allemagne, ...) montre que si on veut faire de vrais économies, c'est sur ce levier qu'il faut agir. Dès qu'un responsable politique évoquait la possibilité de regrouper des municipalités dans des agglomérations, c'était la levée des boucliers. Je connait bien l'un des pire exemple : Mulhouse et son agglomération. 13 ou 14 communes qui toutes tirent parti de la ville-centre, mais aussi, pour certaines d'entre elles de la présence d'une usine Peugeot. En 30 ans, il y en a eût des tentatives pour créer une agglomération ou une communauté de communes et toutes ont échouées pas la grâce des petits roitelets que sont les maires et la peur de perdre ce petit peu de pouvoir.
Mais en France, il ne fallait pas toucher aux communes. Alors, on a évoqué plusieurs pistes. Il y a eu des projets pour supprimer les départements, les réunir. Mais, comme les diverses lois d'aménagement du territoire se sont empilées, il y a une telle intrication d'intérêts que dès que l'on touche à quelque chose les boucliers se lèvent car des responsables locaux arrivent à convaincre une partie de leurs administrés qu'avec la réforme ce sont des gens d'ailleurs qui vont prendre les décisions!
Bref, pendant des années la situation empire et tout le monde en est convaincu : il faut s'attaquer au mille-feuille administratif! Les gouvernements Fillon ont essayé à quelques reprises de s'emparer du dossier, avec le même résultat à chaque fois : levée de boucliers. La seule initiative qui a réussi à aller jusqu'au référendum ce fut la proposition d'unir les 2 départements alsaciens en une seule structure. D'accord, les politiques ont fait une première erreur : refuser de diminuer le nombre de conseillers. Ils ont prétendu que le futur Conseil Unique regroupant les prérogatives de 3 assemblées il fallait un nombre équivalent de conseillers pour assurer un bon fonctionnement au Conseil unique. A cette échelle, on se demande comment on arrive à gérer la France entière avec seulement 925 parlementaires s'il faut 150 conseillers pour 1,8 millions d'habitants... Ensuite, on commence à voir de drôles de tractation, tel maire se mobilise pour les 25 employés départementaux qui gèrent telle structure dans leur commune, tel autre s'émeut de la disparition de 10 postes, ... le reste à l'avenant. Sans compter le maire de Colmar qui a compris que sa commune perdrait plusieurs centaines d'emplois directs ou induits... Alors oui, il faut faire des économies d'échelles, mais sans rien changer.
Du coup, alors que 70% des alsaciens étaient pour le conseil unique, l'abstention est si forte que le référendum est un échec. Le message est très bien perçu par Sarkosy et ses ministres : on ne touche plus à rien. Pourtant, le Medef et de nombreux groupes de pression continuent à dénoncer ce mille-feuille qui coûte si cher à la France. Hollande pense pouvoir tirer les marrons du feu tellement de monde clame qu'il faut faire quelque chose que la victoire devrait être facile. Mais voilà, on est en France, dès que l'on annonce que l'on va réformer, et une réforme réclamée à corps et à cris par l'ensemble du pays que tout à coup tout le monde ne désire qu'une chose : on peut toucher à ce que l'on veut sauf .... sa ville, son département, sa région. Donc, le gouvernement bidouille, le Président a promis une réforme et il faut qu'elle puisse être votée. Du coup, les tractations commencent, tel président de région accepte d'être pour la nouvelle loi, mais à la condition que ... Bref, les politiciens de gauche montrent qu'ils ne valent pas mieux que ceux de droite, quant aux électeurs, les sondages montrent qu'ils ne valent pas tellement mieux puisqu'ils semblent vouloir que tout change, mais que rien ne change. En fait, la France a perdu une occasion, si toutes les bonnes volontés convaincues qu'il faut réformer sur ce plan (et le constat est connu et partagé) avaient bien voulu se donner la main par-dessus les clivages politiques ... Mais voilà, ceux qui auraient fait cela auraient passé pour des traîtres aux yeux des militants de leur propre partis et aux yeux de nombreux électeurs. Bref, Hollande a démontré une chose, si on veut pas perdre trop de points dans les sondages, il vaut mieux claironner que l'on réforme et ne faire voter que des lois dont on sait qu'elles ne seront jamais mises en application.